Suis-je anorexique ?
Vous vous posez des questions sur votre comportement alimentaire ? Vous pensez souffrir d'anorexie mentale ?
Quelles sont les causes de l'anorexie mentale ?
De manière générale, on retrouve trois facteurs déclencheurs de l’anorexie :
- Une restriction alimentaire : Deux tiers des personnes anorexiques évoquent s’être mis au régime dans les mois précédant l’apparition du trouble.
- Un état dépressif : 20 % des personnes souffrant d’anorexie relatent des ressentis dépressifs en amont de la maladie.
- Une réduction imprévue des apports énergétiques : Que ce soit suite à une maladie digestive ou encore une infection virale, la perte d’appétit favorise l’entrée dans cette spirale alimentaire.
Mais d'autres causes sont également à l'origine du développement de la maladie. Tout comme la boulimie vomitive ou l'hyperphagie, l'anorexie mentale est un TCA dont les origines sont multifactorielles.
Cause n° 1 : Les causes psychologiques et cognitives
L’anorexie mentale (ou anorexie nerveuse ) dépend de nombreux facteurs psychologiques et cognitifs. Ce désordre alimentaire peut subvenir à la suite d’un désordre psychique, de traumatismes, ou bien s’installer chez certains types de personnalités.
Parmi les troubles psychologiques prédisposant à la maladie, on retrouve :
- Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
- La phobie sociale
- Les traumatismes tels que les abus sexuels
- Les troubles dépressifs et anxieux
Des déficits cognitifs et émotionnels sont souvent observés chez les personnes anorexiques. Par exemple : la distorsion de l’image du corps et les croyances erronées (qui provoquent ou maintiennent le cercle vicieux).
On recense aussi des personnalités associées à l’anorexie, telles que :
- La personnalité obsessionnelle
- La personnalité évitante
- La personnalité borderline
- Le perfectionnisme (présent à tous les stades de l’anorexie)
- Le manque d’estime de soi
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Cause n° 2 : Les facteurs socioculturels ou le corps idéalisé
Un grand nombre d’études évoquent l’insatisfaction corporelle comme un facteur déclenchant de l’anorexie mentale.
C’est cette difficulté à atteindre ce « corps idéal » qui engendre ces régimes toujours plus stricts et cette peur de prendre du poids qui entretient la spirale alimentaire.
Cette dernière est par ailleurs tout autant une cause, qu'un des symptômes de l'anorexie.
Dans nos sociétés occidentales, l’image du corps occupe une place de plus en plus centrale. L’idéal de minceur, promu par les médias, alimente cette peur de grossir. Si vous êtes anorexique, vous aurez tendance à associer ce modèle de référence à la beauté, mais aussi à la réussite ou encore à la force de caractère.
Mais ce n’est pas tant la pression sociale qui pousse à entrer dans la maladie. C’est plutôt votre degré d’adhésion à ces « valeurs de minceur » : la façon dont vous allez intégrer de façon personnelle ce message social. Et percevoir le culte du corps comme une valeur ancrée en vous-même.
Cause n° 3 : Les facteurs familiaux
On recense des facteurs familiaux prédisposant au comportement anorexique. Parmi eux, on retrouve :
- Des conduites de restrictions alimentaires fréquentes chez un des parents
- La présence d’un membre de la famille qui souffre d’anorexie (créant 4 fois plus de risques de développer ce TCA)
- Une tendance dépressive au sein du foyer
Au-delà de ces conduites, la qualité des relations familiales est un facteur clé, car l’apparition du trouble alimentaire anorexique viendrait en réponse à cet environnement familial : face à une difficulté de trouver sa place ou à s’exprimer dans sa famille, par exemple.
Parmi ces climats familiaux prédisposant à l’anorexie, il y a :
- Un manque de communication ou l’évitement des conflits
- Un parent peu réceptif ou avec beaucoup d’exigence
- Des remarques déplaisantes ou des moqueries sur l’apparence physique
Cause n° 4 : Les facteurs génétiques prédisposant au TCA
Toutes les études le confirment : il y a un terrain génétique à l’anorexie mentale. Et notamment, des gènes prédisposant à la maladie. Une étude menée auprès de jumelles met en évidence l’impact génétique sur l'anorexie mentale. La probabilité de développer ce trouble est dix fois supérieure, lorsqu’il s’agit de vraies jumelles, par exemple.
Ce qui se « transmet » c’est moins le trouble en lui-même, mais la tendance au comportement addictif : certaines personnes sont plus programmées génétiquement pour développer une dépendance.
Parmi ces gènes « déclencheurs », certains sont associés au métabolisme de la personne anorexique, c'est-à-dire, à la façon dont son corps stocke et gère l’énergie.
Concrètement, une personne anorexique peut avoir une prédisposition génétique à ce que son métabolisme brûle plus d’énergie. Elle sera aussi moins encline à l’obésité et plus portée vers l’activité physique.
Ce qui illustre cette tendance à l’hyperactivité bien connue de la maladie et à la bigorexie.
La manière dont votre corps gère vos stocks d’énergie peut donc aussi entretenir votre trouble.
Les facteurs génétiques font également partie des causes de la boulimie.
Cause n° 5 : Les facteurs physiologiques qui entretiennent la maladie
Certains dérèglements physiologiques entretiennent la maladie. Au niveau neurologique, ils alimentent la routine anorexique. Au niveau hormonal, ils influent sur le sentiment de satiété, mais aussi sur l’humeur. Ce qui peut conduire au maintien de la maladie dans le temps.
Des causes neurologiques : l’impact sur la motivation et l’humeur
Les dernières avancées de la recherche révèlent un lien entre l’anorexie et l’altération de certaines zones cérébrales. En particulier, celles de la prise de décision et de la motivation.
Cette dérégulation neuronale pérennise le trouble, car elle altère les capacités « d’adaptation » et de « changement » : la personne anorexique aura moins de motivation à s’alimenter ou bien à casser sa routine. Et, dans ce cas de figure, sa prise de décision est plus guidée par l’habitude.
On évoque aussi dans le parcours anorexique, une certaine rigidité cognitive, et notamment un manque de flexibilité cognitive (la capacité de passer d’une tâche à l’autre). Cela entraverait la possibilité de rompre le cercle vicieux de la maladie. Car une altération de cette capacité induit des comportements et des mouvements mentaux qui persévèrent.
Ces causes neurologiques ont un impact à la fois sur l’humeur et la motivation. Mais aussi, sur le comportement alimentaire en lui-même. La rigidité, induisant le phénomène de répétition, alimente donc la spirale anorexique.
Par ailleurs, les émotions ont un impact sur l'alimentation, qu'elles favorisent l'absorption d'aliments en grande quantité ou à l'inverse, le refus de se nourrir.
Les dérèglements hormonaux : une sensation de faim perturbée
Des dérèglements hormonaux peuvent contribuer au comportement anorexique, tout en étant à la fois une conséquence de la maladie. L'anorexie peut se développer notamment, à cause d'un dérèglement au niveau de l’hormone qui stimule l’appétit : la ghréline.
Les scientifiques mettent en évidence son rôle double sur la sensation de faim : soit, cette hormone est moins sensible et cela réduit l’appétit, soit la ghréline est plus active et cela crée de l’aversion et de l’anxiété lors des prises alimentaires.
Cette perturbation hormonale pérennise l'anorexie mentale, en créant une perception erronée des sensations de faim.
On recense aussi une baisse d’activité de la sérotonine, « l’hormone du bonheur » chez les personnes anorexiques qui régule l’humeur et l’émotivité. Cela favorise les sentiments dépressifs dans le vécu de la maladie.
Bon à savoir
Des dérèglements intestinaux sont aussi mis en évidence pour expliquer le trouble.
Une protéine produite par l’intestin impacterait la sensation de satiété. Et notamment, les anticorps émis contre cette protéine qui déclencheraient une perte d’appétit.
Cause n° 6 : Le besoin de contrôle et le sentiment de surpuissance
Parmi les causes du comportement anorexique, le besoin de « contrôle » occupe une place centrale, tandis que dans les autres troubles alimentaires à l'image des crises hyperphagiques, c'est la perte de contrôle qui est au coeur de la maladie. Le besoin de contrôle le concept le plus largement reconnu par tous les spécialistes des troubles des conduites alimentaires.
Si vous souffrez d’anorexie mentale, vous exercez un contrôle strict sur votre alimentation. Et par là même, sur les besoins vitaux de votre corps.
Ce contrôle est aussi lié à un sentiment de « toute-puissance » qui alimente le cercle vicieux de la maladie. Résister, c’est aussi aller au bout de vos limites, vous mettre au défi et vous sentir en toute puissance d’y arriver.
Le contrôle par la rationalisation alimentaire
La rationalisation alimentaire est une manière de répondre à votre besoin de « contrôle ». Devant la nourriture, vous pouvez vous sentir effrayé, comme fasciné. Mais c’est bien la charge calorique de votre alimentation qui conditionne votre décision d’aimer ou non un plat. Et donc, de vous en autoriser la consommation.
Cette rationalisation alimentaire vous mène à faire un tri strict : entre les aliments interdits (féculents, fritures, sucreries…) et les aliments autorisés (laitages à 0 %, légumes verts…). Mais surtout, elle vous confère un sentiment de surpuissance lié à cette organisation imperturbable.
Ce besoin émotionnel de contrôle se traduit aussi lors de la préparation des repas. On retrouve souvent dans le vécu anorexique, cette envie de cuisiner pour les autres. Préparer, c’est aussi « contrôler la nourriture absorbée » par l’autre.
Observer votre entourage manger plus que vous, peut induire ce sentiment de surpuissance. Cela peut aussi figurer ce besoin émotionnel de trouver votre place dans la famille, par exemple.
À lire aussi : Orthorexie : 10 symptômes pour reconnaître ce trouble alimentaire et le soigner
Le contrôle de l’image corporelle : l’anorexie purgative
Malgré votre apparence corporelle, votre perception de vous-même est altérée. Vous vous sentez gros avec cette sensation de ne jamais atteindre votre but. Ce besoin de contrôle de votre image corporelle n’est jamais comblé.
Vous pouvez adopter plusieurs types de conduites pour contrôler votre image corporelle :
- Des comportements compensatoires : régime, jeûne, sport intensif : c'est l’anorexie restrictive
- Des comportements de purge : votre besoin de contrôle peut déboucher sur des crises de boulimie mêlées à des vomissements ou à la prise de laxatifs. On parle ici d’anorexie purgative
La pesée est une autre façon de « garder le contrôle » sur votre corps. Cette approche « très mesurée » se fait parfois au millimètre.
Vous pouvez vous peser une dizaine de fois par jour ou vous mesurer à l’aide d’un ruban métrique. Vous assurer que votre corps n’augmente pas de volume est une façon de contrôler parfaitement votre corps.
Cela vous procure une fois de plus un sentiment de surpuissance, une sorte de poussée d’adrénaline (que l’on retrouve aussi dans d’autres formes d’addictions).
Cause n° 7 : Le refus de la dépendance nourricière
Refuser de manger c’est aussi refuser « un bon repas en famille ». Et selon les familles, la nourriture représente « le fruit du travail quotidien » ou encore le partage et le plaisir d’être tous ensemble. Refuser de s’alimenter peut alors figurer votre opposition à un climat familial pesant.
Afin d’éviter les reproches, si vous souffrez d’anorexie mentale, vous pouvez avoir tendance à cacher votre privation alimentaire et à adopter des stratégies telles que : couper vos aliments en petits morceaux et les disposer de façon à donner l’illusion de remplir votre assiette. Ou encore manger lentement pour pouvoir affirmer que votre plat est « trop froid », etc.
Si votre refus de manger n’est pas masqué, votre trouble peut traduire une volonté d’obtenir l’attention de vos proches. L’objectif est souvent d’éviter des conflits conjugaux ou bien d’affirmer votre indépendance « nourricière ».
Concrètement, pour prouver que vous êtes indépendante, vous attestez cette logique d'auto dépendance par la privation alimentaire. Dans ce cas de figure, l’anorexie mentale serait une stratégie inconsciente chez l’adolescent, pour lutter contre un sentiment de dépendance à l’égard de ses parents.
Le choix de la nourriture n’est pas anodin. L’alimentation renvoie à l’enfance et à la figure maternelle.
À lire aussi : Hyperphagie boulimique : 5 conseils pour sortir du cercle vicieux
Comment s'installe l'anorexie mentale chez une personne ?
Ce trouble des conduites alimentaires ne s’installe pas chez une personne par hasard.
Si les facteurs prédictifs et pérennisant font l’objet de 30 ans de recherches, il est parfois difficile de cerner les mécanismes psychologiques qui poussent une personne à devenir anorexique.
Ils sont pourtant au cœur de la prise en charge de l’anorexie : comment s’installe le trouble ? Quels sont les points-clés qui alimentent le cercle vicieux ? Que se cache-t-il derrière cette quête insatiable de soi ?
Les rouages de l’esprit anorexique sont complexes et il est essentiel d’en saisir le sens. Au risque, parfois, d’alimenter l’engrenage de la maladie.
1-L'anorexie s'installe par un rejet du corps sexualisé
La puberté est souvent le point de départ de la maladie. C’est une période centrale dans la construction de l’image de soi, du corps et de l’identité. C’est aussi le moment de la découverte de la sexualité.
Le refus d’accepter une sexualité débutante est une cause psychologique de l’entrée dans l'anorexie mentale. Le trouble vient traduire de façon symbolique, que l’adolescent nie son corps.
Se priver de manger traduit ce refus de la maturité sexuelle en bloquant le développement naturel du corps, car vouloir rester « maigre », c’est interdire à son corps de se développer.
L’apparition de ce trouble en période prépubère a d’ailleurs des conséquences majeures sur le développement des seins chez la femme et des organes génitaux chez l’homme.
Mais l’anorexie chez l’adolescent est aussi une sorte de « refuge » qui permet d’apaiser une peur de grandir et venir combler un vide intérieur (émotionnel, social…).
Ce trouble vient souvent pallier une personnalité brillante, qui performe dans de nombreux domaines et dans ses études par exemple, mais qui n’a pas d’investissement social ou qui sort peu.
Au bout d’un moment, l’adolescent peut ressentir un vide. Cette pression constante pèse sur ses épaules et devient trop envahissante.
C’est souvent à ce moment que la personne bascule : lorsque son cerveau n’a plus de soupape de décompression et que la notion de plaisir de vivre n’existe plus à un âge où elle est censée dominer. Ce vide est alors rendu concret par le corps.
2-Des mécanismes psychologiques sous-jacents au trouble anorexique
On recense trois mécanismes psychologiques sous-jacents au développement du trouble anorexique :
- Un déficit de la conscience intéroceptive : l’incapacité à faire la différence entre vos besoins physiques (tels que la faim) et vos besoins émotionnels
- Un désordre de l’image corporelle : l’impossibilité de vous percevoir comme vous êtes réellement
- Un sentiment d’inefficacité ou d’impuissance
Une conscience intéroceptive fragile : Une sensation de faim déconnectée
Si vous êtes anorexique, dans ce cas de figure, vous êtes déconnecté de votre sensation de faim. Et votre besoin vital est confondu avec votre besoin émotionnel.
Concrètement, vous pouvez vous sentir rassasié après n’avoir consommé que très peu de nourriture. Simplement, car vous êtes dans l’incapacité de reconnaître votre besoin vital.
Cette incapacité à reconnaître la faim implique cette perte d’appétit et ces sentiments contradictoires. Ce mécanisme se retrouve dans l’hyperactivité physique : lorsque la personne anorexique refuse de « reconnaître » sa fatigue.
Plusieurs hypothèses expliquent ce phénomène de « trouble de la conscience intéroceptive » : Certaines études de neuroimagerie évoquent un fonctionnement cognitif fréquent chez la personne souffrant d’anorexie : une incapacité pour différencier des sensations « plaisantes et déplaisantes ».
Cette difficulté serait due à une perturbation de zones cérébrales liées à la prise de décision (le striatum).
Du point de vue des recherches cliniques, ce TCA viendrait répondre à des désordres de l’enfance et notamment, à une incapacité de la mère à reconnaître les besoins physiques et émotionnels de l’enfant.
Des besoins non validés qui entraineraient une confusion dans la reconnaissance des besoins propres chez la personne anorexique.
Une distorsion de l’image du corps : la dysmorphophobie
Si vous souffrez de ce trouble alimentaire, la perception de votre image corporelle est altérée. Si vous vous regardez dans un miroir, vous pouvez être choqué par « votre maigreur » et l’instant d’après, c’est votre image mentale qui prend le dessus.
Ce phénomène que l’on retrouve dans le vécu anorexique est un trouble psychologique connu sous le nom de dysmorphophobie. Il traduit une obsession liée à un défaut de son apparence, déconnecté de critères objectifs.
De façon concrète, malgré votre maigreur, vous portez toute votre attention sur votre poids. Ou sur une partie de votre corps qui vous obsède, et votre désir de maigrir est insatiable.
Cette distorsion de l’image de votre corps implique qu’il devienne le centre de vos préoccupations malgré votre dénutrition.
Bon à savoir
Des études menées en neuro-imagerie révèlent une disposition cérébrale propre aux personnes anorexiques (et dysmorphophobiques), notamment vis-à-vis de la façon dont elles traitent une information visuelle.
Ces recherches mettent en évidence une tendance à se focaliser sur les détails plutôt que sur l’aspect général. Cette perception déformée de leur apparence pourrait donc avoir une origine neurologique.
Une recherche identitaire
Cette incapacité à vous percevoir telle que vous êtes implique une insatisfaction corporelle permanente. Mais aussi une évaluation négative et subjective de votre corps : en comparaison de votre corps actuel par rapport à un corps idéal.
La recherche « identitaire » est au cœur de cette quête insatiable. Car, en échouant à devenir ce que vous voulez être, vous ne parvenez pas à vous définir et cela alimente le cercle vicieux de la maladie.
Par manque de « conscience de soi » et à cause de cette dysmorphophobie, l’objectif n’est jamais atteint. Et l’estime de soi est toujours plus fragilisée.
Si vous êtes anorexique, vous percevez ce « contrôle total du corps » comme un moyen pour (re)prendre « possession de votre corps ». Ce qui est en réalité un leurre, car la stratégie adoptée ne résout pas le problème identitaire.
Le trouble permet aussi de vous identifier à quelque chose, et de donner du sens à cette quête d’identité : « je suis anorexique ». De la même façon que dans les phénomènes d’addictions : « je suis alcoolique » par exemple.
Un sentiment d’inefficacité ou d’impuissance
Parmi les témoignages du vécu anorexique, on recense le sentiment d’impuissance ou d’inefficacité.
Il se traduit de façon conjointe à d’autres sentiments :
- Un sentiment d’inadaptation générale
- Un sentiment d’insécurité
- Un sentiment de solitude
- Un sentiment de perte de contrôle
Bien souvent les personnes anorexiques se perçoivent comme non-décisionnaires de leurs vies. Et ce sentiment d’inefficacité renvoie à cette dépendance à autrui.
Il semblerait que ce sentiment naisse quand l’adolescent se confronte à un manque de confiance dans ses propres ressources. Combiné à un perfectionnisme important, ce qui l’amènerait à se sentir démuni.
Une faible estime de soi est aussi un facteur prédictif dans le développement de l’anorexie mentale.
Si l’estime de soi « globale » renvoie à des sous-catégories de « concept de soi » : « physique », « social », « émotionnel » ou « académique » (relatifs aux résultats scolaires), le vécu anorexique illustrerait une carence dans les « sous-domaines » de l’estime de soi globale : le soi « social » ou « émotionnel » par exemple, impliquant un surinvestissement du « soi physique » (qui inclut l’apparence physique et la force physique ).
Concrètement, l’adolescent en échec scolaire ou en repli social, compenserait en surinvestissant la « sphère physique » de son estime. Pour annuler ce sentiment d’inefficacité ou d’impuissance et pour se faire « accepter » autrement.
Suis-je anorexique ?
Vous vous posez des questions sur votre comportement alimentaire ? Vous pensez souffrir d'anorexie mentale ?
Qui peut être touché par l'anorexie mentale ?
L'anorexie mentale survient généralement à l’adolescence. 87 % des personnes anorexiques ont entre 15 et 25 ans.
La puberté joue un rôle majeur dans l’apparition du trouble. Cette peur d’évoluer vers un corps de femme ou un “monde d’adulte”, prédispose l’entrée dans la maladie. Les transformations corporelles, mais aussi le surpoids sont des facteurs à risque.
Les adultes sont aussi concernés. Tout comme les personnes âgées qui, souvent, refusent de s’alimenter en fin de vie : le trouble vient traduire une dépression, un repli ou encore un état délirant.
On recense certains milieux plus touchés par ce trouble. Notamment, quand le corps est idéalisé ou au centre de l’activité professionnelle.
Parmi les populations risquant de développer une anorexie mentale on recense :
- Les jeunes filles
- Les personnes avec un indice de masse corporel bas ou élevé
- Les adolescents qui ont des problèmes de poids
- Les adolescents qui rencontrent des difficultés psychologiques
- Les personnes qui pratiquent la danse, le sport de haut niveau ou le mannequinat
- Les individus atteints de pathologies qui impliquent des régimes (de type diabète de type 1)
Les facteurs à risque de ces populations cibles sont liés à l’obsession de l’image du corps et à l’insatisfaction corporelle. Mais aussi à cette quête de l’idéal de minceur.
Les formes particulières : l’anorexie masculine et l’anorexie athlétique
L’idée répandue qui évoque l’anorexie comme une maladie féminine est fausse. En réalité, ce trouble alimentaire touche un homme pour dix femmes.
Les hommes anorexiques sont aussi plus touchés que les femmes par l’hérédité pathologique familiale. On recense une majorité d’hommes anorexiques ayant grandi au sein de maladies familiales telles que : la schizophrénie, l’alcoolisme, les troubles dépressifs, les troubles anxieux…
À la différence de la femme, l’anorexie mentale de l’homme débute le plus souvent à la prépuberté, à partir de 12 ans.
On rencontre ce type de trouble chez l’adolescent qui rencontre des difficultés d’identité sexuelle. Il peut ressentir un manque de puissance ou de masculinité, qui peut être dû à une obsession liée à un défaut de son corps.
Bien souvent, cette obsession est axée sur ses parties génitales. Ce qui entravera sa vie relationnelle.
Le risque d’anorexie mentale pour l’homme est plus élevé chez les sportifs de haut niveau que dans la population générale et en particulier chez les hommes qui pratiquent le body-building et la lutte.
La pression exercée par leur entourage (parents ou entraîneurs) favorise le maintien dans la maladie. Les régimes stricts imposés à ces athlètes perturbent au quotidien leur image corporelle. Dans ces milieux, la gestion du poids est essentielle à la performance, ce qui alimente le cercle vicieux.
Les profils compétiteurs et perfectionnistes sont plus touchés lorsqu’ils sont exposés à la pression sociale ou à celle de leur entourage.
De manière générale, on recense une fréquence importante de l’anorexie masculine dans les activités qui visent un idéal de minceur : les danseurs, mannequins, marathoniens, jockeys, nageurs…
On parle d’ anorexie athlétique quand la personne n’est pas encore entrée dans l’addiction.
Voici 6 signes qui prédisent l’entrée dans la maladie chez les athlètes :
- Une valorisation de l’activité sportive
- Une augmentation de l’activité physique
- Une diminution de l’appétit
- Une dévalorisation de la nourriture
- Une diminution de la prise alimentaire
- Une perte de poids
Dans ce cas de figure, le corps du sportif est instrumentalisé.
Il existe une autre forme d’anorexie masculine nommée anorexie inversée (ou dysmorphie musculaire.)
Elle concerne les hommes sportifs qui souhaitent augmenter leur proportion de masse maigre par la musculation par exemple. Ce TCA implique des risques majeurs sur la santé.
La douance est-elle vraiment une prédisposition à ce trouble alimentaire ?
Oui, des recherches sont menées pour investiguer ce lien entre anorexie et haut potentiel, notamment parce que l'on recense beaucoup de personnes anorexiques à haut potentiel, mais aussi parce que la douance et ce trouble alimentaire ont des quêtes et des carences communes : la recherche identitaire, la volonté de nier une partie de soi, le sentiment d’inefficacité, le perfectionnisme…
Une quête commune : La recherche identitaire et l’anorexie intellectuelle
Dès sa naissance, l’enfant surdoué est en quête d’identité. Très tôt, il questionne le monde qui l’entoure et adopte un comportement singulier.
Le parent peut avoir du mal à comprendre les besoins de l’enfant et à y répondre. En grandissant, l’adolescent surdoué peut ressentir du rejet et se sentir différent des autres.
Ces questionnements non entendus ou compris par l’autre fragilisent sa construction identitaire. Par protection, il aura tendance à se renfermer sur lui-même et concevoir l’inhibition comme synonyme d’intégration : vouloir se nier, annuler son propre fonctionnement est une façon “d’être identique aux autres”.
Il peut alors adopter une stratégie “d’anorexie intellectuelle” et ne plus se “nourrir de pensées”. Autrement dit : nier son intelligence, car elle ne “sert à rien”.
Cela peut le conduire à adopter des comportements anorexiques, qui viennent traduire cette négation de soi, mais aussi la volonté de “diminuer ce trop” de sa personne : ce trop d’intelligence, de questions, ce “plus” qui lui cause tant de moqueries et de souffrance.
Concrètement, le TCA l’aiderait à passer “inaperçu” . Cette quête insatiable de soi est commune au vécu anorexique.
Des carences communes : l’estime de soi et la reconnaissance des besoins
Tout comme dans l’anorexie on retrouve chez les personnes à HPI, une carence au niveau de l’estime de soi, mais aussi des difficultés à se sentir reconnues dans leurs besoins.
Cela peut se traduire par ce sentiment de non-reconnaissance de leur intelligence par exemple…
Ces manques peuvent créer une altération de l’image de soi chez le sujet HP, qui peut vouloir compenser ce décalage entre son image "intérieure" et son image “sociale” : en surinvestissant, comme chez l’anorexique, le “concept de soi physique” à défaut du “concept de soi "social".
Concrètement, pour combler ce vide social, il misera sur l’apparence physique. Un mode de fonctionnement que l’on retrouve dans le parcours anorexique.
On recense également d’autres traits communs aux deux profils : le perfectionnisme, la volonté de contrôle ou encore la pensée analytique.
Si la douance est avant tout une souffrance affective et psychique, elle est une prédisposition au TCA.
À retenir
Saisir les causes de votre anorexie mentale, c’est en comprendre la part “mentale”. S’il est moins question d’aliment que d’une volonté de se définir (et d’une succession d’échecs pour atteindre ce but), c’est en passant par une façon plus concrète de vous définir que vous (re)prendrez possession de votre corps. Mais aussi de vous-même.
Cette quête identitaire basée sur une image erronée de vous-même est perdue d’avance. Car elle maintient la spirale anorexique. Il vous sera utile de saisir cette image véritable de vous, qui n’est pas en distorsion, afin de (re)construire une estime de vous-même, plus juste. Et c’est en investiguant la source de votre comportement alimentaire : l’objet émotionnel et psychique qui anime ce trouble, que vous porterez ce juste regard sur vous-même.
Si vous vous reconnaissez dans cet article ou que vous reconnaissez un proche, n’hésitez pas à prendre contact avec un psychologue de la clinique pour vous y accompagner.