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Bigorexie : pourquoi être accro au sport est dangereux pour la santé ?

Pratiquer une activité physique est bénéfique pour le corps et le mental : meilleure forme, moins de stress, sommeil de qualité… Source de plaisir, le sport participe à une hygiène de vie équilibrée. Pourtant, pour certaines personnes, se dépenser et dépasser ses limites devient un besoin obsessionnel.
Décrite dans les années 70 comme une « addiction positive », la bigorexie est une dépendance aux conséquences délétères. Cet article vous explique en quoi être accro au sport est dangereux pour la santé.

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Rédaction par La Clinique E-Santé

19 min

Publié le April 26, 2023 (modifié le October 9, 2023)

Être accro au sport : pourquoi c'est dangereux pour la santé ?

Suis-je bigorexique ?

Le sport devient une obsession ? Vous vivez très mal le fait de devoir annuler un entraînement et la pratique sportive agit comme une drogue ? Et si vous étiez bigorexique ?

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Qu'est-ce que la bigorexie ? (Définition)


La bigorexie est une dépendance au sport qui fait partie des addictions comportementales. C’est une pratique sportive excessive, répétée mais inadaptée.
Ce besoin compulsif pousse la personne à suivre, de façon intensive une, voire plusieurs, activités physiques afin d’en retirer des bénéfices immédiats en dépit des conséquences négatives sur le long terme.
Derrière cette addiction au sport se cache une préoccupation qui relève de l’ordre du pathologique : conserver un corps mince et musclé, parfait.
Toute comme les autres addictions, comme l'addiction au sexe par exemple, la bigorexie est une maladie reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2011.
La bigorexie s’installe de façon insidieuse, généralement sur une année. Pour en parler, on utilise aussi les termes de « sportoolisme » ou d’addiction à l’effort.
Touchant les sportifs de haut niveau comme le milieu amateur, cette pathologie peut apparaître dans toutes les pratiques qui se veulent intenses et répétées : de la course à pied quotidienne au marathon, du cardio à la maison aux machines à la musculation en salle, etc.
Beaucoup de personnes font du sport chaque jour, pourtant toutes ne développent pas une addiction à l’activité physique. En effet, les causes de ce trouble sont multifactorielles et tout le monde n’est pas égal face à cela.
Le terrain génétique, les chocs émotionnels et une estime de soi défaillante influencent les risques de survenue.
Le sport n’est plus un plaisir : il devient un besoin obsessionnel. Contraignant, il intègre souvent une routine quotidienne et se pratique jusqu’à plusieurs fois par jour.

Bon à savoir

La dépendance au sport commence par une recherche de plaisir et de désinhibition, renforcée par des boosters chimiques et de l’exercice excessif.

La dimension compulsive et addictive au geste est fréquente : par la récurrence des entraînements, le corps s’habitue aux mouvements. Naît alors une ritualisation, avec une forme de répétition obsessionnelle de la pratique gestuelle.

Quels sont les dangers de la bigorexie ?


Être accro au sport est dangereux pour la santé : la bigorexie entraîne des conséquences à la fois physiques, psychiques et sociales.
Les répercussions n’affectent pas uniquement le corps, mais impactent aussi la santé mentale de l’individu, qui dépend notamment de ses relations et de son bien-être émotionnel.

  • Votre corps s'abîme et ne se répare pas toujours
  • Des troubles supplémentaires spécifiques chez la femme apparaissent
  • Le cerveau dépendant réclame sa dose de sport 
  • L'addiction au sport entraîne une obsession de l’image du corps
  • La dysmorphie musculaire se crée
  • Des troubles du comportement alimentaire se développent
  • La bigorexie vous coupe de vos relations sociales
  • La bigorexie crée de la souffrance et des troubles psychiques
  • Elle entraîne la consommation de substances
  • Elle favorise une mise en danger constante

Danger 1 : votre corps s'abîme et ne se répare pas toujours

Les sports addicts sont attirés par certaines disciplines. Les sports d’endurance (course à pied, trail, cyclisme) et les sports extrêmes demandent un engagement fort et une amélioration des performances en continu.
Alors qu’une pratique régulière équilibrée (moins de huit heures par semaine) apporte des bénéfices non négligeables pour la santé, l’excès de sport provoque une diminution de l’espérance de vie.
Épuisement physique généralisé, déchirures musculaires, atteintes tendineuses : les conséquences somatiques de la bigorexie ne sont pas à ignorer. Elles peuvent, en outre être fatales, car le risque cardiovasculaire augmente allant jusqu’à l’infarctus.
En tant qu’addiction, la bigorexie amène la personne à poursuivre son comportement en dépit des répercussions néfastes.
Ce trouble met le corps en danger de deux façons :

  • À force de repousser ses propres limites, en allant toujours plus fort, plus loin
  • En continuant à pratiquer même en étant blessé : en effet, ces sportifs se rabattent alors sur d’autres sports ou sur une autre partie du corps

De plus, les personnes bigorexiques possèdent généralement des tempéraments « jusqu’au-boutiste » : impossible pour elles de ne pas mener leurs objectifs jusqu’à la perfection (même si elle sera toujours repoussée).
La bigorexie entraîne des blessures quelquefois irréversibles.
Cette maladie prend toute la place sur les autres activités et pour obtenir les meilleures performances, les individus en viennent à négliger :

  • Leur temps de récupération : nécessaire entre deux entraînements, il est rarement respecté, notamment parce que les séances ont parfois lieu plusieurs fois par jour
  • Leur sommeil : ils rognent là où ils peuvent afin de gagner du temps de pratique

Le corps est donc constamment sollicité, le muscle n’a pas le temps de se reconstruire. Les programmes d’entraînement étant intenses et lourds, des blessures à répétition sont fréquentes chez la personne addict au sport.
À force, une usure précoce des os et du cartilage s’installe provoquant des maladies osseuses, en particulier dans les sports à impact. Les entorses, l’arthrose et les fractures de fatigue fragilisent l’ossature sur le long terme.
Les dommages nécessitent alors des séances de soin chez des spécialistes voire des opérations (prothèses de genoux, par exemple).
Parfois les douleurs resteront présentes à vie, malgré les interventions. Dans certains cas, seul l’arrêt de la pratique permet au corps de guérir, provoquant alors un sevrage forcé, un des signes de l’addiction au sport.
À lire aussi : 9 étapes pour réussir votre sevrage du cannabis

Danger 2 : des troubles supplémentaires spécifiques chez la femme apparaissent

À cause de l’hyper exercice, certaines sportives subissent des troubles menstruels : dysménorrhées (douleurs), règles abondantes ou espacées, retard ou absence totale de menstruations (aménorrhées).
En conséquence, de l’ostéoporose se développe, engendrant des fractures de fatigue. Chez les jeunes filles prépubères soumises à un entraînement intensif précoce, un décalage de la ménarche apparaît, impactant la croissance.
Des troubles de la fertilité peuvent survenir. En cas de grossesse, les risques sont majeurs : retard de développement, fausses couches répétées, souffrance fœtale.
Certaines pratiques intensives comme l’équitation favorisent les frottements et causent des vulvo-vaginites. Les sports à chocs et propulsions engendrent parfois des incontinences urinaires d’effort.
Enfin, des traumatismes au niveau de la poitrine sont fréquents, pouvant provoquer des hématomes et des abrasions sous-cutanées avec un risque de calcification.

Bon à savoir

La triade de l’athlète féminine correspond à ces trois points :

  • Des troubles menstruels
  • Une densité minérale osseuse basse
  • Un déficit énergétique

Danger 3 : le cerveau dépendant réclame sa dose

La bigorexie présente des symptômes comportementaux propres aux addictions. Le cerveau y joue un rôle important et la perte de contrôle devient récurrente.
Sous le coup du craving, cette mécanique cérébrale qui pousse à pratiquer de façon compulsive, la personne bigorexique inclut de plus en plus le sport dans son quotidien et dépasse facilement la barre des dix heures par semaine.
Aucune substance psychoactive ici : c’est l’organisme lui-même qui produit sa propre drogue lors de l’exercice physique. Quatre neurotransmetteurs vont être impliqués, favorisant l’extase du sportif.
En allant se fixer sur des récepteurs, ils permettent la transmission de messages et d’informations entre neurones :

  • La dopamine est présente dans toutes les addictions : elle influe sur le circuit cérébral de la récompense et joue sur le plaisir, le contrôle, la motivation et l’attention.
  • La sérotonine possède un rôle analgésique et intervient sur le sommeil, l’humeur, l’envie de manger.
  • L’endorphine est un opiacé naturel, anti-douleur, qui provoque un état euphorique et favorise la relaxation. L’adrénaline, hormone du stress, soutient la production de l’effort.

C’est donc cette chimie cérébrale, ces neurotransmetteurs et hormones libérés à l’excès, avec leurs impacts positifs et plaisants, que recherche la personne addict au sport.
Comme pour une addiction aux substances ou une addiction aux jeux d'argent,  l’accoutumance est présente avec la bigorexie : pour obtenir l’effet désiré, l’individu doit accroître les efforts et repousser ses limites pour ressentir les sensations chimiques espérées. Cette augmentation est progressive et régulière.
Contrepartie de l’addiction : le sevrage. C’est un symptôme propre à tous les troubles addictifs lorsque la personne diminue ou tente d’arrêter ses conduites liées à l'alcool, la cigarette, ou encore la drogue. Il s’agit de la manifestation du manque par le corps.
Pénible et difficile à effectuer sans soutien médical, la désintoxication au sport entraîne des conséquences :

  • Physiques : tremblements, céphalées, douleurs articulaires et musculaires
  • Psychiques : agitation, irritabilité, anxiété, insomnies, etc.

L’addiction au sport n’impacte donc pas uniquement le corps : une partie fertile du terrain addictif prend place dans le cerveau et dans son circuit de la récompense. Par ses manifestations symptomatiques, la bigorexie s’empare de toute l’énergie physique et de tout l’espace mental de l’individu.
Difficile alors de fonctionner autrement quand tout est régi par le cerveau qui réclame sa drogue.
Des échelles d’addictions existent, adaptées spécifiquement à certains sports comme la course de fond ou le culturisme.

Bon à savoir

La méthode des 5C permet de repérer les cinq manifestations principales de cette addiction :

Contrôle : une perte de contrôle est présente
Craving : le besoin de pratiquer le sport est irrépressible
Compulsion : l’activité physique est compulsive
Continuité : l’usage se fait de façon constante
Conséquences : les retombées négatives n’empêchent pas le comportement

Danger 4 : l'addiction au sport entraîne une obsession de l'image du corps

Le comportement de l’individu bigorexique devient obsessionnel à l’égard du corps, des masses (grasses et musculaires) et des performances. Même si la recherche du bien-être chimique joue un rôle, le but premier est souvent la quête du corps parfait.
Faire disparaître le gras, modeler les muscles, parvenir à diminuer son poids : voilà fréquemment ce qui teinte la pratique excessive du sport. Jusqu’au-boutistes, les sportifs pathologiques convoitent sans cesse la perfection et l’idéal corporel.
Les comparaisons sont nombreuses et les réseaux sociaux encouragent cette quête, poussant toujours à aller plus loin, à obtenir le corps le plus musclé et le plus fit.
Cependant, toute la vie de la personne bigorexique ne repose plus alors que sur cette obsession pour l’apparence : tout tourne uniquement autour de ça.
Ce qui renforce l’addiction c’est la capacité qu’elle se découvre à augmenter considérablement son estime de soi en modelant seule son corps. Elle prend conscience qu’elle détient des aptitudes d’endurance, mais également des compétences physiques qui vont impacter positivement l’image qu’elle possède de son corps.
Ainsi, elle se satisfait elle-même (pour une courte durée, la perfection n’étant jamais assez atteinte), tout en répondant aussi aux attentes de la société, qui promeut le corps sain parfait.
Ses efforts seront encouragés, applaudis et récompensés par un public (lors de compétitions ou sur les réseaux) de plus en plus sévère et exigeant.
Certaines pratiques favorisent le risque de souffrir d’un comportement obsessionnel :

  • Celles valorisant l’image corporelle comme la gymnastique, la danse ou la natation synchronisée
  • Les sports nécessitant une surveillance du poids (judo, lutte)
  • Les techniques sportives avec entraînement stéréotypé comme la course à pied, le vélo ou le culturisme
  • Les sports d’endurance comme l’athlétisme

La bigorexie est une pratique addictive qui se veut sans failles, parfaite et récurrente du sport, permettant de garder le contrôle sur son image, que ce soit dans la glace ou dans le regard des autres.
Mais toute l’estime de soi ne repose plus que sur ces comportements routiniers, sur ces gestes répétitifs.
La reconnaissance des pairs dans ce cercle fermé importe autant que les résultats, et ce style de vie se transforme finalement en une manière d’exister, où rien d’autre n’a de valeur.
Parfois, les modifications physiques relèvent de l’exceptionnel, dans la pratique du bodybuilding, par exemple. Le corps devient hors-norme, sculpté à l’extrême et cache dans certains cas une dysmorphie musculaire.

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Danger 5 : la dysmorphie musculaire se crée

Entre culte voué à l’image du corps et souci de la performance, on peut retrouver le complexe d’Adonis chez les individus bigorexiques.
Conséquence de leur obsession du physique, il se caractérise par des préoccupations récurrentes quant à l’apparence de soi, en plus de la pratique sportive à outrance : s’habiller avec grand soin pour se valoriser, passer beaucoup de temps devant le miroir à la recherche d’une imperfection (et rentrer dans un état de panique le cas échéant), dépenser excessivement en produits de beauté…
La peur du défaut, la phobie d’une disproportion : les troubles dysmorphophobiques semblent extrêmement fréquents chez les personnes atteintes de bigorexie.
La perception corporelle est biaisée, le muscle jamais assez gonflé, le gras toujours trop présent. Le besoin d’être rassuré se fait constant et finalement l’estime de soi est fragilisée, car nourrie que de manière temporaire : l’insatisfaction à l’égard du corps reprenant constamment le dessus.
Afin d’atteindre ses objectifs, l’Adonis modifie son alimentation, quitte à sombrer dans une anorexie inversée.

Danger 6 : des troubles du comportement alimentaire se développent

L’association de la bigorexie avec des troubles du comportement alimentaire (TCA) est fréquente.
Afin d’obtenir des résultats plus rapidement, la personne modifie son régime alimentaire, ce qui va créer un déséquilibre : consommer de façon hyperprotéinée pour développer de la masse ou brûler des graisses pour s’amincir, la frontière avec les TCA est parfois fine.
Des anorexies comportementales avec la bigorexie sont possibles. Différentes des anorexies mentales et restrictives « classiques » (qui consistent à se priver de nourriture pour ne pas grossir), celles-ci reposent sur le fait d’ingérer des aliments bien spécifiques.
Dans la bigorexie, on retrouve l’anorexie inversée : l’alimentation sert uniquement à prendre de la masse musculaire. La musculature importe plus que la minceur.
Dans cette dysmorphie musculaire, les personnes addict au sport ne sont jamais satisfaites de la taille de leurs muscles, qui ne sont jamais assez conséquents. Elles mettent alors tout en œuvre pour y arriver : milshakes à base de poudre protéinée, consommation de viandes animales et de laitages à l’excès…
Quant à l’anorexie athlétique, elle favorise le maintien à un poids maigre grâce à des sports d’endurance comme le vélo, le roller ou la course. L’amaigrissement est volontaire et se fait dans l’objectif d’atteindre les résultats fixés, voire, d’en obtenir de meilleurs.
Mais il s’agit là d’un véritable TCA qui s’associe alors à la bigorexie, mettant la vie en danger. D’ailleurs, des comportements purgatifs tels que des vomissements peuvent apparaître en cas de crise alimentaire, renforçant la gravité de ce trouble comorbide.
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Manger sain à l’excès et souffrir de carences

Bigorexie et orthorexie s’entendent bien. L’orthorexie est un trouble du comportement dont les mécaniques alimentaires reposent uniquement sur le « manger sain » : cette volonté proche de l’obsession rejette tout aliment perçu comme nocif pour la santé.
L’individu bigorexique va manifester ce trouble en étant sélectif sur ce qu’il mange et en favorisant exclusivement certaines denrées comme les fruits et légumes, les céréales complètes ou encore les produits d’appellation biologique. Il rejette ce qu’il estime toxique : gras et sucré en font généralement partie.
De même, la prise de compléments alimentaires en quantité excessive est fréquente. Il s’agit de donner le meilleur au corps. Par cette sélection drastique et ces conduites restrictives, les attitudes anorexiques sont alors instaurées ou renforcées.
Même si l’orthorexie peut reposer sur des croyances infondées scientifiquement, les personnes souffrant de bigorexie sont généralement des expertes en diététique, car elles connaissent l’importance de leur nutrition sur leur pratique sportive.
Tout se voit alors être pesé au gramme près et des rituels sont parfois mis en place (ne pas manger des aliments cueillis depuis plus d’une heure, par exemple, par crainte d’en perdre toutes les vertus).
À cet effet, certains individus bigorexiques abandonnent d’ailleurs des addictions à des substances nocives pour favoriser le maintien d’un corps sain : alcool, tabac ou encore cannabis.
Mais à cet équilibre apparent, la nutrition adoptée n’est pas forcément meilleure : carences et fragilités s’ajoutent à un corps déjà soumis à rude épreuve, renforçant conséquemment le risque de blessures.
Les invitations à des dîners ou au restaurant se verront déclinées, pour ne pas déroger au régime strict imposé. La nourriture dans la vie des sportifs pathologiques occupe une place presque aussi importante que celle du sport, quitte à empiéter sur le reste, notamment au moment des repas, et cela au détriment des relations familiales.
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Danger 7 : la bigorexie vous coupe de vos relations sociales

Dans la vie de la personne bigorexique, le sport est la chose la plus importante : elle va économiser son investissement social sur tout le reste pour se consacrer uniquement à ses entraînements.
Comme dans n’importe quelle addiction, l’envahissement de la bigorexie dans la sphère intime, voire professionnelle, représente une des retombées les plus graves.
Le sport et sa pratique devenant de plus en plus intenses, l’organisation de l’emploi du temps s’oriente principalement autour de cela.
En cas de compétitions, celles-ci sont planifiées excessivement en avance, laissant la place nécessaire pour les entraînements. Ces derniers sont priorisés dans l’agenda, chaque minute est exploitée pour réussir à s’exercer.
De ce fait, les autres activités sont délaissées, même celles auparavant appréciées. Par exemple, les sorties en soirées seront évitées, afin de garder du temps soit pour dormir assez, soit pour s’entraîner.
Le cercle d’amis se voit réduire, pour n’être plus composé que de personnes pratiquant la même discipline sportive. En famille, les moments passés ensemble sont restreints et souvent de mauvaise qualité : sautes d’humeur et irritabilité manifestent le manque.
Toute la pensée de l’individu addict au sport est orientée vers le sport : l’en extraire lui coûte énormément d’énergie. Le sport pathologique encourage l’égocentrisme et impacte les relations amoureuses : sentiment d’abandon chez l’autre, absence de communication et troubles de la libido pèsent sur le couple.
Au niveau professionnel (ou scolaire) les retombées ne sont pas en reste : l’organisation à la minute près de l’agenda de la personne bigorexique ne lui laisse aucun temps mort. Elle repart le plus tôt possible après le travail, exploite parfois le créneau du midi pour pratiquer et s’éloigne de plus en plus de ses collègues, ne discute presque plus, sauf lorsque sa passion maladive est évoquée.
À force, quand l’addiction prend le dessus, les conséquences sur le travail ou les études peuvent être désastreuses : difficultés de concentration, problème de mémorisation, irritabilité, nervosité, retards voire absences répétées au profit de la pratique.
Séparation, divorce, licenciement, disputes, mise en retrait : le coût social de la bigorexie n’est pas à négliger et cet isolement vient renforcer les troubles psychiques dont souffrent les sportifs addicts.

Danger 8 : la bigorexie crée de la souffrance et des troubles psychiques

À la recherche de prouesses toujours meilleures s’associent généralement des troubles anxieux : stress et angoisses accompagnent les sportif.ve.s pathologiques.
Entre la névrose d’échec, c’est-à-dire la crainte constante d’échouer et de ne pas atteindre ses objectifs, et l’anxiété de performance (la peur de ne pas faire assez bien), l’état mental de la personne bigorexique est soumis à de fortes pressions au quotidien.
Le burn-out sportif arrive en bout de ligne lorsque le poids de la pratique est devenu trop lourd à supporter.
La honte accompagne souvent la maladie, surtout si elle est pointée du doigt par l’entourage. Des mensonges sont alors possibles, provoquant de la culpabilité et de l’irascibilité.
Cette culpabilité est renforcée lorsque les entraînements ne sont pas tenus, lorsque les objectifs ne sont ni atteints ni dépassés, ou encore lorsque les restrictions d’hygiène de vie (sur le plan alimentaire, par exemple) sont bafouées.
L’irritabilité et la frustration s’emparent de la personne, mais se font aussi ressentir sur la sphère professionnelle et l’entourage.
Des comportements obsessionnels-compulsifs apparaissent parfois, sous la forme de rituels ou de manie de la propreté.
L’arrêt du sport lorsque l’on souffre de bigorexie conduit au même syndrome de manque que les autres addictions.
C’est d’ailleurs le sevrage qui va provoquer les plus fortes manifestations psychologiques et engendrer une détresse psychique intense : dépression, insomnie, anxiété…

Bon à savoir

La dépendance au sport se forme généralement sur un terrain fertile et n’arrive pas par hasard. Les troubles addictifs constituent une forme d’adaptation permettant d’affronter les moments difficiles, notamment pour les personnes qui souffrent de carence émotionnelle.
Pour certains, il est nécessaire de remplir la pensée ou le vide affectif.
Ainsi le sport devient un stupéfiant soulageant la détresse physique ou psychique.

Il éteint les réflexions douloureuses et anesthésie les sentiments. Pour d’autres enfin, il aide à lutter contre l’ennui, la solitude ou la passivité.

Suis-je bigorexique ?

Le sport devient une obsession ? Vous vivez très mal le fait de devoir annuler un entraînement et la pratique sportive agit comme une drogue ? Et si vous étiez bigorexique ?

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Danger 9 : elle entraîne la consommation de substances

Les stéroïdes anabolisants (dérivés hormonaux de la testostérone) sont très dangereux, bien que leurs conséquences soient généralement éludées par les sportifs au regard de leur puissante efficacité.
Les produits dopants sont employés pour améliorer de façon artificielle les performances, à la fois physiques et mentales. Corticoïdes, EPO ou médicaments bronchodilatateurs, les substances sont nombreuses pour « assurer » lors des compétitions.
Les stéroïdes permettent aussi d’atteindre les objectifs de masse musculaire forte. Mais ils induisent des effets néfastes plus ou moins graves : acné, régression testiculaire, cancers, maladies cardiaques et troubles psychiatriques. De plus, les stéroïdes augmentent le risque d’addiction aux opiacés.
Le sport pathologique étant à l’origine de multiples blessures pouvant mettre en péril l’activité, le recours à des substances calmant la douleur n’est pas rare. Des drogues (telles que le GHB) fournissent bien-être et apaisement antalgique et aident donc à surmonter la souffrance éprouvée par le corps. Cependant, elles possèdent un potentiel addictif extrêmement puissant.
Le risque de devenir accro est à souligner, d’autant plus que la polyconsommation favorise l’apparition plus rapide et intense d’un trouble de l’addiction.
L’ingestion de substances psychoactives entraîne des conséquences à l’usage allant jusqu’à l’intoxication, mais aussi sur le long terme, avec des retombées accrues notamment sur les capacités cognitives.

Danger 10 : Elle favorise une mise en danger constante

La prise de produits dopants, voire de drogues, se fait parfois pour faire face à une phobie de l’inaction.
Cette peur de la passivité pousse l’individu à s’auto-exciter en recourant à certaines substances psychoactives. D’ailleurs, les jeunes s’adonnant au sport de façon intensive consommeraient plus de produits dopants et de drogues que les autres.
Pourtant, la prise de substances n’est pas sans conséquence et renforce notamment les conduites hétéro-agressives. Des études ont montré que le sport excessif (plus de huit heures par semaine) chez les hommes les rend plus agressifs et donc plus à même de se battre et de se mettre en danger.
Les personnes qui souffrent de bigorexie recherchent généralement des sensations fortes et vont toujours plus loin pour ne pas faire face à l’ennui. Même blessées, elles continueront de pratiquer, provoquant des retombées délétères irréversibles.
Ces individus se sentent invulnérables et pensent maîtriser leur corps dans sa totalité : pourtant, ses besoins ne sont absolument pas entendus.
Ne pas écouter les signaux de douleur qu’ils renvoient les amène parfois à agir par des comportements proches de l’ordalie. Le corps est soumis à des rituels physiques excessifs pour assouvir l’envahissement obsessionnel de la maladie, jusqu’à atteindre un point de non-retour.
Certaines activités valorisent d’ailleurs ouvertement cette douleur, comme le culturisme ou la danse classique.

Danger 11 : la bigorexie et les troubles sexuels

Même si la pratique du sport n’est pas forcément associée à l’activité sexuelle, son impact existe bel et bien lorsqu’il est poussé à l’extrême, notamment chez les personnes atteintes de bigorexie.
En effet, la pratique d’une activité trop intense risque d’ altérer la libido, et c’est le fruit de deux causes notables : la fatigue et la production de testostérone.
Une personne addict au sport compose tout son quotidien à travers sa pratique physique. De ce fait, presque tous les efforts qu’elle va produire vont être tournés vers le bon fonctionnement de celle-ci : entraînements intensifs, restrictions alimentaires, récupération insuffisante et pression de performance, etc.
Au final, il est difficile de pleinement récupérer de ces activités physiques intenses si la passion du sport n’est pas contrôlée. L’accumulation de toutes ces habitudes fatigue peu à peu l’organisme, qui va vous conduire dans un état de fatigue constant, qui peut parfois devenir chronique et provoquer une baisse de libido masculine ou de désir féminin.
La testostérone, qui est une hormone sexuelle, joue aussi un rôle très important dans les activités sportives. Elle sert de carburant au corps pour performer au mieux pendant les entraînements.
Cependant, dans une période de surentraînement, les productions de testostérone sont altérées et il ne reste plus assez de stock au corps lors des échanges amoureux. De nombreux bigorexiques rencontrent des problèmes liés à l’impuissance ou à l’éjaculation précoce.

À retenir

La santé physique et mentale sont mises en danger dans le sport pathologique.

Avec une société qui encourage à adopter des attitudes « healthy », recourir à l’activité physique de manière démesurée n’alerte pas nécessairement les personnes bigorexiques.

Pourtant, une prise en charge précoce favorise la guérison. C’est souvent la blessure qui amène au diagnostic de cette addiction.

Soigner la bigorexie est possible : il s’agit de retrouver l’équilibre dans la pratique et le plaisir qui va avec, sans forcément devoir renoncer au sport. Des thérapies adaptées permettent de sortir de ce trouble : les psychologues de La Clinique E-Santé accompagnent d’ailleurs des patients souffrant de cette addiction.

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Photo de Christèle Albaret

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