Ai-je un trouble de l’alimentation ?
Votre contrôle sur votre corps vous pousse-t-il à un déséquilibre alimentaire ?
Définition de la dysmorphophobie : de quoi parle-t-on ?
Amplifiée par l’essor des réseaux sociaux, la dysmorphophobie est un trouble psychologique caractérisé par une préoccupation excessive et obsédante de certains défauts corporels, réels ou imaginaires, qui sont perçus comme inacceptables, hors-normes ou défigurants.
Une personne atteinte de ce trouble peut passer plusieurs heures chaque jour à vérifier son apparence. Elle se cache parfois derrière des vêtements amples ou essaye d’éviter complètement les interactions sociales en raison de sa honte, de sa culpabilité, de son mal-être ou encore de l’anxiété qu’elle a développée suite à ces préoccupations quotidiennes.
C’est un trouble qui entraîne une réelle détresse psychologique, et qui affecte la qualité de vie d’une personne qui en est touchée. Dans la plupart des cas, cette anxiété face à sa propre image survient pendant la période de crise d’adaptation, pendant l’adolescence. C’est à ce moment-là que l’on observe des changements psychologiques et physiques majeurs, dont la transformation corporelle. La sensation que son propre physique, dû à son évolution, n’est plus dans les normes, obsède alors certaines personnes.
C’est un trouble qui entraîne une réelle détresse psychologique, et qui affecte la qualité de vie d’une personne qui en est touchée. Dans la plupart des cas, cette anxiété face à sa propre image survient pendant la période de crise d’adaptation, pendant l’adolescence. C’est à ce moment-là que l’on observe des changements psychologiques et physiques majeurs, dont la transformation corporelle. La sensation que son propre physique, dû à son évolution, n’est plus dans les normes, obsède alors certaines personnes.
Cependant, les causes de la dysmorphophobie peuvent être différentes :
- La présence d’antécédents familiaux concernant l’obsession de l’apparence
- Un faible taux de sérotonine chez l’individu
- Un choc émotionnel qui survient à la suite d’un événement traumatique
- Des pressions sociales ou culturelles quant à l’image physique
- La présence de troubles psychiatriques ou psychotiques
Ce regard très critique, presque de rejet de soi-même, devient une véritable source d’angoisse qui engendre une forte auto-dépréciation et un sentiment de honte qui retentit sur toutes les sphères de la vie : la relation avec soi, les échanges avec l’entourage proche, l’ouverture aux autres et l’épanouissement professionnel, notamment.
Le saviez-vous ?
La dysmorphophobie, ou Obsession de Dysmorphie Corporelle (ODC) est classée dans le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux DSM-IV parmi les troubles somatoformes. Il concernerait environ 2 % de la population globale, mais sa prévalence pourrait être, en réalité, beaucoup plus élevée.
Les symptômes de la dysmorphophobie
Les symptômes de la dysmorphophobie peuvent survenir soudainement ou plus graduellement dans le temps, leur degré d’intensité est variable selon l’individu et, en général, ils persistent si aucun traitement approprié n’est administré.
Il est alors important d’apprendre à reconnaître les principaux signes de ce trouble obsessionnel de l’apparence corporelle, pour comprendre les élans de ses propres comportements dysfonctionnels, mais aussi pour apporter des informations à un professionnel de la santé qualifié qui pourra établir un diagnostic.
Les symptômes de la dysmorphophobie les plus courants sont les 5 suivants :
- Une préoccupation excessive concernant son corps
- Des pensées intrusives sur son apparence physique
- Des comportements répétitifs et obsessionnels
- Des attitudes compensatoires et compulsives
- Un isolement social par peur de l’exposition
Symptôme n°1 : une préoccupation excessive concernant son corps
L’un des symptômes de la dysmorphophobie dont on parle le plus concerne l’obsession que porte un individu sur une partie de son visage ou de son corps. Il va avoir une perception exagérée et obsessionnelle d’un léger défaut, qui, la plupart du temps, est invisible aux yeux des autres.
La forme du visage, la texture des cheveux, la taille du nez, la symétrie des yeux ou de la poitrine, la présence d’un grain de beauté, l’apparition d’un bouton ou encore l’aspect de son organe génital sont autant de parties corporelles susceptibles de devenir l’objet d’une profonde anxiété et d’une véritable souffrance.
Les petits défauts sont vus à la loupe chaque jour, parfois pendant de longues minutes - voire plusieurs heures dans certains cas - et vont devenir l’objet d’une véritable distorsion cognitive (c’est-à-dire : avoir une perception erronée de la réalité). Parmi celles-ci on peut citer :
La généralisation excessive (ou surgénéralisation) : à partir d’un défaut physique, l’individu va avoir tendance à généraliser tout son aspect physique. Par exemple, il va s’estimer défiguré lorsqu’il verra apparaître un bouton sur son visage.
L’abstraction sélective (ou filtre) : ici, l’individu va se focaliser sur un défaut physique au point de lui donner une importance démesurée. Tous les autres aspects de son physique vont alors être minimisés ou complètement ignorés.
La comparaison sociale : la tendance à se comparer à d’autres personnes est un phénomène extrêmement courant dans ce trouble. L’individu va alors se comparer avec des personnes qui ont une apparence considérée comme idéale, et va se sentir inférieur.
Est-ce votre cas ?
La préoccupation excessive de certaines parties du corps peut se manifester de différentes manières. Voici 3 exemples qui illustrent ce symptôme :
- Passer des heures devant le miroir à scruter le moindre défaut
- Vérifier constamment chaque détail de son apparence physique
- Établir des stratégies de gestion de son apparence : cacher / minimiser
Symptôme n°2 : des pensées intrusives sur son apparence physique
Les pensées soudaines et négatives sur l’apparence physique sont un autre signe courant de la dysmorphophobie. Ici, un individu qui en souffre va avoir au quotidien des préoccupations excessives et démesurées pour des défauts mineurs, ou parfois imaginaires.
Même si elles ne sont pas fondées sur une réalité objective, ces pensées sont obsédantes et invariablement négatives. Elles peuvent concerner l’apparence globale (“Je suis laid”) ou s’attarder sur un détail (“Mon bouton me défigure complètement”).
Cette insatisfaction corporelle constante mène immanquablement à une mauvaise estime de soi. Puisque l’amour de soi est ici basé sur l’appréciation de sa propre apparence en comparaison avec des idéaux de beauté, chaque détail corporel qui diffèrerait de ce modèle apparaît comme déficient et doit être amélioré ou remplacé.
Justement, la comparaison sociale repose sur des données partielles, et s’avère toujours déséquilibrée et irrationnelle, même si la personne atteinte de dysmorphophobie n’en a pas conscience puisqu’elle estime que ses pensées sont justifiées.
Les pensées de ce type sont obsédantes et intrusives. Elles surviennent tout au long de la journée et retentissent sur la sphère personnelle et professionnelle. On rapporte, chez la personne atteinte de dysmorphophobie corporelle, une réelle incapacité à se concentrer, une baisse des performances au travail, ou la dégradation des relations sociales, par exemple.
Cette constante autocritique engendre de l’anxiété et une certaine honte qui peuvent être déclencheurs de troubles comme l’anxiété généralisée, les troubles du sommeil ou la dépression.
Est-ce votre cas ?
Avoir des pensées intrusives sur ses petits défauts physiques est susceptible de se manifester de plusieurs façons. Voici 3 exemples pour vous permettre de vous y identifier :
- Penser à son ou ses défauts physiques dès le réveil
- Ne pas réussir à se concentrer à cause de l’image qu’on reflète
- Lors d’interactions sociales, être obsédé par la potentielle vue de ce défaut
Symptôme n°3 : des comportements répétitifs et obsessionnels
Les comportements obsessionnels et répétitifs sont des symptômes de la dysmorphophobie extrêmement courants. Cette mauvaise perception de son image corporelle, dûe à l’écart entre le soi perçu et le soi rêvé, entraîne l’individu dans une conduite obsessionnelle le poussant à faire des efforts démesurés pour tenter d’améliorer ou de cacher ce détail qui le dérange.
Ces comportements peuvent inclure des vérifications excessives de l’apparence physique (s’examiner pendant de longues minutes à chaque fois que l’on croise un miroir ou une surface réfléchissante), des retouches ou ajustements constants de la tenue ou des cheveux (tirer sur ses vêtements pour les faire paraître plus amples), ou l’évitement de situations sociales et d’exposition (refuser systématiquement les nouvelles rencontres ou d’apparaître sur des photos).
On rapporte des comportements communs aux personnes atteintes de dysmorphophobie. En voici quelques-uns : se toucher ou se gratter la peau de manière compulsive, demander fréquemment des avis concernant son apparence physique, mettre en place des rituels chaque jour afin de vérifier l’évolution des défauts, etc.
La mise en place de ces rituels de vérification s’apparente aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC) : les comportements sont répétitifs, obsessionnels et handicapent le quotidien.
En effet, les vérifications obsessionnelles peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie d’un individu atteint de dysmorphophobie. Celles-ci sont, généralement, extrêmement chronophages, entraînant une perte de temps et d’énergie notables.
Note : On associe d’ailleurs certains aspects du trouble dysmorphophobique, dont ces comportements obsessionnels, à la psychose hypocondriaque. Celle-ci s’inscrit dans le cadre des délires paranoïaques, associés notamment à certains troubles comme la schizophrénie. Évidemment, schizophrénie et dysmorphophobie sont deux troubles distincts, mais les patients atteints de schizophrénie peuvent avoir des idées délirantes concernant leur apparence physique qui peuvent être liées à ces troubles de l’image corporelle.
Est-ce votre cas ?
Les comportements obsessionnels et répétés sont significatifs d’une obsession concernant l’apparence physique. Ils peuvent se manifester de différentes manières, et notamment :
- Vérifier constamment son apparence dans le miroir
- Au contraire, éviter à tout prix de se regarder dans le miroir
- Consulter très fréquemment des professionnels pour des traitements cosmétiques
Symptôme n°4 : des attitudes compensatoires et compulsives
Les comportements compensatoires et compulsifs sont un autre signe commun de la dysmorphophobie qui sont effectués dans le but de corriger ou de masquer les éléments perçus comme des défauts.
Pour chercher à compenser ce qui le dérange, l’individu atteint d’un trouble de l’image corporelle va utiliser tous les moyens qu’il aura à disposition. Lorsque le sujet de son obsession concerne son poids, il va chercher la compensation à travers la pratique excessive et inadaptée d’un sport comme la musculation (trouble appelé bigorexie) dans l’espoir de se modeler comme il le désire.
La conduite alimentaire peut, en plus de cela, être altérée. L’obsession qu’un individu va avoir concernant son apparence physique peut le conduire à certains troubles alimentaires comme l’orthorexie, l’anorexie mentale ou encore la boulimie, troubles développés très souvent dans un objectif de contrôle et / ou de perte de poids.
Parfois, les attitudes compulsives sont plus radicales : certains individus touchés par ce complexe de l’apparence voient en une intervention esthétique ou la chirurgie plastique un remède. Ils espèrent qu’une fois ces défauts corrigés, gommés, améliorés, leur souffrance mentale disparaîtra, en vain.
Enfin, on observe également une utilisation relativement répandue de substances nocives comme les stéroïdes, la consommation abusive d’alcool ou l’addiction au cannabis chez les personnes souffrants de dysmorphophobie, qui vont jouer le rôle de “compensateur psychologique” (et de solution ponctuelle) à leur détresse psychologique pendant un court laps de temps.
Cependant, ces actes compulsifs et compensatoires, même s'ils aident à réduire ou à améliorer le défaut perçu sur un temps limité, ne constituent pas une réelle solution. Puisque le problème sous-jacent de la dysmorphophobie est d’ordre psychologique, la souffrance ressentie face à l’image que l’individu renvoie va constamment refaire surface, jusqu’à la mise en place d’un traitement approprié.
Est-ce votre cas ?
Une personne qui souffre d’une préoccupation excessive concernant son apparence développe de nombreux comportements compensatoires. Parmi ceux-ci, voici 3 exemples :
- Passer de longues heures à la salle de sport chaque jour, parfois user de stéroïdes
- Se restreindre, sélectionner méticuleusement ses aliments, se priver de nourriture
- Avoir recours à de la médecine ou de la chirurgie esthétique abusivement pour corriger le défaut
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Comment vaincre la dysmorphophobie ? Les solutions
Traiter la dysmorphophobie peut être complexe et doit être adapté aux besoins individuels de chaque personne. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont souvent recommandées pour aider les personnes atteintes de ce trouble. Cette forme de thérapie aide à identifier les pensées et les comportements négatifs associés à l'apparence physique, et à apprendre à les remplacer par des pensées et des comportements plus positifs et plus constructifs.
Une des premières étapes du traitement de la dysmorphophobie est d'aider la personne à comprendre les pensées et les comportements négatifs qu'elle associe à son apparence physique. Un thérapeute travaillera avec l’individu pour identifier les pensées automatiques et les croyances qui alimentent la dysmorphophobie. Il peut s'agir de pensées négatives, telles que "Je suis laid" ou "Je suis difforme", ou encore de croyances limitantes, telles que "Je ne peux pas être heureux tant que je n'aurai pas corrigé cette imperfection".
Une fois que ces pensées et ces croyances ont été identifiées, le thérapeute peut aider la personne à les remplacer par des pensées plus positives et plus constructives. Cela peut inclure l'utilisation de techniques de rééducation cognitive, telles que la remise en question de la validité de ces pensées négatives, ou la pratique de l'auto-compassion et de l'acceptation de soi, la première pierre à poser pour développer une estime de soi solide qui favorise la confiance en soi.
Le travail thérapeutique peut également inclure des techniques d'exposition, où la personne est exposée de manière progressive à des situations qu'elle évite en raison de sa dysmorphophobie, telles que se regarder dans le miroir ou se rendre à des événements sociaux. Ces techniques aident la personne à travailler sur son affirmation de soi, et à surmonter progressivement sa peur et son anxiété.
Dans certains cas, une thérapie interpersonnelle peut être recommandée en plus de la thérapie comportementale et cognitive. Cette forme de thérapie aide à améliorer les relations interpersonnelles d’un individu en modifiant sa perception de soi pendant les échanges relationnels, et en développant des compétences en communication et de résolution de conflits.
Enfin, dans certains cas, des médicaments tels que les antidépresseurs ou les anxiolytiques peuvent être recommandés pour aider à réduire l'anxiété et la dépression associées à la dysmorphophobie.
À la suite d’une thérapie, un travail quotidien sur la gestion des émotions et le contrôle est recommandé : acceptation de soi (dans son entièreté), pleine conscience, travail de la gratitude, méditation, etc. Ces techniques vont permettre un apaisement durable !
À retenir
La dysmorphophobie est un trouble psychologique caractérisé par une préoccupation exagérée de certains défauts corporels, réels ou imaginaires, qui sont perçus comme inacceptables ou hors-normes par un individu.
Véritable source de détresse, ce trouble affecte la qualité de vie des personnes qui en sont touchées : repli social, basse estime de soi, auto-sabotage, comportements compensatoires, etc.
Le suivi permettant sa guérison, comme pour tout autre trouble psychologique associé à l'image, est généralement pluridisciplinaire. C’est avec l’appui de professionnels de santé mentale et physique qu’un individu atteint de dysmorphophobie peut se rétablir durablement : l’accompagnement d’un psychologue, d’un spécialiste du sommeil et d’un nutritionniste sont ici complémentaires et facilitent la guérison.
Sources
- Dossier : corps, sport et dépendance, Stéphane Abadie, Cerveau & Psycho, 2007
- Les troubles de la perception du corps, Carrie Arnold, Cerveau & Psycho, 2013
- La dysmorphophobie - la peur d’être laid. Comment ? Pourquoi ? Joe Finder, Journal du droit des jeunes, 2013
- Dysmorphophobie, résumé de conférence, Emmanuel Racy, 2016
- Réflexions sur la dysmorphophobie, Stuart Crichton, Recent Medical News, 2020
- Être vu ou être regardé ? Une perspective psychanalytique sur la dysmorphophobie, Alessandra Lemma, L’année psychanalytique internationale, 2010
- Traiter la dysmorphophobie, Caline Majdalani, 2017