Ai-je un trouble du comportement alimentaire ?
Vous avez l’impression d’avoir une relation malsaine avec la nourriture ? Vous souhaitez être éclairé sur votre situation ?
Qu’est-ce que le mérycisme ? Définition
Le mérycisme, ou syndrome de rumination, est un trouble du comportement alimentaire qui désigne une régurgitation involontaire mais consciente d’aliments en cours de digestion et provenant directement de l’estomac. Après avoir été régurgités, ils sont remâchés et ravalés par la suite.
Le rappel de ces aliments par l’estomac se fait généralement peu de temps après un repas, soit 15 min à 1 heure après avoir avalé la dernière bouchée. C’est un acte qui ne provoque pas de douleurs abdominales ou de nausées, mais qui cause des problèmes de santé qui peuvent devenir préoccupants sur le long terme.
Le mérycisme est un phénomène très fréquent chez les nourrissons, puisqu’on l’observe généralement chez les bébés de 3 mois à 1 an. Lorsqu’un bébé en souffre, le syndrome peut persister à l’âge adulte, même si le diagnostic est moins courant après l’adolescence, car souvent, le trouble est dissimulé.
En effet, c’est une pathologie qui est considérée comme assez rare en comparaison avec d’autres troubles de la conduite alimentaire comme la boulimie, l’anorexie mentale ou l’hyperphagie. En réalité, le nombre de personnes touchées par le mérycisme est largement sous-évalué. Ces dernières ne sont souvent pas conscients de la manifestation de ce trouble, ou alors, ils éprouvent une certaine honte face aux autres et évitent d’en parler.
Le saviez-vous ?
Le syndrome de rumination, lorsqu’il est observé chez le nourrisson, est particulièrement signe de carence affective, un des facteurs de troubles de l’attachement. Dans de nombreux cas de surprotection ou de manque de vigilance, c’est de cette manière que l’enfant exprime sa détresse psychologique, en ruminant.
Qu’est-ce qui cause le mérycisme ?
Les facteurs de développement du mérycisme ne sont pas, à ce jour, totalement connus. On observe, cependant, deux périodes particulièrement propices au développement du syndrome de rumination : pendant le développement du lien émotionnel mère - enfant, et lors de périodes de grand stress.
Pour le mérycisme du nourrisson, c’est souvent la combinaison de l’interdiction de l’auto-succion et la relation avec la mère qui influence ce comportement. Lorsque le lien émotionnel de cette dernière est altéré avec le bébé (comme dans le cas d’un burn out parental ou d’une dépression post-partum, par exemple), le nourrisson trouve une certaine stimulation et du réconfort en pratiquant le mérycisme.
La sous-protection ou surprotection, des conditions de vie difficiles, une relation toxique des parents, le manque de stimulation… Autant de facteurs favorisant le développement du trouble chez l’enfant.
Ce phénomène alimentaire est également associé à des pathologies mentales telles que les troubles anxieux ou les épisodes dépressifs. Certaines personnes adoptent ce comportement lors de périodes de stress intense pour trouver du réconfort instantanément, et parfois le comportement devient un réflexe qui dure dans le temps.
Dans certains cas de troubles alimentaires, comme pour l’anorexie ou la boulimie, le fait de ruminer provoque une réelle satisfaction : on mange une seconde fois un aliment plaisir, sans pour autant se resservir de la nourriture. Aujourd’hui, 1 personne sur 15 atteint d’un de ces deux troubles de l’alimentation rapporte souffrir de mérycisme.
Enfin, la régurgitation est un comportement d’auto-apaisement pour les personnes qui souffrent d’une perturbation cognitive constante et socialement difficile, comme pour la schizophrénie, les TOC ou encore le trouble du spectre de l’autisme.
Quels sont les risques apportés par le syndrome de rumination ?
Aucun risque direct n’est observé lors d’épisodes de rumination. Cela ne provoque pas de douleurs abdominales ou de nausées sur le moment même. Cependant, la remontée d’aliments acidifiés par le processus de digestion cause sur un plus long terme :
- Des troubles digestifs
- Des brûlures au niveau de l'œsophage
- Des dommages dentaires
- Un risque de dénutrition et de déshydratation
- Une perte de poids conséquente
En outre, ce trouble engendre une réelle souffrance et gêne sociale. Le processus de remastication des aliments provoque, à terme, une altération de l’haleine. Il crée chez de nombreuses personnes une gêne sociale qui mène à un isolement.
Les personnes touchées par le mérycisme éprouvent parfois des difficultés à se nourrir en société et ont tendance à s’imposer des restrictions alimentaires pour éviter au maximum d’activer ce réflexe. Elles mettent en place des stratégies pour éviter de manger certains aliments, ou de se retrouver dans certaines situations qui seraient sources de malaise intérieur.
Cette gêne impacte sur la vie sociale. Dans certains cas, on observe le développement d’autres troubles à la suite de ce phénomène comme la dépression, la phobie sociale, l’anxiété généralisée, ou encore du stress chronique.
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Comment soigner le mérycisme ?
Même si, dans certains cas, la rumination alimentaire est une pathologie qui disparaît de manière spontanée (surtout lorsqu’elle est détectée chez le nourrisson), certaines personnes continuent à en souffrir pendant de longues années.
Le ruminement des aliments est pourtant un trouble qui se soigne correctement, et essentiellement par la thérapie. Celle-ci s’avère être la solution la plus efficace pour traiter la source du trouble, qui est à la base de ce comportement, et modifier les comportements qui en découlent.
La première étape, pour soigner un syndrome de rumination, est de poser un diagnostic. En effet, ce syndrome est souvent confondu avec le reflux gastro-oesophagien chez le nourrisson ou avec une anomalie anatomique de manière plus générale. Un diagnostic différentiel est, la plupart du temps, effectué lors de la recherche du syndrome de la rumination.
Une fois le diagnostic posé et confirmé, il est important de se rapprocher d’un professionnel de la santé pour étudier les traitements éventuels. Dans la majorité des cas, une prise en charge thérapeutique est effectuée.
Particulièrement chez le nourrisson et dans le mérycisme chez l’enfant, un travail du lien mère / enfant est recommandé. C’est un trouble qui est fortement lié à des problématiques de manque affectif et la thérapie familiale ou le renforcement positif sont des moyens de corriger ces comportements réflexes.
Lorsqu’il s'agit d’un mérycisme de l’adulte ou de l’adolescent, les thérapies axées sur le comportement cognitif sont recommandées. La thérapie cognitivo-comportementale permet de travailler sur tous les aspects du trouble :
- La compréhension et l’acceptation d’un comportement dysfonctionnel
- L’apprentissage des conséquences physiques et psychiques liées au trouble
- La lutte contre les mauvais schémas, et croyances alimentaires erronées
- Le remplacement des pensées négatives par des comportements positifs
- L’ancrage d’habitudes saines avec l’auto-renforcement positif
- L’apprentissage de la gestion des émotions fortes et négatives
Ai-je un trouble du comportement alimentaire ?
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Les thérapies cognitives incluent un panel d’outils et de méthodes adaptés pour traiter le mérycisme, et plus particulièrement deux techniques : l’apprentissage de la respiration diaphragmatique et du biofeedback.
L’apprentissage de la respiration diaphragmatique est accessible dès l’enfance. C’est une méthode qui consiste à contrôler tout son processus de respiration en la contrôlant avec son abdomen, dans le but de bloquer consciemment les muscles qui provoquent la remontée d’aliments. L’exercice se fait, dans un premier temps, à l’aide d’un professionnel de santé, et peut être reproduit, par la suite, lorsqu’un individu ressent un malaise qui pourrait le conduire à régurgiter des aliments.
La respiration par biofeedback, elle, est assistée par un électromyogramme. Elle consiste à réduire volontairement l’activité des zones physiques concernées par le trouble, soit les muscles abdominaux et thoraciques. Ainsi, on augmente automatiquement l’activité du diaphragme, essentielle pour calmer l’anxiété et éviter les épisodes de rumination.
Dans les cas les plus graves, notamment chez les nourrissons et dans le mérycisme chez l’enfant, une hospitalisation en milieu pédiatrique ou pédopsychiatrique est requise, notamment lors de périodes de déshydratation ou de dénutrition.
Les apports d’une équipe pluridisciplinaire, notamment avec la présence d’un expert en santé mentale, sont alors précieux. Ils vont permettre au patient hospitalisé de se remettre d’un épisode de rumination alimentaire à l’aide de traitements (notamment en cas de perte de poids intense) tout en travaillant sur le comportement qui déclenche ce trouble.
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A retenir
Le mérycisme est une pathologie peu courante qui fait partie du spectre du trouble des comportements alimentaires. Elle consiste à une régurgitation, une remastication et une ingurgitation de nouveau, d’aliments ingérés au cours des dernières heures.
C’est un trouble qui est largement plus diagnostiqué chez les nourrissons que dans l’ensemble de la population adolescente et adulte, notamment parce qu'elle serait causée par une dysfonction du lien mère / enfant, mais aussi parce qu'elle provoque une réelle gêne alimentaire sociale et une certaine honte. De nombreuses personnes peuvent alors en souffrir sans jamais oser en parler.
Pourtant, c’est une conduite alimentaire qui se traite et se soigne durablement, avec l’appui principal de la thérapie et des méthodes de respiration et de relaxation.
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Sources
Diagnostic et prise en charge du mérycisme de l’enfant et de l’adolescent, M.Aumar, 2020
Le mérycisme : quand l’être humain se met à ruminer, Gen Fallety, 2020