Souffrez-vous d'orthorexie ?
Vous éprouvez un doute quant à votre comportement alimentaire actuel et vous pensez être orthorexique ?
Qu'est-ce que l'orthorexie ?
C'est un ensemble de comportements alimentaires variés, mais ayant pour seul objectif la recherche et la consommation d’une nourriture saine. La personne orthorexique tend à améliorer et préserver sa santé. Son ambition initiale est d’être bien dans son corps et que celui-ci se maintient bien portant.
En soi, cela n’a donc rien de grave et ne semble pas être malsain. Les motivations de départ peuvent être les suivantes :
- Répondre à un désir excessif d’être en bonne santé dans un corps sain
- Rechercher une perte de poids en ne consommant que des aliments sains et qualitatifs
- Se rapprocher des standards de corps idéalisés par la société
Or, l'orthorexie reste toutefois un trouble obsessionnel.
Elle englobe des pensées, des pratiques et des comportements qui deviennent problématiques lorsque la personne qui cherche au départ à être bien dans son corps évolue finalement mal dans sa tête.
Mise en œuvre au départ afin de perdre quelques kilos ou pour prendre soin de soi, de façon raisonnable et positive, l’attitude se modifie en un enfermement autour de la nourriture, isolant de l’entourage, impliquant des rituels et des obsessions. Le besoin de contrôle présent dans l'orthorexie est un point commun avec l'anorexie.
L’orthorexie est un mode de consommation alimentaire chronophage : constituer les meilleurs plans alimentaires, faire les courses dans plusieurs magasins, décrypter toutes les étiquettes alimentaires, cuisiner des repas les plus sains possibles... C’est ce contrôle omniprésent, cette obsession pour la nourriture saine qui devient excessive et diminue la qualité de vie au quotidien.
Il s'agit d'un trouble qui répond à une peur maladive d'empoisonner son corps et de mettre sa santé en danger. La nosophobie est une phobie dite spécifique, faisant partie des troubles anxieux.
Les critères diagnostiques ressemblent à ceux qu'endure la personne orthorexique : inquiétude intense et persistante de la nourriture « malsaine », panique en cas d’ingestion d’un aliment problématique, détournement des situations phobogènes (ou angoisse profonde à les vivre), retentissement conséquent sur la vie sociale.
L’orthorexie n’est pas officiellement considérée comme un trouble des conduites alimentaires (TCA) ni comme une pathologie. En effet, le diagnostic clinique de l’orthorexie n’est pas reconnu par les classifications internationales des maladies mentales que sont le DSM-5 (Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux) et la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies).
Néanmoins, elle est quand même considérée comme un trouble obsessionnel de l'alimentation par les psychothérapeutes qui constatent les répercussions psychologiques de cet ensemble de pratiques, pouvant conduire à de véritables troubles de l'alimentation.
Avant de souffrir d’orthorexie, il y a toujours un élément déclencheur au fait de commencer à manger de façon plus saine : vouloir perdre du poids ou obtenir le corps idéal, essayer de se défaire d’une alimentation trop riche ou d’une addiction au sucre ou se nourrir de nouvelles manières (végétarisme, véganisme, sans gluten, crudivorisme, etc.).
En définitive, le tableau clinique qui se dresse rapproche l’orthorexie de plusieurs affections psychiques : elle se trouve au carrefour du trouble alimentaire, de la phobie alimentaire et de l’obsession alimentaire.
Bon à savoir
N’ayant pas de reconnaissance officielle, il n’existe aucun critère de diagnostic ni de consensus scientifiquement validés sur le sujet.
Récemment des chercheurs ont proposé de distinguer l’orthorexie nerveuse, démesurée, pathologique et l’orthorexie saine, sans conséquence préjudiciable. Cette manière de se nourrir serait un nouveau mode de consommation, englobant d’autres pratiques comme l’hygiène de vie ou la façon d’acheter (circuit court, etc.).
Au-delà, c’est l’aspect motivationnel qui est important et les émotions qui en découlent : l’orthorexie nerveuse serait associée à des sentiments négatifs, tels que l’angoisse et la culpabilité, comme c'est également le cas pour les crises de boulimie.
Comment reconnaître une personne orthorexique ? 10 symptômes
Si l’orthorexie est peu marquée, les conséquences sont principalement des carences alimentaires légères, comme celles que l’on peut retrouver dans les régimes végétariens ou végétaliens, et qui se comblent facilement.
On parle d’orthorexie nerveuse lorsque le trouble est sévère : il y a une prise de contrôle de la maladie sur la façon de vivre et sur les pensées au point de mettre la personne qui en souffre en véritable danger. Petit à petit, tout devient suspect et dangereux, la maîtrise et l’évitement prennent le dessus.
Bien que les débuts du trouble soient généralement insidieux, certains signes peuvent être repérés.
Alors comment reconnaître ce trouble ? Voici dix symptômes de l’orthorexie :
- Symptôme n°1 : Un régime alimentaire dichotomique et restrictif
- Symptôme n°2 : Une analyse obsessionnelle de la composition des aliments
- Symptôme n°3 : Des règles de consommation strictes
- Symptôme n°4 : Les cérémonies alimentaires, entre ascétisme et obsession
- Symptôme n°5 : L’absence de plaisir à manger
- Symptôme n°6 : Le retrait social
- Symptôme n°7 : Des états anxieux envahissants
- Symptôme n°8 : Une rigidité excessive
- Symptôme n°9 : La prise de compléments alimentaires
- Symptôme n°10 : Une hypocondrie responsable de carences
Symptôme n°1 : Un régime alimentaire dichotomique et restrictif
Le régime alimentaire est le premier des symptômes de l’orthorexie le plus apparent. Celui-ci est établi en fonction d’une nourriture estimée comme saine et pure. Les catégories d’aliments sont classées de façon binaire en sain/nocif ou bon/toxique : cette échelle n’est ni objective, ni scientifique, elle est établie par la personne elle-même en fonction de ses recherches mais parfois aussi de son intuition ou des réseaux sociaux. Sa qualité de vie se dégrade depuis le début de ce régime.
Les valeurs curatives de certaines denrées relèvent d’ailleurs parfois de l’ordre du magique ou du purificateur. En effet, il existe tout un ensemble de théories qui ne sont pas validées scientifiquement : la « détox » ou le jeûne par exemple, dont les vertus sont vantées sans être prouvées.
En lien avec ces régimes, certains profils sont plus à risque de développer ce symptôme car ils ont déjà une tendance aux restrictions : les professionnels et les étudiants en nutrition et en diététique, les personnes pratiquant beaucoup de sport, les athlètes de métier, et les individus souffrant de troubles alimentaires. Aussi, les habitudes alimentaires peuvent jouer un rôle (suivre un régime végétarien ou végétalien par exemple).
Bon à savoir
Steve Bratman (médecin américain) parle d’orthorexia nervosa (dérivée d’anorexia ou bulimia nervosa) pour la première fois en 1997. Il crée un test en dix questions permettant de dépister et de mesurer le degré d’orthorexie.
Symptôme n°2 : Une analyse obsessionnelle de la composition des aliments
Symptôme de l’orthorexie, le temps passé à analyser les compositions alimentaires est conséquent. En moyenne, c’est plus de trois heures par jour qui sont consacrées à l’alimentation : scruter et décrypter les étiquettes des denrées, faire les courses, vérifier l’aspect qualitatif et la provenance des produits, anticiper, optimiser et élaborer les repas.
Il faut retenir que chez les personnes orthorexiques, il y a une véritable crainte d’être dans l’excès en consommant trop de produits malsains. Tous les repas sont donc planifiés et prévus, parfois bien à l’avance, pour être certain que le régime est respecté et que les apports sont adaptés : ainsi, l’anxiété est maîtrisée par cet apparent contrôle.
Ce qui justifie également tout ce temps passé à vérifier les compositions, c’est d’abord l’angoisse paranoïaque de l’empoisonnement, en lien avec une alimentation industrielle à grande échelle, l’absence de protection environnementale et l’ajout d’additifs parfois toxiques. Ainsi se rapprocher de l’origine du produit, être au plus près des circuits de production peut rassurer tout comme permettre de s’identifier en personnalisant ses choix d’alimentation.
Enfin, on note également la peur du manque, pas tant d’un point de vue quantitatif, mais qualitatif : ne pas avoir assez de vitamines, sels minéraux, antioxydants et oligoéléments… D’où ce besoin excessif de tirer le meilleur des aliments en analysant scrupuleusement les étiquettes.
Symptôme n°3 : Des règles de consommation strictes
Troisième symptôme de l’orthorexie : les règles de consommation strictes et contrôlées. Elles sont instaurées quant au choix des aliments, la façon de les cuire, de les accommoder et de les manger. Elles font limiter la consommation de sel, de matières grasses et de sucre et favorisent entre autres les produits d’origine biologique sans pesticides ou non transformés.
À titre d’exemple, certains légumes cuits une minute de trop ne seront pas consommés. De même concernant la cueillette : des végétaux sortis de terre depuis une vingtaine de minutes peuvent être considérés comme nocifs.
Du fait des injonctions sociétales, on associe un corps sain à un corps svelte. En ce sens, l’orthorexique a tendance à rechercher un physique qui s’en rapproche et à vouloir rester mince. À cet effet, des pratiques compensatoires peuvent être réalisées pour se « purifier » ainsi qu’en cas de non-respect des règles alimentaires.
En effet, dans certains cas, les individus vont employer des méthodes de purification comme le jeûne alimentaire s’ils ont ingéré une nourriture considérée comme n’étant pas saine. Des « détox » et autres diètes sont également possibles, afin de libérer le corps de ce qui l’intoxiquerait.
Les restrictions cognitives et alimentaires étant extrêmement fortes dans l’orthorexie, il est possible que des crises de compulsions alimentaires surviennent. À force de se priver, le corps réclame ce dont il manque, ce qui entraîne les accès hyperphagiques ou boulimiques.
Bon à savoir
Une personne souffrant d’anorexie mentale peut avoir des comportements orthorexiques.
Pour certains auteurs, l’orthorexie permettrait de sortir de l’anorexie en se juxtaposant à elle, l’orthorexie étant plus acceptée socialement. À l’inverse, elle pourrait aussi amener vers une anorexie et en deviendrait donc une nouvelle forme.
Aujourd’hui, les experts de la santé mentale vont principalement dans le sens d’un trouble du comportement alimentaire, voire une sous-catégorie d’anorexie mentale.
Symptôme n°4 : Les cérémonies alimentaires, entre ascétisme et obsession
Les cérémonies alimentaires sont un symptôme supplémentaire de l’orthorexie. Elles s'apparentent à des sortes de rituels diététiques desquels la personne orthorexique ne peut déroger sous peine d’enfreindre ses propres règles, ce qui va engendrer de l’anxiété.
Une orthorexie sévère peut se comparer à une forme d’ascétisme religieux dont le culte serait voué à la nourriture saine, et chaque écart sévèrement puni. Manger sain revêt presque un aspect spirituel et un état monacal, à la recherche d’une forme de pureté.
Mais derrière cet extrémisme alimentaire se cachent de véritables obsessions. Les rites et autres cérémoniaux s’incarnent dans le comptage de calories, la pesée des quantités au gramme près ou encore la mastication : il s’agira par exemple de mâcher un certain nombre de fois précisément chaque bouchée.
Lorsque ces pratiques ne sont pas respectées (par simple oubli ou préoccupation) les conséquences varient : le repas peut être annulé ou jeter à la poubelle, une période de diète ou de purification peut suivre. En résulte souvent une autodépréciation marquée, fragilisant l’estime de soi au passage.
Les personnalités ayant des traits obsessionnels rigides pratiquant déjà des ritualisations, du contrôle, des vérifications, seront forcément plus à risque sur ce symptôme orthorexique.
Libérez-vous des chaînes du trouble du comportement alimentaire !
Cette fiche vous aide à retrouver une relation saine avec la nourriture et votre corps. Découvrez comment retrouver l'harmonie intérieure et cultiver une image corporelle positive.
Symptôme n°5 : L’absence de plaisir à manger
Symptôme de l’orthorexie, le fait d’accorder plus d’importance aux valeurs nutritionnelles qu’au plaisir de la nourriture elle-même est très présent dans le trouble. Savourer est mis au second plan, la nourriture possède un rôle médicamenteux, il n’est plus question de consommer de façon variée, mais simplement de manger pour ingérer la bonne quantité de nutriments nécessaires à un fonctionnement optimal.
Plaisirs et désirs sont mis de côté au profit d’une alimentation saine exclusivement, même si celle-ci ne répond pas aux goûts de la personne. L’alimentation est pensée en vitamines et en minéraux. Il y a seulement une forme de plaisir et de contrôle apaisant à partir du moment où les règles sont respectées : l’exigence envers soi est très élevée et manger sain vient renforcer l’estime personnelle.
À l’inverse, en cas de non-respect des règles alimentaires, la culpabilité est envahissante. Pour éviter de s’en vouloir, certaines personnes orthorexiques vont employer des comportements restrictifs et ne plus se nourrir, ces actes se rapprochant une fois de plus de l’anorexie. Pour d’autres, c’est de la bigorexie dont elles vont dépendre, satisfaisant leur recherche d’un corps en parfaite santé grâce au sport.
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Symptôme n°6 : Le retrait social
L’isolement est un symptôme de l’orthorexie assez dangereux. En effet, il a tendance à venir renforcer la personne dans son trouble et provoquer des effets secondaires comme un état dépressif.
Le retrait social est d’abord en lien avec une peur du jugement qui est fortement présente : jugement du corps par une société où le culte de la minceur est partout, prônant la parfaite santé, où la maladie (physique et mentale) n’a pas sa place.
Il s’agit aussi d’une appréhension d’être jugé moralement sur une consommation qui ne serait ni éthique ni de qualité, alors que l’individu orthorexique met tout en œuvre pour atteindre cet idéal.
L’isolement s’instaure également pour ne pas avoir à déroger aux rituels, aux habitudes et aux règles que la personne s’impose : en effet, cela serait source d’une anxiété importante à gérer en plus d’une perte de contrôle impensable à supporter.
Elle peut donc aller jusqu’au refus de déjeuner à l’extérieur ou chez l’entourage, et si cela ne peut pas être contourné, alors le repas est apporté par la personne elle-même, quitte à ne pas manger comme les autres. Tout est anticipé et calculé pour ne pas avoir à se nourrir « n’importe comment ».
Cependant, à force l’entourage en vient à s’interroger, à questionner voire à mal le prendre, ce qui entraîne parfois à des situations de conflit.
Symptôme n°7 : Des états anxieux envahissants
L’anxiété est un symptôme de l’orthorexie présent systématiquement. De l’angoisse est générée à l’idée de devoir absorber de la nourriture qui ne serait pas saine et de ne pas pouvoir l’éviter.
La personne n’est plus maîtresse de ses choix, le plaisir n’est plus présent en mangeant. Le contrôle démesuré engendre du mal-être. L’orthorexique est une personne qui ne mange pas ce qu’elle considère comme malsain. Ainsi, si elle mange un aliment ne répondant pas à ses critères, elle ressent de la frustration voire de la culpabilité.
On retrouve donc, comme dans beaucoup de TCA, d'une alimentation basée sur les émotions dont la gestion est bien souvent mal réalisée.
Mais bien que ce trouble obsessionnel alimentaire ait des points communs avec l’anorexie (comme la recherche constante du contrôle, l’instauration d’une autodiscipline stricte et la perte de poids) il ne se développe pas dans l'unique objectif du contrôle de l'image du corps.
Il s'agit en fait d'un moyen de pallier un fort sentiment d'anxiété grâce à la mise en place des rituels alimentaires. L'angoisse s'apaise en focalisant toute son attention sur l’alimentation.
Cependant, dans certains cas des phobies alimentaires sont susceptibles de se développer comme la peur des fruits ou de toutes nourritures possédant des trous à répétition (le gruyère par exemple).
Symptôme n°8 : Une rigidité excessive
La rigidité est un symptôme de l’orthorexie. Le discours est fermé et manque de souplesse sur le sujet de l’alimentation saine et amène parfois à des conflits et des jugements de valeur.
D’une part, l’entourage peut avoir du mal à comprendre un tel parti pris (car il peut sembler excessif et dangereux, notamment quand la perte de poids est conséquente et que le temps passé autour de l’alimentation devient exagéré).
La personne orthorexique cède rarement et face à la maladresse d’un entourage inconscient du trouble, la rigidité devient de plus en plus forte, renforçant l’enfermement dans la maladie.
D’autre part la personne orthorexique elle-même est en proie à ses propres jugements de valeur à l’égard de la façon dont les autres s’alimentent. En famille elle n’hésite pas à imposer ses règles ou à juger sévèrement ceux qui y dérogent ou ne suivent pas ses préceptes autour de la nourriture.
De même, elle peut refuser toute remise en question autour des prétendues qualités de tel produit ou tel aliment, malgré les preuves que ceux-ci ne possèdent aucune des vertus annoncées.
En lien avec ces attitudes rigides, certains traits de personnalité ressortent particulièrement : les narcissiques et perfectionnistes, avec une instabilité émotionnelle et les phobiques avec des évitements et des angoisses.
Symptôme n°9 : La prise de compléments alimentaires
Les compléments alimentaires sont symptomatiques de l’orthorexie. En effet, afin d’atteindre la perfection dans cette démarche du sain à tout prix, la supplétion en vitamines et autres compléments alimentaires n’est pas rare. Il peut s’agir de compléments classiques accessibles en pharmacie ou sur simple demande auprès du médecin, comme du magnésium par exemple.
L’objectif sera soit d’équilibrer certains manques en lien avec une nourriture finalement génératrice de carences soit d’ajouter divers minéraux, vitamines et probiotiques pour parfaire le régime mis en place.
Toutefois, certains de ces traitements ne sont pas toujours pertinents ni adaptés et peuvent même être dangereux (un abus de vitamine D par exemple).
De plus, il n’est pas rare que ces compléments soient mis en avant sur les réseaux sociaux. En effet certains contenus orientés alimentation et régime participent au développement de l'orthorexie en relayant parfois des informations erronées sur l'alimentation. Ils invitent par ailleurs à la consommation de "super aliments" en ventant leurs bienfaits sur la santé.
Il existe également de nombreux placements de produits tels que les compléments alimentaires qui encouragent les personnes à remettre en question leurs habitudes et à consommer des produits de substitution.
Symptôme n°10 : Une hypocondrie responsable de carences
L’hypocondrie est l’un des symptômes de l’orthorexie. À l’origine, la personne orthorexique craint de tomber malade. Elle espère se protéger en se nourrissant de la meilleure façon possible.
Mais ce fond hypocondriaque continue de demeurer en cohabitation avec le trouble. L’individu peut être convaincu de souffrir de différentes maladies allergiques ou digestives (comme le syndrome de l’intestin irritable) et va donc refuser de consommer certains produits.
Cependant, créer des privations non adaptées (par exemple en éliminant le gluten ou le lactose sans y être allergique ni même intolérant) conduit à des déséquilibres, des carences et dans certains cas à une sous-nutrition. De véritables pathologies peuvent alors se développer.
Les complications dépendront de la gravité de l’affection et des interdictions mises en place lors de la diète :
- Perte de poids, de masse grasse, voire une fonte musculaire
- Dérèglement hormonal provoquant dans certains cas une aménorrhée
- Manque d’énergie, affaiblissement général, fatigue, asthénie
- Impact sur le cœur et le rythme cardiaque
- Cachexie et dans les cas extrêmes, décès
Souffrez-vous d'orthorexie ?
Vous éprouvez un doute quant à votre comportement alimentaire actuel et vous pensez être orthorexique ?
Comment soigner l'orthorexie ?
Ce qui peut sembler sain ne l’est pas forcément. L'orthorexie est une conduite alimentaire atypique, provoquant une fascination pour la nourriture saine, créant parfois le mal-être, la dénutrition et l’isolement.
C'est pourquoi, elle doit être prise en charge, d’autant plus lorsqu’elle entraîne une souffrance forte ou des répercussions somatiques dangereuses.
Même si ce trouble n’est pas reconnu en tant que pathologie, cela ne doit pas freiner les personnes en souffrance à se rapprocher d’un professionnel de santé ou à en parler avec un tiers de confiance.
1-Bénéficier d'un accompagnement médical et thérapeutique adapté
Un accompagnement adapté c’est un protocole spécifique permettant de concevoir le fonctionnement et les mécanismes ainsi que l’origine du développement du trouble.
Comme pour chaque traitement des pathologies liées à l'alimentation comme l'hyperphagie, l'anorexie ou la boulimie, il est primordial que la personne se sente en sécurité, comprise et libre d’extérioriser ce qu’elle vit afin d’appréhender ce qui se joue en elle pour travailler et avancer vers la guérison.
Un suivi pluridisciplinaire est essentiel : généraliste, psychiatre ou psychologue, mais aussi nutritionniste spécialisé en orthorexie, favorisant l’éducation nutritionnelle et la levée des croyances autour de l’alimentation.
La recherche d’autres troubles associés (trouble de l’humeur, trouble de l’anxiété, trouble obsessionnel-compulsif) et des séquelles somatiques (perte de poids, carences…) permet d’affiner le diagnostic.
2- Réapprendre à manger sans angoisse
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) aident à déconstruire le système de pensées problématiques, permettant de réintroduire certains aliments, de redevenir libre et de prendre du plaisir à manger. Dans le trouble alimentaire, seront étudiées les situations de crise, les réflexions symptomatiques et les comportements douloureux.
Les TCC sont les thérapies qui obtiennent les meilleurs résultats sur les troubles, que ce soit l'anorexie, l'hyperphagie ou la boulimie. En conséquence, elles sont fortement conseillées en première intention.
Quand la personne souffrant d’orthorexie, est face à une circonstance anxiogène, elle trouve le réconfort et la réassurance dont elle a besoin en contrôlant son alimentation. Les TCC vont identifier le cercle vicieux dans lequel elle est bloquée, afin de comprendre ce qui est en jeu pour mieux limiter la symptomatologie et les risques associés.
La psychothérapie accompagne pour se défaire de l’obsession, pour laisser le contrôle de soi décider de ses envies et de ses désirs, sans frustration ni culpabilité.
Il s’agit, comme dans le traitement des TOC ou des TCA, de réduire les comportements inadaptés ainsi que les compulsions, tout en diminuant l’anxiété : travailler sur les pensées pour apprendre à modifier les conduites.
Cela peut se faire avec des exercices afin de se confronter aux situations douloureuses, mais aussi par de la relaxation ou des jeux de rôles. À terme, le fonctionnement automatique qui s’enclenchait auparavant de façon systématique se défait, pour libérer de l’espace mental et de la place psychique.
En seconde intention, la recherche de l’origine du trouble est alors possible : par exemple, avec une thérapie intégrative ou la psychanalyse, la thérapie par l'EMDR, l'hypnose…
Bon à savoir
Concernant le traitement de l’orthorexie chez les jeunes, et en particulier des enfants, l’accompagnement est différent car les TCC ne sont pas adaptées, le fonctionnement cognitif n’étant pas encore assez développé pour déconstruire des schémas de pensée.
Un enfant qui endure un trouble alimentaire se trouve généralement dans une situation anxiogène et dans un environnement insécure, il a besoin de réassurance et s’il est orthorexique, cela passe par le contrôle de ce qu’il mange.
La thérapie peut se faire de manière intégrative avec des outils comme le dessin, la peinture, l’écriture (s’il est en âge d’écrire) et les jeux symboliques, pour comprendre l’origine de l’affection (une peur, un manque de cadre ou un mimétisme…).
3-Pratiquer la pleine conscience pour recréer un lien avec son corps
La méditation, l’art-thérapie ou encore la pleine conscience sont extrêmement intéressantes à exploiter, car l’orthorexie est régie par l’anxiété et la rigidité : sortir du cadre, à ne plus s’y enfermer et à ne plus se poser de limites, en étant ni dans l’anticipation ni dans le contrôle, permet de se confronter avec ce qui effraie le plus l’individu, à savoir le lâcher-prise.
Ces différentes pratiques aident à retrouver prise sur soi, sur le temps et ses sensations. Recréer le lien avec son corps est essentiel, dans la mesure où la dissociation est forte et le plaisir est absent, il est étouffé sous le contrôle permanent. S’autoriser à l’écouter en acceptant à nouveau des aliments interdits fait partie du chemin de la guérison de l'orthorexie.
Quant au yoga et à la naturopathie, ce sont là aussi deux pistes à étudier, car la personne va réinvestir d’autres pans que la nourriture.
Évidemment il est nécessaire de rester vigilant pour ne pas obtenir l’effet inverse, à savoir se focaliser de nouveau de manière excessive sur la nutrition ou sombrer dans des pratiques compensatoires extrêmes avec le sport.
4- Suivre un traitement médicamenteux pour soulager les symptômes
Le traitement de l’orthorexie par la médication intervient uniquement pour soulager certains symptômes (dépression, anxiété, TOC) et non pas l’orthorexie en elle-même. C’est une béquille chimique temporaire.
Il faut sortir de l’enfermement progressivement, manger pour vivre et réapprendre à satisfaire les signaux. Recréer du lien et mettre des mots sur ce que l’on ressent est essentiel.
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5- En parler autour de soi avec ses proches
En tant que proche, aider est possible, mais cela est parfois compliqué. En effet, sans répercussion physique ou détresse psychique, il est difficile pour les malades d’admettre leur trouble, car leur alimentation leur semble saine, un déni est probable.
Pourtant, les orthorexiques ont conscience des mécaniques en jeu. Le principal pour se sentir aidé est d’être soutenu correctement et de parvenir à communiquer sur le sujet.
C’est à la personne malade d’enclencher la démarche. Parler du trouble en tentant, par exemple, d'expliquer ce qu'elle ressent quand elle mange à un proche de confiance, lui permettra progressivement de conscientiser ses comportements.
En tant que proche, il s’agit d’être à l’écoute, d'être bienveillant, de se placer dans une posture de non-jugement, en lui demandant ce dont elle a besoin, sans la forcer à modifier ses comportements.
Si la personne orthorexique sent de la part de son entourage un jugement quand elle essaye de s'expliquer, cela peut avoir l'effet inverse de celui escompté. En effet, cela pourrait provoquer en elle de la honte et de la culpabilité, consolidant de ce fait son anxiété et ses conduites pathologiques.
Un risque de repli sur elle-même est également présent, puisque se sentant incomprise, elle finira probablement par ne plus vouloir en parler.
À retenir
Le manque de littérature, de recherches et de données actuelles ne permet pas de valider un diagnostic clinique du trouble orthorexique. Pourtant il est possible de définir le trouble comme la quête obsessive d’une alimentation saine, pouvant évoluer en un trouble maladif appelé également orthorexie nerveuse.
Cette dernière cause des peines psychiques et des complications somatiques. Il s'agit d'un trouble du comportement proche de l’anorexie mentale, que l’on retrouve de plus en plus en consultation. Cette quête de pureté nutritionnelle médicalise la nourriture pour en extraire uniquement les vertus et les bénéfices. Le plaisir disparaît, au profit d’un hypercontrôle alimentaire rigide et obsessionnel.
Les injonctions reçues au quotidien favorisent la dissonance : la société projette des corps minces et musclés, représentant des modèles d’hygiénisme à atteindre tandis que certains mouvements comme le "body positivisme", enjoignent à accepter les corps tels qu’ils sont.
Les TCA sont généralement associés à un sentiment de dégoût, ce qui encourage le tabou autour d’eux. Prévenir l’orthorexie c’est en parler ouvertement pour lever ce tabou : comment se manifeste-t-elle, quels en sont les symptômes et les comportements ? Mais il est aussi essentiel de rappeler que la souffrance est très intense et que ce trouble doit faire l’objet d’avancées dans le monde de la recherche.
Lorsque la place donnée à l’alimentation devient trop importante, il est nécessaire de pouvoir consulter. L’orthorexie se guérit. Si vous pensez en souffrir, n’attendez plus et prenez contact avec notre équipe experte en troubles du comportement alimentaire afin de trouver, ensemble, le protocole qui sera le plus adapté à vos besoins.
Au-delà d'identifier les causes à l'origine de la boulimie, de l'anorexie, de l'hyperphagie ou de l'orthorexie dont vous souffrez peut-être, nos psychologues vous apporteront des clés concrètes avec des exercices pratiques pour vous en sortir.