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Néophobie alimentaire adulte : comment soigner la peur de manger certains aliments ?

La néophobie, qui touche plus de 2 enfants sur 3, ne consiste pas qu'à avoir peur des aliments inconnus mais aussi à en rejeter certains, non par peur, mais par dégoût, déplaisir. Quel est donc ce trouble alimentaire qui occasionne la peur de manger de la nourriture inconnue et le rejet de certains aliments ? Découvrez, dans notre article, ses origines, ses conséquences ainsi que les solutions pour le traiter.

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Rédaction par Margaux

Rédactrice web

7 min

Publié le June 9, 2023 (modifié le December 14, 2023)

comment soigner la néophobie alimentaire ?

Ai-je un trouble de l'alimentation ?

Vous êtes angoissé lorsque vous devez goûter un nouvel aliment ?

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La néophobie alimentaire de l’adulte : causes et conséquences

La néophobie alimentaire est la peur de manger de nouveaux aliments. Aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, ce trouble alimentaire engendre une réticence à goûter de la nourriture inconnue chez les personnes touchées. Dans certains cas, elles acceptent de goûter, mais, bien souvent, elles ne réitèrent pas leur action, car elles ont tendance à trouver ces nouveaux aliments désagréables de par leur goût ou texture.

Les origines du rejet alimentaire

Les causes de la néophobie alimentaire chez l’adulte peuvent être multiples :

  • Le facteur génétique
  • Les facteurs environnementaux
  • La culture
  • Un éventuel traumatisme


Pour bien comprendre l’origine de ce rejet alimentaire, il est essentiel d’explorer en profondeur les comportements alimentaires de cette personne, aussi bien à l’âge adulte que pendant l’enfance :

  • Est-ce lié à un traumatisme ?
  • Est-ce d’ordre psychique ou physiologique ?


Chez les femmes, on constate que l’apparition de cette phobie provient davantage d’un facteur génétique, contrairement aux hommes où les causes seraient d’ordre environnemental.
L’environnement familial peut provoquer des déséquilibres alimentaires chez l’enfant et se poursuivre à l’âge adulte. À titre d’exemple, il se peut que vous ayez une réticence face aux nouveaux aliments pour vous opposer à vos parents et ainsi attirer leur attention.
De plus, il se peut que vous préfériez consommer des aliments que vous connaissez afin de vous sentir en sécurité.

Le saviez-vous ?

La néophobie alimentaire peut provenir d’un traumatisme pendant l’enfance. Il peut s’agir d’un étouffement, d’une peur de vomir, d’une mauvaise ingestion des aliments, d'un contexte familial perturbé au moment des repas ou encore des remarques sur le poids et la façon de consommer.

Les conséquences

Comme pour les troubles du comportement alimentaire, les conséquences sur la santé peuvent être nombreuses : Carences Malnutrition Troubles somatiques : reflux gastro-oesophagien, ballonnements, intolérance alimentaire… Comorbidité psychique et psychiatrique Conséquences psychologiques : isolement social, anxiété


Ce désordre alimentaire peut occasionner plusieurs problèmes de santé chez une personne tels que l’asthénie, des fragilités physiques, une dénutrition liée à des carences nutritionnelles, un IMC bas…
Cette phobie d’ingurgiter de nouveaux aliments peut provoquer des conséquences psychologiques sur la personne avec notamment un isolement social et des troubles anxieux. En effet, la néophobie chez l’adulte peut être un véritable frein dans le quotidien. À titre d’exemple, si votre famille ou vos amis vous proposent d’aller au restaurant, vous allez avoir tendance à trouver une échappatoire pour ne pas y aller, car vous avez peur d’être confronté à des aliments inconnus.
Cette situation provoque alors un isolement, car vous allez décliner les invitations de vos proches. De plus, il est fréquent que vous vous sentiez jugé par autrui parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi vous ne mangez pas davantage.
Il est donc fréquent de ressentir de l’anxiété lorsque vous mangez avec d’autres personnes.

Le saviez-vous ?

La néophobie peut également s’observer chez les personnes âgées. En effet, si la personne a des problèmes de dentition ou des troubles gastriques, elle va préférer éviter certains types d’aliments par peur des conséquences si elle les ingurgite.

Quelles solutions mettre en place pour dépasser le rejet et le soigner ?

Comme pour toutes les phobies, le rejet alimentaire peut être traité grâce à des solutions qui vont venir modifier le comportement alimentaire de la personne touchée. Bien souvent, un suivi psychologique est nécessaire afin d’apaiser les symptômes du trouble alimentaire.

Les différentes approches thérapeutiques pour surmonter la néophobie alimentaire

Bien que ce trouble soit encore peu évoqué aujourd’hui, la néophobie alimentaire chez l’adulte peut se soigner grâce à différentes approches thérapeutiques telles que :

  • La thérapie comportementale et cognitive
  • L'exposition progressive
  • L’hypnose

La thérapie comportementale et cognitive

Les phobies sont souvent associées à d’autres troubles tels que le TOC (trouble obsessionnel compulsif). De ce fait, une peur irrationnelle peut être traitée en utilisant une technique équivalente aux traitements des phobies à savoir la thérapie comportementale et cognitive.
Cette thérapie a pour objectif d’aider le patient à réduire son stress excessif lorsqu’il se retrouve confronté à sa peur. En réduisant ses angoisses, il va alors pouvoir faire face à son problème et être plus à même de le résoudre.
La TCC repose donc sur deux étapes majeures :

  1. Le néophobe, avec l’aide de son thérapeute, va chercher à trouver l’origine de sa phobie. En trouvant le point de départ de votre peur, vous pourrez plus facilement la surmonter.
  2. Une fois la cause trouvée, des exercices vous seront proposés par votre thérapeute pour combattre la néophobie alimentaire.


Cette psychothérapie va aider le néophobe à analyser la réaction de son corps lorsqu’il est confronté à un aliment inconnu. En comprenant sa réaction, il va pouvoir mieux la maîtriser et faire face à sa montée d’angoisse. Au même titre qu’un acrophobe aura peur du vide, un néophobe ressentira un pic de stress à sa confrontation avec un nouvel aliment.
Dans certains cas et en fonction de la gravité du trouble un traitement de fond peut être prescrit pour que la thérapie cognitivo-comportementale soit plus efficace. Il s’agit d’un traitement anti-dépresseur.

Le saviez-vous ?

Les TCC aident à résoudre divers troubles tels que :

L’exposition progressive

La seconde approche thérapeutique qui est bénéfique pour soulager un néophobe est l’exposition progressive. L’enjeu de cette pratique consiste à exposer la personne à une situation problématique, en l’occurrence un aliment inconnu, pour qu’elle se familiarise avec celui-ci. Lorsque la personne s’habitue à son objet phobique, elle va pouvoir diminuer la réponse anxieuse qui y est associée.
Plusieurs techniques d’exposition existent :

  1. L’exposition virtuelle : l’exposition aux stimuli anxiogènes se fait à travers des images, des vidéos ou avec un casque de réalité virtuelle.
  2. L’exposition situationnelle : elle permet à une personne phobique de s’habituer à une situation. Dans le cas d’une phobie alimentaire, il peut s’agir de manger en public, dans un restaurant, par exemple.
  3. L’exposition intéroceptive : le patient s’expose à des sensations qu’il redoute, par exemple, un aliment inconnu dans son assiette.
  4. L’exposition avec prévention de la réponse : le patient est exposé à sa phobie, mais le thérapeute l’empêche d’avoir une réponse ritualisée (crise d’angoisse, situation d’évitement…).


Pour aider au mieux un patient à surmonter sa peur panique des nouveaux aliments, l’exposition se fait de façon progressive. Peu à peu, le thérapeute va le confronter à sa phobie pour qu’il prenne conscience de ses réactions et puisse ainsi les modifier et les adapter.
L’exposition thérapeutique a de nombreux avantages puisque celle-ci est prévisible et donc contrôlable. Elle peut être réalisée de façon régulière afin d’habituer le patient à réagir face à des situations anxiogènes. L’enjeu de cette technique est de désensibiliser le néophobe.
À lire aussi : 21 psychothérapies et leurs bienfaits

L’hypnose

Enfin, l’hypnose est également un moyen efficace de lutter contre la néophobie alimentaire chez l’adulte. L’état hypnotique permet au thérapeute d’accéder au subconscient de la personne atteinte de cette phobie. Ainsi, il va pouvoir modifier les associations et les pensées qui créent la peur panique de manger de nouveaux aliments.
Si une personne claustrophobe associe l’enfermement à un danger, le néophobe, lui, considère un aliment inconnu comme un danger. Les origines de ces peurs viennent de votre subconscient. L’hypnothérapie est alors un bon outil pour soulager votre peur.
Au cours des séances d’hypnose, le thérapeute va retirer les associations qui nuisent au bien-être de son patient.
Les objectifs de l’hypnose sont de :

  1. Reprogrammer l’esprit du patient
  2. Changer les pensées et associations en lien avec la peur
  3. Reconstruire la confiance en soi
  4. Etablir un sentiment de contrôle face à sa peur


La phobie des aliments inconnus se construit à travers l’incapacité à gérer ses émotions qui provoque alors une perte de contrôle lorsque vous êtes confronté à votre peur.
Le thérapeute va alors aider son patient à comprendre ses réactions pour contrôler ses émotions. De plus, il va lui apprendre des techniques de relaxation qu’il pourra faire lui-même pour soulager son stress.

Conseils pratiques pour élargir votre panel alimentaire

Les néophobes mangent souvent les mêmes aliments et ont une alimentation peu variée. Toutefois, il existe quelques conseils pour élargir son panel alimentaire :
Dans un premier temps, vous pouvez essayer de manger des aliments qui vous donnent envie. Votre montée de stress face à ce nouvel aliment pourra être réduite si vous ressentez l’envie de manger cette nourriture en particulier.
Ensuite, il peut être efficace de manger des aliments qui ressemblent à ceux que vous mangez actuellement. Si la forme et la couleur sont ressemblantes, alors il vous sera plus simple d’y goûter, car vous l’associerez à quelque chose de familier.
Pour diversifier son alimentation à l’âge adulte, il est également possible de faire appel à un professionnel de la santé tel qu’un nutritionniste. Elle vous accompagnera pour lever votre blocage alimentaire.
De plus, en vous impliquant dans la préparation des repas, vous serez plus enclin à goûter un nouvel aliment puisque c’est vous qui l'aurez cuisiné et décidé de l’ajouter à votre recette.

A retenir

Si 77 % des enfants sont néophobes entre 2 et 10 ans, seules certaines personnes voient cette néophobie persister à l’âge adulte. Les conséquences sur la santé sont nombreuses et peuvent être d’ordre psychologique, psychique ou psychiatrique. Dans certains cas, l’anxiété d’être confronté à un nouvel aliment est tellement forte que la personne phobique s’isole pour ne plus avoir affaire aux jugements d’autrui.
Pour soulager ce trouble alimentaire, il existe des solutions :

  • pratiquer la thérapie cognitive et comportementale
  • tester l’hypnothérapie
  • se confronter à sa phobie avec l’exposition progressive

Sources

Jérémie Lafraire et Delphine Picard, “J’aime pas !”, Cerveau & psycho, 2014

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Photo de Christèle Albaret

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