Suis-je anorexique ?
Vous pensez être atteint d'un trouble alimentaire et en particulier d'anorexie mentale ?
Les conséquences physiques et psychologiques de l'anorexie
Aggravation principale du trouble des conduites alimentaire, la dénutrition dans le cas de l'anorexie, qui engendre une perte des masses grasse et musculaire, induit des complications au niveau des muscles, de la peau, des hormones et des os.
La majorité des grandes fonctions du corps et du cerveau est impactée et cela occasionne des perturbations psychiques.
Ainsi, les conséquences de l'anorexie nerveuse sont les suivantes :
- Une baisse de la température corporelle
- La perturbation du cycle menstruel
- Le développement de trouble de la libido
- Une dévalorisation de l'image de soi
- Le repli sur soi
- Des troubles digestifs
- Les troubles de la concentration
- Un dysfonctionnement des systèmes
- Des distorsions cognitives
- Les risques de maladies chez la femme enceinte et son enfant
- La mortalité de l'anorexie
Conséquence n°1 : Une baisse de la température corporelle
Les différents comportements compensatoires purgatifs et l'arrêt alimentaire entraîne une fonte graisseuse, responsable d'une baisse de la température corporelle. De ce fait, une personne touchée par l'anorexie nerveuse a souvent très froid en permanence.
Les glucides qui sont la source principale d’énergie et qui permettent au corps de fonctionner, ne sont plus ingérés en quantité suffisante. En conséquence, le corps exploite les réserves de graisse en sa possession : l’amaigrissement s’opère et la couche de graisse essentielle à la régulation naturelle de la température du corps fond.
Une hypothyroïdie fonctionnelle s’installe alors pour diminuer la dépense d’énergie corporelle, et ralentir la baisse de poids des personnes touchées par la maladie.
C’est ce qui va engendrer l’abaissement de la température interne (hypothermie) et donc ce symptôme de l'anorexie qu'est la frilosité.
Un fin duvet, le lanugo apparaît sur l'ensemble du corps, dont l’objectif est d’aider à lutter contre le froid.
L'hypothyroïdie est une conséquence de l’anorexie et se soigne ici sans traitement : la renutrition augmente le taux hormonal sous trois à quatre semaines, favorisant la disparition des symptômes.
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Bon à savoir
Le lanugo disparaît dès lors que la personne surmonte son anorexie.
Le lanugo survient en tant que mécanisme de protection du corps pour maintenir sa chaleur. Pendant l'anorexie, le duvet se crée, car la peau n'arrive plus à tenir son rôle de maintien de chaleur par manque de tissu graisseux.
Lorsque la personne retrouve un poids correct, alors la peau peut de nouveau effectuer son rôle correctement.
Conséquence n°2 : la perturbation du cycle menstruel
L’aménorrhée est une conséquence directe de l’anorexie : il s’agit d’une interruption des règles pendant au moins trois cycles (dans le cas d’une menstruation régulière déjà installée).
Les carences en protéines provoquées par la dénutrition, associées à la fonte des tissus adipeux, entraînent une diminution de la sécrétion hormonale responsable du cycle menstruel.
On parle d’anovulation hypothalamique fonctionnelle. Sous contraceptifs, l’aménorrhée est masquée : les règles de privation sont déclenchées par les hormones.
L’anorexie mentale, par les carences, la fonte graisseuse et l’interruption des cycles hormonaux, favorise fortement la déminéralisation osseuse et l’ostéoporose.
C’est d’ailleurs la complication la plus fréquente. Cette dégradation augmente le risque de fractures dites anormales, à la suite d’un choc ou d’une chute minime. Plus la maladie dure dans le temps, plus l’ostéoporose s’installe et s’aggrave.
Bon à savoir
En reprenant une alimentation saine, avec un IMC qui remonte autour de 18 - 18,5 kg / m2, les règles peuvent revenir, mais pour cela, la masse grasse doit aussi être suffisamment développée.
Les possibilités de tomber enceinte sont minimes lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) est en dessous de 17 kg / m2.
Conséquence n°3 : le développement de trouble de la libido
Les conséquences de l’anorexie nerveuse sur le dérèglement hormonal vont avoir un impact au-delà des règles. En effet, la baisse du taux d’hormones à des répercussions sur le désir sexuel.
Une sécheresse vaginale est courante, rendant les rapports douloureux.
Des troubles d’anorgasmie sont possibles. L’épanouissement sexuel est donc fortement freiné.
La personne souffrant de ce trouble alimentaire étant en recherche constante de contrôle, cela va à l’encontre de la sexualité, car l’intimité requiert d’être dans une forme de vulnérabilité et de savoir lâcher-prise, et par conséquent de perdre le contrôle. Se dévoiler est difficilement envisageable.
L’insatisfaction renvoyée par l’image du corps déformé trouble profondément l’estime de soi et rend la nudité face à l’autre très douloureuse.
Dès lors, la sexualité est souvent évitée, afin de ne pas dévoiler son corps. Cependant, lorsque des relations ont lieu, cela se passe généralement dans le noir ou en conservant des vêtements, pour cacher certaines parties et ne laisser transparaître que très peu de soi.
Chez les hommes anorexiques, la bigorexie (addiction à l’activité physique) induit un dysfonctionnement érectile ou des difficultés pour éjaculer.
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Conséquence n°4 : une dévalorisation de l’image de soi
La satisfaction concernant l’image du corps influence l’estime de soi de façon globale. Même lorsque l’investissement intellectuel est présent (permettant une excellente adaptation scolaire ou professionnelle) l’image du corps reste au centre des préoccupations de l’individu.
L’image corporelle est définie par deux composantes : la perception que l’on en a, et les sentiments que l’on éprouve à son égard.
Dans le cas de la première composante, c'est notamment la capacité à évaluer correctement les proportions corporelles : cette capacité est faussée chez la personne malade (elle surestime sa silhouette en se voyant plus grosse qu’elle ne l’est), ce qui va renforcer l’insatisfaction à l’égard du corps.
Les troubles de l’image sont en lien avec l’insatisfaction corporelle et les croyances négatives sur l’apparence, qui entretiennent des sentiments de honte, de culpabilité et de tristesse.
L’insatisfaction naît de l’écart que ressent la personne au regard de ses exigences physiques : il s’agit de la discrépance entre le corps réel et le corps rêvé, et plus le corps idéalisé s’éloigne du corps vrai, plus l’insatisfaction est vive, ce qui engendre une détresse émotionnelle intense et donne lieu à une privation alimentaire, comme dans le cas des autres TCA.
L’image de soi est déformée et dévalorisée, aggravant le manque d’estime personnelle, sentiment qui se renforce au fil du temps passé en présence de la maladie.
Conséquence n°5 : le repli sur soi
Sur le plan psychologique, l’individu est en proie à des rituels et ses attitudes sont rigides. Des traits obsessionnels-compulsifs, souvent orientés autour de la nourriture, font naître des préoccupations obsédantes.
L’humeur est impactée : on constate une hyperémotivité et même une forme d’impulsivité pouvant aboutir à des comportements agressifs, envers les autres ou envers soi-même. La scarification dans l'anorexie nerveuse est notamment courante.
L’anxiété ainsi que des troubles du sommeil sont également souvent présents ainsi que la dépression, à laquelle s’ajoutent parfois des idées noires. La vie sociale s’appauvrit, car toute l’activité et l’attention de la personne sont focalisées sur le contrôle du corps et la perte de poids.
Le repli sur soi éloigne de tout, allant jusqu’à créer une rupture avec l’école ou le travail. L’enfermement dans le trouble se renforce, l’entourage ne comprenant pas la situation de déni dans lequel la personne souffrant d'anorexie nerveuse évolue.
La phobie sociale émerge parfois. Le désintérêt l’emprisonne, tout tourne uniquement autour de la faim et du poids.
Conséquence n°6 : des troubles digestifs
Les troubles fonctionnels digestifs sont une conséquence fréquente de l’anorexie nerveuse.
Les plus courants sont :
- la constipation
- le ralentissement de la vidange gastrique
- le reflux gastro-œsophagien
Chez les malades anorexiques souffrant de crises de boulimie suivies de vomissements, les reflux acides sont bien plus présents.
Les pratiques purgatives vont altérer les muqueuses digestives : des ulcérations sont possibles tout comme une rupture gastro-intestinale. Des problèmes dentaires apparaissent également (érosion de l’émail, caries, déchaussement des dents…).
Enfin, la digestion est fortement perturbée avec des nausées, des douleurs, des brûlures, des gaz intestinaux et des ballonnements. Le ventre est parfois gonflé.
L’utilisation de laxatifs irritants provoque des diarrhées pénibles et induit aussi des complications : par exemple, une atonie intestinale occasionnant déshydratation et œdèmes.
L'anorexie a-t-elle des répercussions sur le fonctionnement du cerveau ?
Oui, l’anorexie est responsable de conséquences neurologiques et cognitives. En faisant l’expérience de la sous-alimentation, le cerveau est touché dans l’ensemble de ses fonctions exécutives.
Conséquence n°7 : les troubles de la concentration
Privé de micronutriments, le cerveau fonctionne plus lentement et éprouve des difficultés cognitives, il est moins performant. Sa capacité de concentration s’en trouve perturbée.
Des problèmes de mémorisation et des troubles de l’attention sont fréquents, même si la personne surinvestit intellectuellement une activité, comme ses devoirs ou son travail. Cela lui demande beaucoup d’énergie et bouleverse son humeur, qui devient changeante.
Conséquence n°8 : un dysfonctionnement des systèmes
Avec l’installation du trouble, le corps modifie certains de ses fonctionnements naturels : régulation de l’appétit et système cérébral de récompense.
L’endorphine, qui se libère normalement face à des aliments alléchants, s’active maintenant lors des phases de restriction, de jeûne et de pratique sportive.
Ce dysfonctionnement renforce ces pratiques délétères en les appelant et en les perpétuant, confortant l’individu dans son besoin de contrôle du corps et de quête de maigreur.
Conséquence n°9 : des distorsions cognitives
L’envahissement démesuré de la pensée par la nourriture et les préoccupations obsessionnelles autour de l’image du corps transforment la perception corporelle : on parle de distorsion cognitive.
Les personnes, souvent cachectiques, sont persuadées d’être trop grosses. Des croyances fausses accompagnent les distorsions, notamment sur les conséquences directes des aliments sur le corps.
D’un point de vue neuropsychologique, les évaluations expliquent cela par une attention excessive portée aux détails, une flexibilité mentale diminuée, une difficulté à synthétiser l’information ainsi qu’une perception de soi et une expression des émotions altérée.
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Les risques de la maladie sur la femme enceinte et son enfant
La maladie a également des conséquences sur la grossesse. La grossesse est possible, même si la fécondité diminue généralement de 90 %. Celle-ci sera dite à risque, comportant des conséquences néfastes pour la mère comme pour son enfant.
Lorsque l’anorexie nerveuse se fait de façon précoce, au début de la grossesse, la survenue d’une fausse couche est augmentée.
Les complications et les risques liés à l’anorexie pour la mère sont nombreux :
- Anxiété
- Stress et états dépressifs accrus
- Pertes de connaissance
- Anémie
- hypotension
- Asthénie
- Décès lors de l’accouchement
Le fœtus et l’enfant quant à lui subira :
- Un retard de croissance
- Une hypertrophie
- Des malformations néonatales internes et externes
- Une naissance prématurée
- Un poids de naissance très petit
- Un retard de poids par la suite, avec parfois des difficultés à se nourrir
- Des troubles métaboliques (hypertension artérielle, diabète)
Après l’accouchement, la dépression du post-partum est très intense, tout comme la fatigue et les troubles du sommeil. Les conséquences physiologiques de la dénutrition n’aidant pas à maintenir l’équilibre émotionnel.
Les personnes endurant un TCA ont plus de risques de développer des comportements restrictifs envers leur enfant, qui sera plus à même de souffrir d’un trouble de l’alimentation en vieillissant.
La mortalité, conséquence ultime de l'anorexie
L’anorexie mentale est mortelle : c’est la maladie psychiatrique causant le plus de décès.
Lorsque le corps a consommé toutes les graisses et les muscles, il commence à attaquer les organes pour tenir. À un stade avancé, le foie et les reins vont se dégrader et provoquer une atteinte rénale ainsi qu’un dysfonctionnement hépatique.
La sous-alimentation, parfois associée aux comportements purgatifs, occasionne des situations dramatiques où le pronostic vital de la personne est engagé.
Les malades peuvent décéder :
- D’une dénutrition extrême (lorsque l’indice de masse corporelle est inférieur à 10)
- D’une complication somatique grave du rythme cardiaque
- D’un suicide : le risque suicidaire chez les personnes touchées par l'anorexie nerveuse est élevé
Enfin, les troubles hydroélectrolytiques (déséquilibre des rapports entre le sodium, le calcium, le magnésium et l'eau dans le corps) sont une complication de l’anorexie sévère qui peuvent également conduire à la mort de la personne. Celles pratiquant des comportements compensatoires sont par ailleurs plus à risque.
L’hypokaliémie est le trouble électrolytique le plus dangereux pour les malades. Lorsque la kaliémie descend en dessous de 2,5 mmol/L alors des conséquences sévères peuvent se manifester au niveau du rythme cardiaque. Le cœur est perturbé, affaibli, et risque de s’arrêter à tout moment.
À retenir
L'anorexie nerveuse entraîne de très nombreuses conséquences sur la qualité de vie de la personne. Elles peuvent être d'ordre psychologique, physique, sociale ou encore neurologique.
Lorsque l'anorexie n'est pas prise en charge, ce trouble alimentaire entraîne la mort.
Quand le risque vital est élevé, l’hospitalisation est impérative, que ce soit pour des raisons liées aux complications somatiques ou au risque suicidaire.
Toutefois, si la prise en charge de l'anorexie nerveuse est précoce alors la guérison sera favorisée et permettra de prévenir la progression vers une anorexie chronique (au-delà de cinq ans). Ainsi, la survenue des complications est réduite, de même que les rechutes.
Guérir de ce trouble est possible. Deux tiers des patients sont soignés après cinq années d’évolution. Si vous pensez en souffrir n’attendez pas pour en parler à un proche de confiance, une association d’entraide ou à un professionnel de santé.