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9 différences entre la dépression et la déprime

Il est assez commun d’être déprimé, ou de penser de quelqu'un qu'il est dépressif. La différence entre déprime et dépression n'est pas toujours claire, et pourtant ces deux termes désignent des réalités bien distinctes. Alors, souffrez-vous de déprime ou de dépression ? Vous trouverez ici des clés pour mieux comprendre ce qui les différencie, ainsi que des éléments concrets pour apprendre à les identifier et à mieux vous protéger.


Et si vous pensez être actuellement en train de faire une dépression ou que l'un de vos proches est sujet à la déprime passagère, n'hésitez pas à réaliser le test suivant qui vous permettra d'être fixé sur votre état de santé mental.

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Rédaction par La Clinique E-Santé

12 min

Publié le February 24, 2023 (modifié le November 15, 2023)

Déprime ou dépression ? 9 différences à connaître

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Qu'est-ce que la déprime ?

La déprime est un processus normal. Être déprimé est l'expression de ce qu'on peut appeler la dépressivité, à savoir la capacité à traverser les épreuves difficiles, qu'elles soient mineures ou majeures, sans s'effondrer complètement. Ainsi, les variations d'humeur, les sensations de tristesse, de vide, de « coup de blues », appartiennent à la capacité dépressive normale de l'humain.
Il s'agit en somme d'un mécanisme de gestion des difficultés psychiques : celles-ci vont surtout s'exprimer par la régulation de l'humeur, qui va baisser. On peut prendre l'image de la cocotte-minute et considérer que la dépressivité est l'une des soupapes de sécurité du psychisme. Cette petite dépression permet de laisser s'échapper la pression afin que l'équilibre se rétablisse.
Il est donc naturel au cours de notre vie de passer par des moments de déprime, et c'est même le signe d'un psychisme sain. Certaines personnalités sont trop fragiles pour être en mesure d'éprouver émotionnellement leurs difficultés.
Aux sources de la déprime, on trouve souvent un ou des événements spécifiques. Il se peut que vous viviez différentes expériences difficiles sans faillir, en « tenant le coup », et qu'un élément mineur vous déstabilise et vous conduise à être déprimé. Dans ce cas, il s'agit d'une fatigue psychique : votre système ne peut plus continuer à fonctionner comme à son habitude, vous n'êtes plus en mesure de tenir, de faire comme si tout allait bien et cela se manifeste concrètement via le coup de déprime ou la déprime passagère.
La gravité objective de l'événement n'est pas non plus à mettre en lien avec la manifestation de la déprime. Le psychisme renvoie à un ensemble de mécanismes complexes permettant de gérer les stimulations psychiques de tout ordre, et ce processus demande parfois à décompresser et se relâcher d'une tension ordinaire.

Quelles sont les différences entre la déprime et la dépression ?

On peut parler d'état dépressif pour désigner un ensemble de signes ou de symptômes qui à un moment donné évoquent la déprime et/ou la dépression sans que l'on puisse se positionner fermement sur la nature de cet état. Alors comment savoir si l’on souffre de déprime ou dépression et apprendre à distinguer les deux ? Voici neuf différences pour vous aider :

  • Différence n°1 : la durée des symptômes
  • Différence n°2 : la fonction de l’état dépressif
  • Différence n°3 : une tristesse inapaisable
  • Différence n°4 : une perte d’intérêt massive
  • Différence n°5 : des symptômes spécifiques
  • Différence n°6 : l’étendue des symptômes dépressifs
  • Différence n°7 : l’autodépréciation
  • Différence n°8 : les effets secondaires
  • Différence n°9 : la peur et les ruminations

Différence n°1 : la durée des symptômes

Pour faire la différence entre déprime ou dépression, la durée est le premier élément à prendre en compte. Coup de cafard, coup de mou, coup de blues... vouloir rester sous sa couette le dimanche à cause d’un « coup de moins bien » mais être de nouveau en forme le lundi : c’est de la déprime passagère. Être déprimé constitue un état temporaire, qui ne dure pas : en effet, la déprime disparaît rapidement et naturellement. Les symptômes ne se maintiennent pas sur la durée, la personne retrouve assez vite son mode de fonctionnement habituel.
Ce n’est pas le cas des symptômes de la dépression, qui vont se caractériser dans la durée. Sortir du lit relève presque de l’impossible : énergie et force ont disparu, tout semble insurmontable. La dépression est une atteinte profonde du fonctionnement qui s'installe durablement. Si l’on devait comparer, la différence entre la dépression post-partum et le baby-blues est assez similaire sur cet aspect temporel.
Pour bien distinguer déprime ou dépression sur la notion de temps, il suffit de se rappeler que les symptômes dépressifs durent depuis au moins quinze jours de façon continue et sont présents toute la journée.
A lire aussi : 16 symptômes de la dépression post-partum qui doivent vous alerter

Différence n°2 : la fonction de l'état dépressif

La deuxième distinction entre dépression et déprime repose sur l’utilité et la fonction de chacune. Être déprimé est une forme de décompression momentanée destinée à maintenir l'équilibre du système psychique. Quant à la dépression c'est une véritable décompensation, au sens où le système trop éprouvé lâche véritablement sans pouvoir revenir de lui-même à la normale.
D'un côté on parle d'un processus habituel dans toute vie psychique et même d'une capacité précieuse permettant de réguler l'activité interne. De l'autre, il est question d'une véritable maladie qui détériore en profondeur le fonctionnement psychique et qui présente des risques sérieux sur le long terme. Il est donc primordial de consulter et d’être accompagné sur le plan psychologique pour éviter toute aggravation.
Une déprime ne doit pas inquiéter : elle fait partie des expériences de vie, elle est saine et normale, notamment lorsque l'on traverse des épreuves émotionnelles un peu plus difficiles ou complexes que d'habitude. Sur ce point, apprendre à mieux gérer vos affects peut vous aider à faire face.

Bon à savoir

Les troubles de l'humeur renvoient en effet à une catégorie de troubles comprenant la dépression (trouble unipolaire) et les troubles bipolaires, appelés aussi maniaco-dépressif. Les événements de vie stressants et/ou douloureux (problèmes professionnels, familiaux, sociaux, deuil...) font partie des causes de la dépression, particulièrement lorsqu'ils s'accumulent jusqu'à épuiser nos ressources psychiques.

Différence n°3 : une tristesse inapaisable

La tristesse envahissante permet également de faire la distinction entre déprime ou dépression. Dans le premier cas, elle est peu ancrée et passagère. Un trouble de l’humeur dépressif est marqué par une tristesse inhabituelle, profonde, sourde qui n’est reliée à rien ou à un vide. En effet, la personne ne sait pas répondre au pourquoi de sa tristesse, elle n'en connaît pas les raisons : il lui est impossible d’expliquer ou de mettre des mots sur cet état qui lui est insupportable à vivre.
De même, il est impossible d’apaiser cette tristesse : tout ce qui était auparavant apprécié ou qui provoquait de l’envie n’a plus d’effet. Rêves, désirs, passions, activités… Tout est en sourdine, les affects ont disparu, plus rien ne fonctionne « normalement » sur le plan émotionnel et la tristesse se maintient et perdure. Pire encore, à l’intérieur de la personne la sensation de vide continue de peser de tout son poids.

Différence n°4 : une perte d'intérêt massive

La perte d’intérêt est une différence supplémentaire pour distinguer déprime ou dépression. Si le fait d'être déprimé amène à manquer d’envie temporairement, dans le cas de la dépression cela se traduit de façon intense : le manque d’envie et de désir se manifeste dans tous les domaines de la vie sans exception.
Il ne s’agit pas seulement de ne pas avoir envie de sortir prendre l’air ou de manquer de motivation pour aller travailler. La dépression va toucher toutes les sphères de la personne dépressive : famille, conjoint, amis, travail, passions, activités…
Sur le plan émotionnel, il peut y avoir manifestation d'une hypersensibilité : la personne dépressive devient sensible à tout, même si elle possède à l’intérieur un profond sentiment de vide, ce qui entraîne parfois de l’irritabilité. Tout étant exacerbé sur le plan émotionnel, cela vient toucher directement qui elle est, sans aucun filtre.
À ce manque d’intérêt s’associent des sentiments d’abandon, d’inutilité et de solitude très intenses qui se voient renforcés par un isolement et une mise en retrait sociale dans certains cas. S’ajoutent également un ensemble de questionnements existentiels : « pourquoi je suis là ? », « à quoi je sers ? ». Cette perte d’intérêt massive, violente et continue n’est donc pas retrouvée dans la déprime.

Différence n°5 : des symptômes spécifiques

Même si des symptômes sont communs à la déprime comme à la dépression, cette dernière est marquée par certaines manifestations en particulier. Être déprimé est un mauvais moment à passer qui se caractérise par une baisse de l'humeur, un sentiment de tristesse et de vide. La déprime est souvent accompagnée d'anxiété, parfois d'irritabilité et fréquemment, de troubles du sommeil.
Ces symptômes sont plus massifs dans la dépression et c’est un véritable dérèglement du corps qui s’opère avec toute une association de signes physiques, psychologiques et fonctionnels qui s’additionnent ensemble : migraines, insomnies, mal de dos, fatigue, difficulté à manger.
Aussi, qu’il s’agisse de la façon de marcher, d’agir et même de parler, tout est au ralenti quand on souffre de dépression, même la voix prend un ton monocorde. Le fait même de s’exprimer est rendu difficile. On parle d'un ralentissement psychomoteur.
Les troubles de la sexualité avec une perte de libido sont aussi fréquents en cas de dépression, allant jusqu'à provoquer des pannes sexuelles.
Pour établir le diagnostic de la dépression, la présence des symptômes doit être supérieure à deux semaines et la personne doit les ressentir la majorité du temps. On peut en dénombrer neuf principaux :

  • L'humeur dépressive (sentiment de tristesse ou de vide) ;
  • La perte d'intérêt ou de plaisir pour les activités habituellement pratiquées et appréciées ;
  • Les changements d'habitudes alimentaires (et notamment perte ou gain de poids significatifs) ;
  • Les troubles du sommeil ;
  • L'agitation ou le ralentissement psychomoteur ;
  • Une fatigue omniprésente (perte d'énergie) ;
  • Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité ;
  • Des troubles cognitifs (difficultés de concentration, indécision) ;
  • Des idées suicidaires.


Un professionnel pourra diagnostiquer la dépression ou l'épisode dépressif caractérisé, si la personne présente au moins cinq de ces symptômes, comprenant nécessairement soit l'humeur dépressive, soit la perte d'intérêt et de plaisir. Par ailleurs, il existe plusieurs formes de dépression : la dépression saisonnière, la dépression amoureuse, la dépression chronique, la dépression souriante...
La sévérité de l'épisode va varier (léger, moyen ou sévère) en fonction du nombre de symptômes de la dépression présents et de leur intensité. Pour sortir de la dépression, soyez vigilant et observez les signes.
A lire aussi : Dépression : Top 15 des effets sur le corps et le cerveau

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Différence n°6 : l'étendue des symptômes

On retrouve ici la question de l'étendue des symptômes, qui distingue déprime et dépression : dans le premier cas la baisse de moral s'accompagne de perturbations de surface qui touchent à l'activité quotidienne (sommeil, irritabilité) alors que la dépression vient détériorer les mécanismes fondamentaux du fonctionnement psychique (estime de soi, cognition).
Être déprimé permet de conserver la plupart des capacités et des aptitudes alors que la dépression fragilise tous les pans de la personnalité. Elle est susceptible de toucher les domaines les plus variés de la personnalité, qu'ils soient affectifs, comportementaux ou cognitifs. Avec la dépression s'opère une atteinte globale du fonctionnement de la personne, qui ne se reconnaît plus, ce qui augmente la douleur morale et le sentiment de perte de contrôle.

Différence n°7 : l'autodépréciation

Être déprimé n’entraîne pas de dévalorisation de soi sur le long terme. C’est à l'inverse le cas dans la dépression, qui en plus de créer des sentiments de honte et de culpabilité va fragiliser, voire détruire, amour-propre et confiance chez la personne.
Souvent mal comprise par l'entourage qui peut y voir l'effet d'un manque de volonté ou de motivation, elle est socialement stigmatisante. L'estime de soi étant atteinte, les personnes souffrant de dépression ont tendance à se reprocher leur état, ce qui ne fait qu'alimenter un cercle vicieux de culpabilité et d'autodépréciation.

Différence n°8 : les effets secondaires

En tant que trouble de l’humeur, la dépression s’accompagne dans certains cas de comorbidités psychiatriques. C’est une différence supplémentaire pour comprendre si l’on est sur une déprime ou une dépression.
Des troubles dysfonctionnels de l’alimentation sont possibles comme la boulimie ou la restriction alimentaire, ainsi que des conduites addictives (dépendance à l’alcool, aux jeux d’argent ou encore au sexe).

Différence n°9 : la peur et les ruminations

À la question « déprime ou dépression ? » on peut parler de dépression lorsqu’un sentiment de peur oppressant est présent. L’anxiété, sous forme d’angoisse profonde et souvent sourde, va marquer l’état dépressif. Un sentiment de peur et parfois même une sensation de catastrophe imminente accaparent la personne : l’angoisse est envahissante, sa présence est permanente
Cela peut engendrer des ruminations et des pensées très négatives voire des idées noires dangereuses, notamment dans le cas d'un trouble dépressif sévère. Rappelons que ce trouble de l’humeur est aussi porteur de risques importants, puisque 30 à 50 % des tentatives de suicide en France surviennent dans le cadre d'une dépression.

La déprime peut-elle se transformer en dépression ?

Oui, une transition progressive de la déprime vers la dépression peut avoir lieu : elle signifie que les capacités de résilience, c'est-à-dire la possibilité de surmonter une épreuve en retrouvant son équilibre psychique, sont épuisées. Dans ce cas, être déprimé ne suffit plus en tant que mécanisme normal de régulation du fonctionnement psychique, l'état dépressif s'aggrave et l'on « tombe » en dépression. Cela peut s’expliquer par d’autres raisons comme des personnalités plus à risque.
En effet, la dépression est traditionnellement considérée comme une souffrance liée à la perte de l'objet d'amour et à l'abandon. Si la personne souffre de failles au niveau de l'amour de soi, ou du narcissisme (le plus souvent liées à des blessures d'enfance), elle aura tendance à se construire en appui sur différentes béquilles affectives comme ses relations aux autres, l'investissement de sa vie professionnelle ou des comportements addictifs. Or ce mode de fonctionnement est particulièrement investi par les personnalités dites « limites ».
Il peut suffire qu'une de ces béquilles cède (rupture, deuil, transition professionnelle...) pour développer une dépression. Abraham affirmait d'ailleurs que les sujets prédisposés à la mélancolie (caractéristique de la dépression sévère) étaient plus souvent porteurs de traits de personnalité obsessionnels et associés à la dépendance affective.
Cependant, les personnes diagnostiquées avec un trouble de la personnalité (comme les personnalités paranoïaque et antisociale ou bordeline par exemple) sont aussi plus sujettes que les autres à la dépression. Le trouble de la personnalité correspond en effet à un mode d'organisation pathologique de la personnalité permettant de lutter contre différentes formes de souffrance psychique. Les personnes qui en sont porteuses sont donc généralement plus fragiles et/ou instables du point de vue psychique et, de ce fait, plus susceptible de décompenser ou de s'effondrer, à travers la dépression.
Si votre déprime se transforme en dépression, vous vous reconnaîtrez alors dans plusieurs des affirmations suivantes :

  • J’ai perdu 5 kilos dans les quinze derniers jours sans aucun lien avec un autre évènement de vie (régime…) ;
  • Depuis au moins quinze jours, tous les jours et toute la journée :
    • Je ressens un sentiment d’épuisement, je suis sans énergie ;
    • Mon sommeil est perturbé, j’ai de grandes difficultés pour dormir (ou je souffre d’hypersomnie) et ma fatigue est plus prononcée le matin que le soir ;
    • Je souffre d’un ralentissement psychomoteur ou d’une nervosité extrême ;
    • J’éprouve des difficultés de concentration ou de mémorisation ;
    • Je me sens inutile, mon estime est en berne, je me questionne sur le sens de la vie ;
    • J’ai des pensées pour la mort en général, pour la mienne ou celle de quelqu’un d’autre.


Si vous sentez que votre déprime s'installe au-delà de quelques jours, il faut réagir vite et consulter un professionnel de santé et/ou un psychologue.

A retenir

On pourrait donc avoir tendance à considérer la déprime comme une sorte de dépression légère. Plusieurs choses les distinguent pourtant, au-delà de l'intensité des symptômes : la durée, le fonctionnement, la perte d’intérêt, la tristesse profonde, les comorbidités, la dévalorisation et la peur notamment.


Si la dépression est un mode de décompensation psychique très courant susceptible de toucher un grand nombre de personnes, il existe un terrain personnel (génétique et psychologique) qui nous expose plus ou moins au risque dépressif, indépendamment des facteurs environnementaux. S'il y a des structurations de personnalité qui y sont moins sujettes que les autres, la dépression est le mode de décompensation psychique le plus courant.


L'accompagnement thérapeutique suffit parfois à surmonter un état dépressif mineur. En cas de dépression réactionnelle avérée, des antidépresseurs peuvent être prescrits et montrent généralement de très bons résultats. Il est important cependant de les combiner à un suivi psychothérapeutique type TCC.


Si vous êtes actuellement en dépression, vous ne devez pas rester seul. N'oubliez pas que vos perceptions de vous-même (mauvaise estime de soi) et vos difficultés (fatigue, incapacité à réaliser certaines tâches ou activités, troubles cognitifs...) sont entièrement dues à la maladie.


Déprime ou dépression ? La première passera seule, mais concernant la seconde vous ne devez pas oublier que votre état n'est que passager : avec un accompagnement adapté, vous retrouverez bientôt un mode de fonctionnement normal, et surtout le plaisir de vivre.

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Photo de Christèle Albaret

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