Suis-je addict ?
Votre consommation prend une place excessive dans votre vie ?
Qu’est-ce qu’une addiction ?
Bonjour Camille, peux-tu définir ce qu’est l’addiction de manière générale ?
Une addiction se met en place lorsque la consommation se fait de façon plus fréquente, qu’elle devient incontrôlée et qu’elle entraîne des répercussions sur la sphère sociale.
Il y a plusieurs types de dépendance, en soi on peut être accro à beaucoup de choses : au tabac, à l'alcool ou à la drogue, mais aussi à des activités de la vie quotidienne. Une personne peut être accro à son travail par exemple, on appelle ça le workaholisme ou à son smartphone, au shopping...
En revanche, consommer des substances psychoactives ou pratiquer pendant plusieurs heures la même activité ne relève pas forcément d’un trouble addictif.
Ce n'est pas toujours simple de se rendre compte qu'on développe une une forme addictive à quelque chose, parce qu'il y a une part de déni qui existe suivant l'addiction.
Par contre quand une personne se rend compte qu'elle consomme une substance ou une activité de manière trop excessive, qu'elle décide d'arrêter sa consommation mais qu'elle n'y arrive pas et qu'il y a un manque, là il y a la présence d'une dépendance.
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Quelle est la différence entre la dépendance et l’addiction ?
La dépendance est définie par un désir impérieux, compulsif, irrépressible de consommer ce produit ou de réaliser ce comportement. Au fur et à mesure, un désinvestissement des activités quotidiennes se produit ainsi qu’un retrait de la vie sociale.
L’addiction, c’est dépendre d’une substance, ou d’une activité, qui a des conséquences néfastes sur la santé, sans réussir à arrêter. La personne addicte est incapable de contrôler sa consommation ou son utilisation, en dépit des retombées négatives. La perte de contrôle engendre différentes tentatives afin de diminuer ou arrêter la consommation. L’addiction est une pathologie reconnue.
Mais sans prise en charge adaptée, ces tentatives aboutissent souvent à des rechutes. À la suite d’une abstinence prolongée suivie d’une rechute, le syndrome addictif peut reprendre place de façon beaucoup plus intense.
Les conduites addictives correspondent à tous les troubles provoqués par des substances psychoactives, ou par une activité, dont l’abus et l’usage nocif vont entraîner des conséquences délétères.
Peut-on parler d’addiction sans dépendance ?
Non, on ne peut pas parler d’addiction sans parler de dépendance. La dépendance c’est une conséquence du syndrome addictif. On parle de dépendance au moment où l’individu est confronté à un manque, au cours duquel va se produire le phénomène de craving.
On va être capable de poser le diagnostic de l’addiction parce qu’il a ce manque-là. La dépendance c’est en fait le syndrome de sevrage au moment où il y a un arrêt de la consommation ou une diminution. Une conduite addictive c’est la consommation excessive de la substance.
Comment diagnostiquer une addiction ?
Pour la diagnostiquer, il existe 11 critères spécifiques qui sont définis et utilisés par le corps médical.
- Un besoin irrépressible de consommer (craving) ;
- Une perte de contrôle quantitative et temporelle (l’usage se transforme en abus) ;
- Un temps consacré à la drogue important ;
- Une tolérance, c'est-à-dire, une accoutumance fortement augmentée ;
- Un syndrome de sevrage à la diminution ou à l’arrêt ;
- Une perte de responsabilité quant à ses obligations ;
- Une utilisation maintenue en dépit des conséquences nocives ;
- Des difficultés relationnelles ou sociales ;
- Des désirs et des efforts pour diminuer ;
- Une diminution des autres activités au profit de la dépendance ;
- Le maintien de la consommation malgré les nuisances physiques et psychologiques.
La personne est diagnostiquée comme accro à une substance si elle présente au moins deux de ces éléments au cours des douze derniers mois.
L’accoutumance à une substance est considérée comme faible entre deux et trois critères. Elle est modérée entre quatre et cinq. Au-delà de six, elle est sévère.
Bon à savoir
Dans sa dernière version, le DSM ne parle plus d’abus ni de dépendance, mais de « trouble lié à l’usage », allant de léger à sévère.
Il s’agit plutôt d’un continuum, de l’usage au trouble, et qui n’est donc pas systématiquement perçu par la personne qui en souffre.
L’Organisation mondiale de la Santé propose-t-elle d’autres critères ?
Concernant la CIM-10 (Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé) de l’OMS, elle propose six critères dont au moins trois doivent être présents au cours de la dernière année :
- Un désir compulsif et intense de consommer ;
- Des difficultés à garder le contrôle de son usage ;
- Un syndrome de sevrage à la diminution ou l’arrêt ;
- Une tolérance grandissante ;
- L’abandon des autres activités procurant du plaisir associé à un temps passé croissant à consommer ;
- La poursuite de la consommation en dépit des conséquences.
Dans ces deux classifications, on remarque bien l’importance que prend la place de la substance (ou de l’activité) : elle surplombe le reste de la vie, sociale notamment. La perte de contrôle ainsi que le craving limitent fortement la possibilité d’arrêter.
À ce jour, ces critères sont valables concernant la toxicomanie et certains comportements addictifs, comme le jeu pathologique et les jeux vidéo.
Quelle méthode permet de reconnaître l'addiction chez une personne ?
La méthode des 5C permet de retenir les manifestations essentielles d'une forme addictive :
- Contrôle : la perte de contrôle est en lien avec le schéma addictif ;
- Consommation : l’envie est impérieuse, il ne peut pas en être autrement, cela envahit tout l’espace mental ;
- Compulsion : la prise ou l’activité est faite de manière compulsive, une force intérieure pousse à l’action pour apaiser une angoisse ;
- Continu : l’usage est poursuivi de façon régulière ;
- Conséquences : la consommation se prolonge en dépit de ce que cela induit pour la personne.
À partir du moment où la compulsion à consommer met la personne en danger, que ce soit sa santé, sa vie ou sa sphère sociale, alors le syndrome addictif est présent.
Quelles sont les trois composantes du trouble addictif ?
Pour qu’elle se mette en place, il faut trois composantes :
- Une personne
- Un produit
- Un milieu
C’est un modèle dit « bio-psycho-social ».
Sur le plan biologique, on retrouve des aspects génétiques et neurobiologiques : le système de récompense, le circuit dopaminergique et les perturbations des neuromédiateurs.
Au niveau social, il y a une influence de l’environnement, de la famille et des pairs.
Enfin, les facteurs psychologiques correspondent à la vulnérabilité de la personne et ses fragilités psychiques.
Ce sont des éléments qui ne se voient pas directement, c'est pourquoi on dit que les addictions ont des faces cachées qui doivent être prises en compte lorsque l'on traite un patient.
Addictions aux substances, comportementales et quotidiennes : de quoi parle-t-on ?
Après nous avoir expliqué ce qu'était une addiction et comment la diagnostiquer, Camille revient sur les différentes formes addictives qui existent, dont certaines sont parfois méconnues.
Quels sont les différents types d'accoutumance qui existent ?
Il existe 3 types d'addictions qui sont liées :
- Aux substances
- Aux comportements
- Aux dépendances quotidiennes
Qu'est-ce que l'addiction aux substances ?
L'assuétude, c'est le fait d'être accro à un produit, à une drogue ou à un médicament.
Concernant les toxicomanies (dépendance aux substances), on retrouve différentes substances psychoactives possibles :
Le tabac et l’alcool, qui sont les plus connus et répandus, leur utilisation normale étant courante et tolérée au quotidien ;
Le cannabis, qu’on a tendance à classer dans la catégorie des « drogues douces » ;
Les drogues dures, comme la cocaïne, qui est un stimulant, mais aussi celles généralement issues de la catégorie des opiacés : morphine, codéine, opium (opiacés naturels), héroïne (opiacé semi-synthétique) ou méthadone (opiacé synthétique) ;
Les dérivés synthétiques comme la MDMA (ou ecstasy en comprimés), l’amphétamine (le speed) ou la méthamphétamine ;
Les médicaments psychoactifs comme les benzodiazépines (contre l’anxiété et les insomnies), les opioïdes (pour diminuer la douleur) et les anesthésiants (kétamine, GHB) ;
Les poppers qui est un liquide entraînant une libération de monoxyde d’azote, et le gaz hilarant, ou protoxyde d’azote. Leur consommation n’est pas reconnue comme addictive, mais pourtant leur utilisation répétée induit les mêmes conséquences néfastes.
Qu'est-ce qu'une addiction comportementale ?
Les dépendances comportementales correspondent à une activité, une pratique dont une personne ne pourra se passer.
Il en existe plusieurs, on les appelle aussi les addictions sans substance. C’est seulement depuis quelques années qu’on les identifie.
Leur mécanique est la même que la toxicomanie : la pratique devient incontrôlable, il est impossible pour la personne de se passer de l’activité. La tension est excessive jusqu’au moment de la pratique, qui apporte alors soulagement et plaisir. L’activité occupe toute la pensée de la personne.
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- La ludomanie, ou le jeu pathologique, qui est une forme addictive aux jeux d’argent, de hasard et aux paris ;
- La cyberdépendance et la dépendance aux jeux vidéo;
- La bigorexie qui est une dépendance à l’activité physique (être accro au sport) ;
- Le workaholisme ou ergomanie, c’est-à-dire une dépendance au travail ;
- Les addictions au sexe ou hypersexualité (être accro au sexe) ;
- La dépendance affective, qui peut être une conséquence du manque affectif ;
- Le comportement addictif à la nourriture, que l’on peut retrouver dans certains troubles du comportement alimentaire (TCA) comme la boulimie et l’hyperphagie boulimique ;
- Les achats compulsifs ou oniomanie.
C'est quoi une addiction quotidienne ?
Les dépendances quotidiennes se cachent partout : dans le sucre, le chocolat ou encore les écrans et les téléphones. Par exemple, il est parfois compliquer de faire un sevrage du sucre lorsque la dépendance est quotidienne.
On ne les considère pas forcément comme étant nocives, la publicité et la société nous encouragent d'ailleurs à les consommer, en valorisant leurs aspects plaisants, voire essentiels, afin d’être « dans la norme ». D’ailleurs, les drogues, sont depuis longtemps glamourisées au cinéma, affichant rarement leurs effets néfastes.
Prendre un café au réveil, puis un après le déjeuner, et deux dans l’après-midi « pour tenir le coup », ça fait partie des habitudes d’un grand nombre de personnes.
Boire du café est commun, néanmoins la caféine est reconnue comme substance psychoactive pouvant induire un trouble addictif. On peut être accro au café, ça fait partie des formes addictes du quotidien les plus courantes.
De même, fêter un événement en buvant un verre d’alcool entre collègues le midi, partager un apéro chaque soir en rentrant du travail pour « couper » puis enchaîner les cocktails le weekend : ces attitudes sont tolérées et encouragées sur le plan social, afin de créer du lien plus facilement et de faire partie d’un groupe.
Pourtant au-delà de dix verres par semaine, on considère la consommation comme étant à risque.
En fait, que ce soit de l'abus ou dans le cadre d'un usage quotidien, c’est avant tout dans la notion de « bascule » qu’il est intéressant de se questionner : des conséquences se produisent-elles sur la santé, l’entourage ou le travail ?
Vous vous questionnez sur votre usage ? N’hésitez pas à réaliser le test « Quel type d’addict êtes-vous ? » si vous pensez souffrir de votre consommation.
Quelles sont les drogues qui rendent accro plus vite et plus fort ?
Certaines substances vont provoquer une assuétude de façon extrêmement rapide : elles sont extrêmement puissantes à ce niveau-là.
Comme la cocaïne par exemple, où on dit généralement « qu’il suffit d’une fois pour tomber dedans ». C’est un cliché évidemment, mais c’est bien plus vrai avec ce type de substance qu’avec la cigarette ou le cannabis.
Le potentiel addictif du produit (ou de l’activité), en lien avec l’intensité de son interaction sur le cerveau, induit des conséquences sur la vitesse d’installation de l’accoutumance.
La dépendance varie donc selon le produit : héroïne, tabac et se font en quelques semaines, tandis que ce sera plus long pour l’alcool.
Concernant le jeu vidéo, c’est lorsqu’il est pratiqué en réseau qu’il se révèle le plus addictogène, notamment dans le cas des jeux de rôle multijoueurs.
Suis-je addict ?
Vous vous questionnez sur votre consommation de tabac, de cannabis ou d'autres substances ?
Quels sont les symptômes de l’addiction ?
Les signes addictifs surviennent de façon plus ou moins intense en fonction de la gravité de sa forme et donc, des conséquences qu’elle aura sur la vie sociale et professionnelle de la personne.
Dès lors que l'on devient addict, on retrouve plusieurs symptômes :
- La tolérance : qui est le fait de s’habituer à la substance ou à l’usage comportemental et qui oblige à augmenter la consommation pour obtenir le même effet.
- Le côté comportement compulsif avec une perte de contrôle progressive.
- Une incapacité à arrêter ou à diminuer les comportements ;
- Un craving: c’est une envie impérieuse de consommer, bien que cette envie soit reconnue comme inadaptée. Il est impossible pour la personne qui en souffre de la minimiser ou de la faire disparaître. C'est là qu'on va vraiment parler de dépendance.
La consommation induit d’ailleurs une adaptation graduelle du cerveau qui amène à une augmentation de la tolérance et à une accoutumance.
Au fil du temps l’effet s’atténue et il est indispensable de multiplier la quantité pour obtenir le résultat recherché.
Existe-t-il des signes précurseurs de l’addiction ?
Oui. L’addiction est insidieuse, et avant même qu’elle ne s’installe véritablement, des signes d’appels cliniques peuvent être constatés au quotidien :
- Un changement d’apparence ;
- Des difficultés pour échanger ;
- Un absentéisme au travail ou à l’école ;
- Un désintérêt pour des activités appréciées auparavant ;
- Des problèmes de concentration ;
- Des troubles de la mémoire ;
- Une prise de poids ou un amaigrissement ;
- Des difficultés à dormir ;
- Une humeur fluctuante ;
- Des douleurs (céphalées, maux de tête…) ;
- Des dettes, des soucis financiers ; Une mise en retrait.
Prenez le contrôle de votre vie en vous libérant de cette emprise néfaste !
Notre fiche vous offre une approche bienveillante pour vous aider à surmonter votre dépendance. Ne laissez plus l'addiction dicter votre destin.
Quelles sont les causes d'un comportement addictif ?
Après nous avoir expliqué ce qu'est une conduite addictive, Camille revient sur les origines de ce phénomène et nous expliquent en détail les différentes causes d'une accoutumance.
Est-ce que les gènes peuvent être en cause ?
Tout à fait. La vulnérabilité génétique fait partie des causes permettant d'expliquer le développement d'une conduite addictive.
Si chacun ne réagit pas de la même façon face aux drogues, cela s’explique notamment par une variabilité génétique.
En fait, nos fonctionnements et nos comportements sont régis par des neurotransmetteurs. Leur niveau d’activité peut fluctuer d’une personne à l’autre et encourager une vulnérabilité à l’addiction.
Dans ce cas on retrouve des perturbations sur plusieurs systèmes : dopaminergique (qui intervient dans le circuit cérébral de la récompense), sérotoninergique (qui attrait à l’humeur) et cannabinoïde (qui favorise un fonctionnement homéostatique normal).
Ces différences neurobiologiques sont en lien avec des facteurs génétiques (allèles spécifiques) qui influencent le métabolisme des drogues et les neurotransmissions dans le circuit de la récompense. Par exemple, la tolérance au produit pourra être plus élevée chez certaines personnes.
Les personnes impulsives ont-elles plus de risques de devenir accro ?
Oui et ça c'est dû à la variabilité génétique dont on a parlé, qui va entraîner des conséquences sur les comportements de l’individu.
Les compulsions sont alors plus fréquentes. Les personnalités ayant des traits de caractère impulsifs sont moins à même de contrôler leurs actes.
Chez ces profils s’associe généralement la recherche de sensations fortes et d’excès, que ce soit pour se tester ou à l’inverse, calmer ses impulsions.
Quels sont les autres facteurs à l'origine d'une dépendance ?
Il y en a beaucoup. \
La dévalorisation de soi, l’humeur et la personnalité vont jouer un rôle important dans la mise en place du noyau addictif.
Une estime de soi faible, une confiance en soi abimée, des tendances anxieuses ou dépressives, des traits introvertis ou encore des difficultés à faire face à ses problèmes : tous ces éléments renforcent le risque de souffrir d’un trouble addictif.
Les chocs émotionnels aussi et les traumas de vie (décès dont il faut faire le deuil, séparation, déménagement, accident…) peuvent favoriser la survenue d’un comportement addictif.
Évoluer dans un environnement familial perturbé ou toxique, devoir faire face à des événements difficiles à supporter au quotidien (carences affectives, violences psychologiques, abus sexuels, maltraitance physique) ou encore affronter des problématiques économiques et sociales, augmente le risque de comportements addictifs.
Les troubles psychiques font également partie des causes des conduites addictives. On y retrouve notamment : Le trouble anxieux, Les troubles de l’humeur (la dépression et le trouble bipolaire, Le trouble obsessionnel compulsif (TOC), Les troubles du comportement alimentaire (TCA), Les troubles de la personnalité, Le trouble du déficit de l’attention.
Faciliter l'accès à des produits est-il un risque de développer une accoutumance ?
Oui, c’est certain. Le risque de dépendance, et donc de devenir accro, augmente par exemple lorsque la personne a grandi dans un environnement familial dans lequel il y a une consommation importante de substance et où le produit est facilement à disposition.
Par exemple, il y a un lien entre le fait de développer une accoutumance au cannabis et d’avoir eu un entourage fumeur au moment de l’adolescence.
Concernant les conduites addictives d'ordre comportemental en ligne, se connecter depuis un ordinateur ou un téléphone permet d’y accéder vite et simplement : l’activité est à portée de main.
Est-ce que consommer plusieurs produits psychoactifs favorise l’addiction ?
Oui. La polyconsommation, c’est-à-dire le fait de consommer plusieurs produits en même temps ou de façons successives, augmente le risque et la rapidité de souffrir d’une addiction.
La multiplicité des consommations aggrave considérablement les conséquences sanitaires et sociales ainsi que la difficulté à se sevrer.
Comment une addiction se développe ?
À partir du moment où il y a une souffrance chronique, un isolation, un repli sur soi ; où il n’y a pas de support d’expression ni soutien social, alors il y a un risque de tomber dans une forme addictive.
On est au-delà même du profil « psychologique », on est vraiment dans ce qu’on appelle les facteurs environnementaux du soutien social : est-ce qu’il est riche et encadrant ? Ou au contraire, est-ce qu’il relève de l’isolation ? Est-ce qu’il y a une structure professionnelle, est-ce qu’il y a un cadre qui structure les journées ou pas du tout ? Ce sont ces facteurs qui rentrent en ligne de compte.
Dans le cas d'un deuil par exemple, d'un traumatisme, les comportements addictifs vont relever d'une stratégie totalement inconsciente, qui va permettre à la personne qui a vécu le choc, d’oublier ou de faire face à certains affects.
L’activation neurochimique que provoque la drogue (sous forme de produit ou de comportement) engendre un plaisir immédiat, qui apporte une forme d’apaisement et fait taire les émotions négatives ressenties.
La progression de la dépendance peut se faire de façon très insidieuse, voire secrètement. Tant que ces éléments ne sautent pas aux yeux, il est parfois difficile pour l’entourage de s’en rendre compte et d’en prendre conscience.
Est-ce que certaines maladies augmentent aussi ce risque ?
Oui, il existe plusieurs maladies qui sont souvent associées à ce trouble addictif :
- les dépressions,
- les troubles anxieux,
- les décompensations psychotiques et les tentatives de suicide.
- Tous les troubles psychiatriques, la schizophrénie bien évidemment, la paranoïa et tous les troubles du champ de la psychose.
Souvent d’ailleurs on ne sait même pas si c’est la psychose qui déclenche l’addiction ou si c’est cette dernière qui joue un rôle dans le déclenchement de la psychose, mais en général c’est un facteur de risque supplémentaire, les deux sont en corrélation.
Quand peut-on parler d’addiction chez une personne ?
On emploie ce terme lorsque l’usage, qui était au départ occasionnel, devient abusif et engendre des conséquences négatives sur la personne, son entourage et sa vie en général.
L’envahissement des comportements addictifs impacte la personne à plusieurs niveaux. La drogue occupe tout l’espace psychique de la personne, elle prend toute la place au quotidien.
La seule préoccupation est de tout faire pour réussir à consommer : obtenir une quantité plus conséquente pour trouver le soulagement et l’apaisement tant convoités.
Est-ce que tout le monde peut devenir addict à quelque chose ?
Non, tout le monde ne devient pas forcément addict à quelque chose. Il y a des prédispositions que certaines personnes ont et d'autres non.
Face à un produit ou à un comportement addictogène, chaque personne va réagir différemment. Par exemple, certaines personnes vont rapidement développer une dépendance au tabac tandis que d'autres n'en auront pas et pour ces derniers, il sera plus facile d'arrêter de fumer.
Les causes de l’addiction sont la résultante entre plusieurs caractéristiques individuelles et facteurs environnementaux, elles sont multifactorielles, il y a un aspect génétique.
Au niveau neurobiologique il y a le circuit de la récompense, mais il peut y avoir une dérégulation, ce qui fait qu’il y aurait un risque plus accru chez certaines personnes de glisser dans un trouble addictif.
On a des personnes qui consomment et qui ne tomberont pas dans la toxicomanie alors que d’autres vont y tomber.
Ce n’est pas la consommation en elle-même qui est problématique, ce sont tous ces acteurs autour qui sont intrapersonnels (c’est-à-dire la personnalité du sujet, ses troubles psychiques, etc.) et interpersonnels (le soutien social, l’environnement, etc.).
Existe-il des profils plus à risque de développer une dépendance ?
Oui, les adolescents, le personnalités avec des traits de caractères spécifiques, les individus en souffrance ... certaines pathologies aussi prédisposent une personne à développer une addiction comme on a pu le voir un petit peu plus tôt dans l'interview.
La racine addictive n’est pas uniquement liée à la consommation et au produit.
Tout le monde, à un moment donné de sa vie, peut être concerné par l’usage d’une substance ou d’une activité à répétition, sans forcément tomber dans le schéma addictif. Pourtant, il existe des profils plus à risque.
Pourquoi les adolescents peuvent développer une dépendance ?
Toute cette période qui est l’adolescence, sans distinction de genre, c’est une des périodes les plus à risque, parce qu’il y a un rapport de l’adolescent à la mort qui est très particulier.
Il va tester ses limites, il va être dans une quête identitaire et il va être dans des comportements à risque, qui, en général, sont en lien avec une consommation ou des comportements dangereux, (comme la conduite) : c’est une quête d’adrénaline pour tester les limites.
Quand il y a, en plus, dans l’environnement, un accès « facile » à la substance, ça va favoriser le glissement vers l’addiction.
Débuter une consommation très précoce, c’est-à-dire au début de l’adolescence, augmente fortement le risque de voir émerger une dépendance à l’âge adulte.
C’est le cas avec l’alcoolisme par exemple : commencer à boire en étant très jeune, chez les garçons, multiplie par dix l’alcoolodépendance dont ils pourraient souffrir par la suite et il serait alors difficile, pour eux, d'arrêter de boire ou de savoir comment diminuer l'alcool sans être accompagné et entouré.
La période entre l’âge de 15 et 25 ans reste la plus fertile à l’éclosion du trouble.
Pourquoi les personnalités aux traits de caractères spécifiques peuvent-elles devenir dépendantes ?
Parce que certains traits de personnalité impliquent des difficultés à pouvoir se contrôler.
Les personnalités dites impulsives par exemple, qui vont avoir tendance à très mal supporter tout ce qui est frustration et tout ce qui est insatisfaction, ont une propension plus grande à tomber dans une consommation ou un comportement addictif.
Lorsque les personnes ont des niveaux bas de contrôle de soi, cela implique des altérations des zones cérébrales qui gèrent l’inhibition. Elles vont éprouver des difficultés à réguler leurs émotions et souffrir d’impulsivité, et seront plus à même de développer des troubles addictifs.
On retrouve certains traits spécifiques dans les personnalités « addictes » :
- Elles souffrent de tension psychique et sont vulnérables à l’ennui et l’angoisse ;
- Il existe un attrait considérable pour la nouveauté et les sensations fortes ;
- Elles éprouvent de l’instabilité et des difficultés à avoir une image réaliste et positive d’elles-mêmes ;
- Une dépendance aux autres est possible, conséquence d’un attachement évitant ou insécure.
Est-ce que toutes les personnes en souffrance sont sujettes à la dépendance ?
Oui, même si, comme on l’a vu, cela repose aussi sur d’autres critères. Toutes les personnes en proie à des affections, diagnostiquées ou pas, et éprouvant une souffrance émotionnelle, sont plus à risque.
Être accro aux médicaments, aux antidouleurs et aux anxiolytiques existe : elle peut concerner les individus avec des troubles anxieux généralisés, mais aussi des profils dépressifs.
Mais par exemple, s’il n’est pas encadré, le fait de se prescrire à soi-même un produit pour en obtenir les effets tranquillisants, antidépresseurs ou hypnotiques, augmente le risque de devenir dépendant et de sombrer dans cet envie de consommer régulièrement et de façon excessive.
Cette automédication survient la plupart du temps en solitaire et a tendance à se répéter, notamment si les causes profondes ne sont pas traitées.
Quelles sont les conséquences d'un trouble addictif ?
Les répercussions physiologiques et psychologiques sont propres à chaque substance ou activité.
Les conséquences physiques d’un produit psychoactif ne seront pas les mêmes qu’une addiction aux jeux d’argent par exemple. Généralement, les effets se font ressentir sur l’humeur, les perceptions et le comportement de la personne.
- Des troubles neurologiques sérieux sont possibles à cause de certaines drogues de synthèse notamment.
- Des difficultés cognitives s’aggravent au fil du temps (troubles de la mémoire, de la concentration, de l’attention).
- Une modification des traits de personnalité (impulsivité) et des troubles de l’humeur (anxiété, dépression…) apparaîssent.
- Un retrait de la vie en société : les personnes droguées ou accro se replient souvent sur elles-mêmes.
Les retombées d'un trouble addictif sont aussi médicales. Sur le plan somatique, les complications sont en lien avec la substance consommée :
Pour le tabac et le cannabis par exemple, la dépendance multiplie le risque de cancers et de maladies cardiovasculaires.
Concernant l'alcool, ce sont des troubles cognitifs et un risque de tumeurs qui sont fréquents.
Enfin, concernant les drogues injectables, il y a un risque de contamination du VIH ou des hépatites B et C.
Est-ce que l’addiction provoque toujours une forme de retrait social ?
Une forme addictive est présente lorsque plus rien d’autre ne compte autant qu’elle : la famille est délaissée, les activités sont abandonnées et la personne elle-même ignore les conséquences sur son corps et son mental.
Le fait de se réfugier dans sa dépendance, au détriment du reste, symbolise aussi qu'une personne est addicte. La drogue vient tout remplacer : l’entourage, les activités, soi-même…
L’équilibre émotionnel est perturbé. Sur le plan social et affectif, les répercussions peuvent relever de de la déscolarisation, de la mise à l’écart, du licenciement, de la séparation, de difficultés financières…
Le coût de la drogue, minime pour certaines comme l’alcool, peut provoquer bien des incidences. En effet, les produits illicites sont chers et se procurer de quoi consommer amène dans certains cas à des activités criminelles.
Le fait d’avoir à affronter les forces de l’ordre ou de la justice est alors considérable. Pourtant, c’est à cela que peut amener l’addiction.
Plus le trouble grandit, plus la détresse est considérable et plus le cercle vicieux se maintient, car la personne adicte amplifie sa consommation pour s’apaiser.
Mais ce qui ressort de cet engrenage c’est principalement la douleur qui émerge : souffrance d’avoir perdu sa liberté, souffrance de voir son entourage impacté, souffrance de subir les conséquences parfois extrêmement délétères, et surtout souffrance de ne pas réussir à sortir de la maladie.
Quels rôles joue le cerveau dans un comportement addictif ?
Dans l'addiction, le cerveau répond à une pratique qui s'articule en 3 phases :
- Phase n°1 : La recherche du plaisir par la consommation
- Phase n°2 : L’apaisement de l’émotion négative et la perte de contrôle
- Phase n°3 : Le cerveau récompense et renforce les comportements.
Comment fonctionne le circuit cérébral de la récompense sous dépendance ?
La dépendance est un trouble neurologique qui affecte le système de récompense présent dans le cerveau. Ce système conforte les comportements essentiels à la survie comme le fait de manger : il va rendre cette activité plaisante et mémorable, ce qui intensifie l’envie de la reproduire à nouveau en cas de faim.
Les drogues induisent une activation directe du circuit cérébral de récompense, qui est lui-même impliqué dans le renforcement du comportement et des souvenirs. Cette dynamisation est si forte que les activités habituelles vont être mises de côté.
Ce système n’est pas adaptatif, mais engendre un abus, pour faire fonctionner le processus de la récompense cérébrale.
Les substances détournent ce système et les besoins naturels se transforment en besoin de drogues.
Quel est le lien entre la dopamine et la consommation de drogues ?
Les neurones dans le cerveau communiquent grâce à des neurotransmetteurs, ce sont en quelque sorte des messagers chimiques qui viennent se fixer sur des récepteurs.
Réaliser des activités agréables génère la production de dopamine. Elle s’associe à des récepteurs dopaminergiques qui stimulent certains neurones, ce qui provoque des effets gratifiants et des sentiments de plaisir et de bien-être.
Les drogues augmentent les niveaux de dopamine présents dans le circuit de la récompense. Certaines substances comme l’alcool, l’héroïne ou la nicotine « excitent » même les producteurs dopaminergiques pour obtenir plus de potentiel d’action.
Les différentes drogues agissent de plusieurs façons, mais dans tous les cas la dopamine vient s’accumuler dans une quantité plus importante que la normale.
En conséquence, cela provoque une stimulation continue des récepteurs, responsable de l’euphorie par exemple.
En répétant le schéma de consommation, le cerveau se conditionne et anticipe alors progressivement la substance en libérant de la dopamine pour recevoir la « récompense » et éprouver du plaisir.
Pourquoi une personne droguée augmente sa consommation ?
L'addiction passe par l'envie de sortir d’un état émotionnel ressenti de façon négative. À force d’être exposé à des niveaux élevés de dopamine par la prise répétée de substance, le système de récompense est désensibilisé et le produit (ou l’activité) devient la seule chose gratifiante pour lui.
La drogue elle-même ne génère plus l’effet de compensation recherché, il y a une perte de plaisir et des doses plus importantes sont nécessaires pour obtenir l’effet souhaité.
En effet le taux de dopamine libéré diminue à chaque nouvelle consommation, le circuit de la récompense étant de moins en moins sensible, faisant augmenter la tolérance.
D’autres modifications chimiques, toujours en lien avec la dopamine, rendent la personne plus stressée et dysphorique. La quantité (ou la durée) doit être alors plus conséquente pour apporter récompense et soulagement.
Le plaisir n’est plus la priorité : il s’agit avant tout de calmer les émotions négatives (anxiété, irritabilité) ressenties. En parallèle, la plasticité cérébrale diminue et les neurones ont du mal à intégrer de nouvelles informations pour se réorganiser.
A quel moment la perte de contrôle se fait ressentir ?
Les circuits de récompense et des émotions sont totalement perturbés au point que certaines aptitudes en sont impactées : autorégulation, capacité à résister, prise de décision...
Le craving, qui symbolise la perte de contrôle, justifie cet effet involontaire auquel sont en proie les personnes addictes : cela dépasse leur intention, quand bien même leur désir d’arrêter est sincère.
Trois autres circuits sont pénalisés par le trouble addictif: celui de la mémoire et de l’apprentissage, celui du contrôle (qui consiste à avoir des réponses socialement adaptées ou pas, comme dans le cas de l’impulsivité) et celui de la motivation.
La désynchronisation de ces circuits les fait fonctionner indépendamment les uns des autres.
L’addiction correspond à cette désynchronisation cérébrale : c’est la recherche d’une récompense immédiate qui a été apprise et va apporter du plaisir, mais sans la motivation ni les contrôles adjacents nécessaires.
Comment les émotions participent-elles à la dépendance ?
Les émotions sont au centre des mécaniques addictives, qu'elles soient positives ou négatives. Se remettre d’une déception amoureuse, se sentir moins stressé.e ou prendre du plaisir : c’est généralement pour affronter ou dépasser une émotion que le produit (ou l’activité) est consommé.
Les émotions vont jouer un rôle dans ce qu’on appelle le renforcement positif et le renforcement négatif. Lorsque la consommation des débuts n’est pas encore de type « addiction », on a cette recherche de plaisir, qui est, en général, trouvée.
Puis cette « descente » derrière, qui crée un manque et vient renforcer négativement le sujet, pour le mettre dans une dynamique de recherche de plaisir à nouveau.
Donc ça vient déjà déréguler le circuit de la récompense. Mais, effectivement, il y a un rôle majeur des émotions dans le glissement vers une conduite addictive, en plus de tout ce qui est neurobiologique, facteurs environnementaux et ce qui est en lien avec la personnalité du sujet : antécédents familiaux, génétique, troubles psychologiques.
Bon à savoir
La dépendance relève plus de l’organique, du biologique et du chimique. Les émotions sont là en priorité sur le phénomène addictif : lorsque vous glissez vers un terrain de toxicomanie pour la première fois, par exemple, sur la façon dont on passe d’un usage récréatif à problématique.
Assouvir une envie, répondre à un désir, éprouver du plaisir : quel que soit le moyen employé, cigarettes, nourriture, jeu ou encore cannabis, le but est d’obtenir de la satisfaction.
Mais lorsque l’équilibre émotionnel est bouleversé, cela peut engendrer des conduites à risque menant jusqu’à un état addict.
L'addiction peut-elle être la résultante d'une mauvaise gestion des émotions ?
C’est possible, oui. L’émotion possède un caractère adaptatif grâce auquel elle fait part d’un besoin primaire à l’individu.
Mais lorsqu’elle perd ses effets, elle devient une source de souffrance et de détresse pathologique. Le fait de rencontrer des difficultés à éprouver ses émotions relève d’un dysfonctionnement.
Un déficit de la régulation émotionnelle peut participer à la mise en place d’un trouble addictif.
Avoir du mal à reconnaître et exprimer ses émotions (alexithymie) majore les risques addictifs. Il existe un lien fort entre la compulsion et les émotions. Disposer d’une intelligence émotionnelle moins développée renforce aussi les états impulsifs.
La difficulté à gérer ses émotions constitue un facteur de risque, potentiellement déclencheur, tout autant élément de maintien dans le trouble addictif.
Pour affronter cela, la personne addicte emploie des stratégies, certes délétères, afin de vivre cette souffrance de façon moins intense. La substance, ou l’activité, permet alors d’éviter la détresse émotionnelle en la fuyant, en la diminuant ou en y résistant.
Pourtant, même si la substance ou le comportement permettent de faire face ou d’éliminer les affects, ils ne résolvent ni le cœur du problème ni la cause profonde.
La thérapie, en étudiant notamment la façon dont les personnes vivent, reconnaissent et régulent leurs émotions, aide à trouver en soi les ressources psychologiques pour apprendre à les gérer : comprendre l’émotion préalable qui provoque cette envie irrépressible de consommer.
Suis-je addict ?
Votre consommation prend une place excessive dans votre vie ?
Comment traiter une addiction ?
La prise en charge d'une personne addicte doit se faire au regard de son type de consommation : est-ce qu'elle se drogue ? Avec quoi ? A quelle fréquence ? En quelle quantité ? Qu'est-ce que l'activité addictive lui apporte au quotidien ?
Il est possible de se faire hospitaliser et d'être pris en charge au service d'addictologie, avec des médecins addictologues qui vont faire un bilan des consommations du patient. Des protocoles sont ensuite mis en place, afin de permettre à la personne de mettre fin à ses consommations nuisibles.
En parallèle de cette prise en charge et toujours suivant le niveau de dépendance, la personne peut également bénéficier d'un accompagnement psychologique. Il est d'ailleurs vivement recommandé de suivre une thérapie avec un psychologue spécialisé dans les addictions quand on cherche à s'en sortir, parce que seul c'est très compliqué.
Le psychologue va aider la personne à comprendre pourquoi elle se drogue ou pourquoi elle est devenue accro à une certaine activité et l'accompagner dans l'apprentissage d'autres comportements, venant remplacer ceux qui lui sont néfastes.
Les thérapies cognitivo-comportementales sont en ce sens excellentes pour sortir d'une addiction.
Et puis au-delà de la compréhension du comportement addictif, la personne a besoin d'un soutien psychologique dans son processus de sevrage.
De plus, la programmation neuro-linguistique est également un bon moyen pour mettre un terme à une conduite addictive. Le thérapeute va jouer un rôle essentiel avec un questionnement en profondeur de son patient pour explorer ses leviers motivationnels de ces comportements compulsifs et répétitifs.
L'objectif de la PNL est de comprendre le comportement du patient qui lui procure une sensation de plaisir en, par exemple, consommant de l'alcool, de la drogue ou en jouant de façon excessive aux jeux vidéo. Une fois que le psychologue comprend ce qui procure du plaisir à son patient au moment de son comportement addictif (prendre du temps pour soi, s'apaiser...), il va alors pouvoir remplacer ce comportement par un autre afin d'obtenir le même plaisir sans avoir recours à un comportement addictif.
Le praticien va ainsi travailler avec son patient sur ses croyances, ses capacités, ses valeurs et son identité.
Qu’est-ce que le sevrage ?
Le sevrage c’est un état corporel qui se présente lorsque les concentrations du produit dans les tissus et le sang diminuent. Chaque substance, lors du sevrage, provoque des symptômes spécifiques propres à chacune.
Le sevrage est obligatoire pour cesser de consommer tout en étant un marqueur de l’addiction : une personne qui peut abandonner du jour au lendemain n’est pas addicte. Le sevrage est généralement rapide quant à l’élimination du produit: le plus dur et le plus long étant le sevrage psychique.
Quand l’addiction est installée, c’est lors du sevrage que les manifestations symptomatiques les plus visibles vont avoir lieu.
Il provoque le développement de modifications comportementales, en lien avec des signes cognitifs et physiologiques. La souffrance est forte et le fonctionnement social, affectif et professionnel est impacté.
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Le sevrage est-il une forme de manque ?
Tout à fait, le sevrage est un état de manque. Le corps (dépendance physique) et le cerveau (dépendance psychologique) réclament leur quantité habituelle pour fonctionner normalement.
Les personnes en sevrage ressentent le besoin irrépressible de consommer à nouveau pour diminuer les symptômes. C’est ce qui participe au risque de rechute.
En fonction des substances consommées (stimulants, hallucinogènes…) et du trouble addictif, les manifestations physiques du sevrage peuvent être différentes. Mais l’on retrouve généralement :
- Une transpiration considérable ;
- Une fréquence cardiaque élevée ;
- Des maux de tête ;
- Des tremblements, des vertiges ;
- Des douleurs musculaires ;
- Des troubles digestifs, des diarrhées, des nausées et des vomissements ;
- Des hallucinations ;
- Des insomnies, de la somnolence et de la fatigue ;
- Un état de fébrilité général ;
- Des larmoiements et des bâillements ;
- Une diminution ou une augmentation de l’appétit entraînant une perte ou une prise de poids ;
- Une dilatation pupillaire ;
- Une agitation ou ralentissement psychomoteur.
Au niveau cognitif on retrouve principalement des difficultés de concentration et de mémorisation.
Psychologiquement la personne peut exprimer de l’anxiété, de l’irritabilité et de la nervosité, comme elle peut faire part d’une humeur dépressive ou d’une dysphorie.
Enfin, le sevrage peut être responsable de nombreuses affections comme, les troubles psychotiques, les troubles bipolaires, les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles obsessionnels-compulsifs, les troubles du sommeil, les dysfonctions sexuelles ; un état confusionnel et troubles neurocognitifs.
Il faut faire attention, car certains sevrages sont particulièrement dangereux, voire mortels, s’ils sont réalisés sans soutien médical et psychologique.
A retenir
Le noyau addictif se construit en plusieurs étapes.
En plus de la variabilité génétique, un traumatisme a pu désorganiser l’individu, que ce soit de façon précoce, dans l’enfance, ou plus tardivement, en évoluant dans des milieux violents, par exemple.
La construction identitaire si elle s’est faite fragilement, a touché l’estime de soi qui ne s’est pas déployée totalement (axe narcissique incomplet) et les capacités d’autonomie de la personne ont aussi été impactées.
Pour lutter contre l’angoisse et les émotions difficilement gérables, la personne a par conséquent mis en place des substituts sous forme de produits ou de comportements, allant jusqu’au comportement déviant.
Derrière un comportement addictif se cache alors des mécaniques que l’on ne peut pas apercevoir directement : la dépendance, l’accoutumance, le craving, la perte de contrôle et le sevrage.
Que la drogue soit une substance ou une activité, le cerveau, les affects et l’environnement jouent un rôle dans le déclenchement addictif.
L’addiction n’est pas une fatalité, et un accompagnement thérapeutique adapté augmente les réussites pour se sevrer et guérir. Alors n’hésitez plus et rapprochez-vous de notre équipe si vous souffrez d'un trouble addictif.