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5 étapes pour réussir à faire son deuil

Faire un deuil est une expérience universelle, tout le monde s’y voit confronté au moins une fois au cours de sa vie. Dans cette procédure de restauration émotionnelle, la personne endeuillée est actrice et non pas prisonnière de sa période de deuil. Toutes les études et échelles scientifiques placent le deuil comme étant l’événement ayant le plus d’impact psychologique sur l’individu.


Épreuve vécue de façon unique par chacun, la difficulté à traverser un deuil peut provoquer de l’immobilisme et de grandes souffrances. Mais le deuil permet le mouvement vers le renouveau et la reconstruction : c’est un processus actif, représenté par une courbe avec les cinq étapes du deuil.

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Rédaction par La Clinique E-Santé

12 min

Publié le April 26, 2023 (modifié le June 12, 2023)

faire son deuil en 5 étapes : colère, déni, tristesse, marchandage, acceptation

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Comment réussir à faire son deuil en 5 étapes ?

Surmonter un deuil ne repose pas sur un processus linéaire qui s’appliquerait strictement de la même façon pour tout le monde. Cependant il existe bien des étapes pour faire son deuil.
Elisabeth Kübler-Ross est la psychiatre américaine qui a identifié les cinq étapes du deuil. Ce sont des phases psychologiques traversées par les personnes qui viennent de perdre un être cher ou qui doivent faire face à une disparition.
Ces étapes du deuil forment la courbe du deuil et peuvent être associées à différents types de deuils. Ces phases ne sont pas fixes : ce que vivra l’un ne sera pas forcément vécu de la même façon par un autre. L’oscillation est présente, le mouvement est au cœur des stades et du temps du deuil.
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Étape 1 : le choc et le déni

La première phase du deuil est celle du choc, qui provoque de la sidération. La personne est incapable d’accepter la réalité, elle est dans le refus de la perte. Elle se sent souvent figée, elle n’arrive pas à réagir. Elle est dans une attitude de déni, parfois le comportement est hébété.
C’est une étape qui peut durer plusieurs minutes, comme plusieurs jours, mais rarement plus d’une semaine. Le déni de la mort (ou de la perte d’un objet) fait partie des phases normales du processus du deuil.
À ce moment, il est très compliqué pour la personne endeuillée d’analyser la perte, notamment si celle-ci a eu lieu de façon brutale, dans le cas du suicide d’un proche par exemple, ou si la relation était très fusionnel entre elle et le défunt. Lorsque la perte de l'être cher est insurmontable, elle peut évoluer en un deuil pathologique.
La réaction psychologique habituelle est d’être dans le refus de reconnaître la réalité. On constate souvent de l’incrédulité, qui peut se transformer en colère ou en agressivité. C’est une manière de ne pas réussir à accepter (ce qui est tout à fait normal) la perte de l’objet. Le cerveau est dans une forme d’autodéfense, il cherche à se protéger de façon bienveillante.
La phase de choc est présente, car il est difficile de reconnaître la réalité traumatisante de la perte. La complexité de cette phase réside souvent dans le paradoxe auquel l’individu est confronté : il veut que la douleur cesse, cependant toute son attention est tournée vers la personne décédée ou l’objet perdu.
Pour faire face à cela, la meilleure solution est d’accepter cette situation de dualité, d’accueillir ces deux états. Il faut respecter le deuil, et tout ce qu’il fait naître en soi, même si cela apparaît comme extrêmement difficile et pénible à supporter.
Agir sur le deuil est impossible durant cette phase, dans la mesure où il est bien trop tôt. C’est également prématuré d’entamer une thérapie à ce moment-là (éventuellement, une thérapie de soutien axée sur les émotions, pour aider à les exprimer et à comprendre ses émotions), car il est nécessaire pour l’individu endeuillé de prendre le temps d’intégrer la perte entièrement dans son esprit.
En effet, un processus psychique douloureux, marqué de détresse et de souffrance, accompagne la fin de cette première période. La personne va être en quelque sorte obligée d’admettre la perte de l’objet. Elle va passer par un certain laps de temps avant de rentrer dans cette reconnaissance de la disparition, car avec le choc et le déni cela ne peut pas se faire de manière immédiate.
À ce moment-là, elle n’est donc plus tout à fait dans le déni comme elle n’est plus tout à fait dans la phase de choc. La colère vient alors prendre le dessus au travers d’une nouvelle étape.

Bon à savoir

Le deuil est la perte définitive de l’objet aimé : un proche décédé, un conjoint après une séparation (subie ou volontaire) ou encore un logement. Il peut aussi s’agir du deuil d’un animal de compagnie ou de la perte d’un emploi. Dans certains cas, la perte peut être vécue comme un traumatisme pour la personne.


Le deuil est un processus intime et personnel, qui ne répond ni à des règles ni à des vérités strictes. Ce qui va durer en moyenne un an pour certains individus pourra en prendre trois pour d’autres car le temps est incompressible et propre à chacun.


Accélérer ou vouloir presser un deuil n’est pas possible. Il est donc nécessaire de prendre le temps que chaque phase mérite et de respecter les étapes du deuil.

Étape 2 : la colère

Faire son deuil c'est également passer par une phase de colère. Celle-ci peut se manifester à l’égard de différentes personnes :

  • Contre soi-même;
  • Contre le médecin qui accompagnait le défunt; 
  • Contre le conjoint qui a souhaité divorcer.


La colère est très vive, elle prend presque une forme de révolte proche de la rage, et s’associe généralement à un fort sentiment de culpabilité. Se sentir coupable peut entraîner une baisse de la confiance en soi et une mauvaise image de soi.
La culpabilité s’avère souvent la plus difficile à dépasser, car l’ambivalence émotionnelle est très intense. Elle bloque l’individu endeuillé et l’empêche d’accéder et de vivre des instants simplement agréables, voire de bonheur. Durant cette étape, rire est culpabilisant tout autant que de prendre du plaisir, de se voir avancer et d’éprouver une forme de relâchement à l’égard de la souffrance.
Ressentir des émotions positives en rapport avec la perte culpabilise et accroît la douleur, mais aussi les résistances. Par exemple, si l’individu endeuillé a veillé sur la personne en fin de vie pendant de longs mois et l’a aidée à partir, cela a pu être très lourd à vivre. Éprouver une forme de soulagement est tout à fait normal, pourtant la culpabilité va venir prendre le dessus et renforcer la souffrance.
Le fait pour la personne de ne pas réussir à verbaliser ses émotions va être source de peine et ralentir le travail de deuil, voire l’immobiliser. À cet effet, l’art-thérapie s’avère efficace pour aider à l’extériorisation des affects, des ressentis, des émotions. Néanmoins, un soutien à l’identification et à l’expression émotionnelle avec un psychologue fonctionnera également.
Typiquement, dans cette phase, la personne va avoir des pensées comme : « J’aurais pu faire ceci » ou « J’aurais dû faire cela pour empêcher la perte de cet objet ». Elle va ressentir une ambivalence intense, en passant de la tristesse au soulagement à la colère, colère qui peut se retourner contre elle. Cependant, en agissant ainsi c’est également une façon de ne pas investir la réalité. La personne va avoir du mal à accepter les faits, ce qui est tout à fait normal.
La colère est parfois exacerbée dans cette phase, lorsque l’individu prend conscience de la portée de la perte. En effet, un deuil comporte, dans certains cas, des deuils secondaires comme une perte matérielle la perte de la maison en cas de rupture amoureuse, ou les deuils narcissiques, dans le cas du décès d’un enfant, par exemple. La signification même de la vie se voit remise en question.
La culpabilité est au centre du travail de deuil, elle est nécessaire pour avancer, car elle va permettre de donner un sens à la perte. Mais petit à petit la personne endeuillée va aussi réussir à s’en défaire, pour passer par une phase de marchandage.
Il est essentiel, pendant cette étape, à veiller à tenir à distance tous types d'addictions. En effet, certaines personnes ont recours à une consommation d'alcool importante pour oublier leur chagrin et ne plus ressentir leurs émotions.
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Étape 3 : la négociation

Traverser le deuil comprend une troisième phase qui est une étape de marchandage avec soi-même. Elle peut prendre la forme d’une discussion intérieure, parfois spirituelle, avec des pensées du type : « Je veux donner ma vie en échange de la sienne » ou « Je promets de changer et d’être une meilleure personne si vous la laissez revenir ».
La situation restant difficile à admettre telle qu’elle est, l’individu cherche alors un moyen de compenser, d’éviter ou d’inverser l’événement. Il est en quelque sorte prêt à tout pour apaiser la douleur. C’est une façon d’avancer qui est saine et normale, qui aide à récupérer une part de contrôle pour faire face au deuil.
Il faut cependant garder une vigilance quant à certaines résistances individuelles aux fausses acceptations dans cette phase : il ne s’agit pas de faire machine arrière dans le travail de deuil. De plus, certaines décisions prises lors de cette étape peuvent ne pas être bonnes, car elles sont purement réactives et prononcées sous le coup des émotions.
L’accompagnement psychothérapeutique permet aussi de prendre du recul sur les pensées et les résistances tout en amenant la personne à retrouver le goût à la vie. Qu’il s’agisse du décès d’un proche, d’un deuil amoureux ou d’un déménagement, être guidé par un psychologue aidera à ne pas s’enfermer dans un cercle vicieux, en particulier dans un état dépressif.

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Étape 4 : la tristesse, la nostalgie et la dépression

La quatrième phase du deuil est la période dépressive. C’est la plus centrale, la plus importante, celle qui peut durer le plus longtemps. Cette étape sera plus ou moins longue en fonction du type de deuil dans lequel on va se trouver. En général, on parle d’une année pour la perte d’un être cher, le deuil d’un enfant par exemple.
La symptomatologie de cette quatrième phase est donc dépressive : il y a une exacerbation des affects dépressifs, qui sont liés à la tristesse et à la douleur profonde, et cela va se mélanger à une forme de pessimisme, comme si après la perte plus rien ne vaut la peine d’être vécu. La nostalgie et l’impuissance sont souvent présentes. La personne va s’isoler, pleurer énormément. Son chagrin est à son paroxysme.
De nombreux symptômes de l'anxiété généralisé vont toucher la dimension somatique comme des troubles du comportements alimentaires, un trouble du sommeil ou encore des peurs irrationnelles. Pour savoir comment réduire son stress face à cette situation, vous pouvez faire appel à un psychologue expert et reconnu par l'Etat qui vous aidera dans cette étape de votre deuil .Des désinvestissements sont également possibles : baisse de libido chez l'homme ou chez la femme ou du tonus musculaire. C’est une phase de découragement qui est tout à fait normale lorsque l'on doit faire son deuil.
La tristesse est intense, proche du désespoir et d'un état mélancolique. La personne se sent souvent seule, à la recherche de repères qu’elle ne possède plus. C’est lors de cette phase de tristesse que la perte va être enfin totalement intégrée, d’où l’importance de ne pas lutter contre et d’accueillir toutes les émotions qui naissent, même les plus douloureuses.
Dans cette période de solitude, vous pouvez développer une forme de dépendance affective envers votre conjoint, un ami proche ou un membre de votre famille pour pallier votre sentiment d'être seul et abandonné.
Cependant, si la tristesse perdure pendant très longtemps, qu’elle devient internalisée profondément au point de créer des blocages et que l’individu n’arrive plus à manger, à aller au travail, à sortir, à dormir ou encore que des idées noires s’installent, alors il est nécessaire de consulter.
En effet, la dépression peut prendre un état à part entière et venir s’ajouter par-dessus le deuil en tant que pathologie psychiatrique. Elle peut se manifester à travers différents symptômes dépressifs.
Lorsqu’un deuil provoque des troubles psychiques, mais aussi physiques, on parle de deuil pathologique. En plus de bloquer le travail (les personnes peuvent rester engluées dans cette phase dépressive pendant des années), ce type de deuil doit être impérativement accompagné pour soigner les troubles associés.
Pendant cette période dépressive, il est tout à fait normal d’avoir l’impression d’avancer, voire même d’être sorti.e de la souffrance quand, tout à coup, surgit une nouvelle phase de tristesse, parfois plus intense que la première.
Même si cela peut sembler inquiétant, c’est significatif de l’avancement dans le travail de deuil et une rechute s’avère généralement bon signe dans le sens où la personne n’est pas coincée dans la courbe de deuil : elle reprend simplement de l’élan pour évoluer. Le mouvement dans la courbe est important tout comme le fait de vivre entièrement les émotions et les moments de solitude et de tristesse, sans résister.
Finalement le désinvestissement va se faire peu à peu, car pour se désinvestir il faut pouvoir investir. C’est pourquoi l’objet perdu va prendre toute la place, puis, progressivement, la personne endeuillée va se confronter à la réalité et à la perte définitive pour arriver à la dernière phase, celle de l’acceptation.

Bon à savoir

Dans cette phase, un autre processus psychique s’exprime et prend la forme d’un renforcement, d’un rapprochement à la relation de l’objet perdu, paradoxalement à sa perte.


C’est justement parce que la personne a perdu l’objet qu’elle va intensifier les liens qu’elle a avec : il occupe tout l’espace psychique. Il va y avoir une reviviscence de tout un ensemble d’anecdotes, d’éléments et de vécus qui ont marqué la relation à l’objet.


Chaque souvenir relié à l’objet perdu va susciter beaucoup de tristesse et engendrer toute cette phase dépressive qui est une phase cruciale du deuil. C’est parce que ce processus est fort que la période mélancolique va être longue. Cette période fait partie des étapes du deuil.

Étape 5 : l’acceptation

Enfin, la dernière phase du processus de deuil est l’acceptation de la perte. C’est la terminaison du deuil, le moment du rétablissement.
Peu à peu, tous les intérêts de la vie quotidienne vont se réinstaurer doucement : la personne endeuillée va réussir à investir de nouveaux objets, de nouvelles relations et avoir la capacité de se souvenir de la perte, de l’objet perdu, sans douleur, sans affliction. Surmonter le deuil ce n’est pas oublier la perte, mais être capable de vivre avec sans souffrir.
La phase d’acceptation est ressentie lorsque l’individu endeuillé a pleinement conscience de la perte. Aussi, l’organisation de la vie est de nouveau possible, il s’agit de la reconstruire entièrement et volontairement. Cette phase place le deuil dans une orientation positive, la personne se projette dans l’avenir. La résilience développée pendant tout ce travail de deuil conduit généralement à un renouveau.
La quête de sens qui prend forme tout au long de cette étape permet de découvrir que le vide provoqué par la perte a offert quelque chose d’inédit pour l’individu.
C’est en quelque sorte une nouvelle vie : la personne a entrepris tout un travail sur elle-même qui l’a amenée à déployer la signification qu’elle veut redonner à sa vie et également celui qu’elle souhaite transmettre (à ses enfants, à l’environnement, à l’humanité en général).
À la suite d’une perte, une forme de transcendance est possible lorsque la personne arrive à ce niveau du deuil : nombreuses sont les personnes qui décident d’enclencher des changements qu’elles repoussaient jusqu’à maintenant.
Le deuil transforme profondément et il s’agit alors d’en tirer parti : s’investir spirituellement, entreprendre un projet rêvé depuis longtemps, se dépasser dans le cadre d’une activité.
Pour certaines personnes il est temps d’être enfin elles-mêmes, en phase avec leurs valeurs et leur identité. Dans tous les cas, cette vision transcendante accompagne les individus endeuillés en allant à la rencontre d’un autre potentiel d’eux-mêmes, potentiel dont ils n’avaient pas forcément conscience avant l’incident.

A retenir

Le deuil est l’événement de vie le plus stressant. Ce n’est pas un processus contrôlable, il s’impose à nous.


Mais l’accueillir pleinement permet de mieux le vivre.


Connaître les étapes du deuil est intéressant afin de suivre l’évolution de ses émotions lors de cette période douloureuse.


La thérapie est essentielle pour ne pas rester coincé dans une phase trop longtemps. Aussi, il est important de prendre en compte la façon dont le décès est survenu : un traumatisme est parfois à gérer, en plus de la disparition.


Le travail de deuil ne consiste pas uniquement à accepter la perte et à vivre avec, c’est également un cheminement vers le renouveau.

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Photo de Christèle Albaret

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