Suis-je sujet à l'anorexie ?
Vous sentez que vous n’avez pas une relation saine avec la nourriture ? Vous avez besoin de faire le point sur votre situation ?
Comment reconnaître l’anorexie chez l’homme?
L’anorexie masculine, au même titre que l’orthorexie, la boulimie ou l’hyperphagie, est un trouble de la conduite alimentaire majeur. Il est caractérisé par 5 signes évocateurs et détectables rapidement :
- Une obsession malsaine du poids
- Une dépense physique extrême
- Une forte sélection alimentaire
- Une perte d’énergie globale
- Un repli sur soi progressif
L’anorexie mentale est une pathologie qui peut survenir dès l’enfance. Les causes de l’anorexie mentale peuvent être d’influences génétiques, environnementales, émotionnelles, mais surtout psychiques ! Ses effets sont nombreux et retentissent dans toutes les sphères de la vie au quotidien : mauvaise estime de soi, contrôle permanent, retrait social, signes d'agressivité, troubles obsessionnels et compulsifs, etc.
Il est alors important de savoir reconnaître les symptômes de l’anorexie pour la prendre en charge au plus tôt et profiter d’un parcours de soin adapté et réparateur.
Signe n°1 : une obsession maladive du poids
L’obsession quant à la prise de poids est le signe le plus évocateur de l’anorexie. Se peser tous les jours, parfois plusieurs fois par jour pour s’assurer que le chiffre sur la balance n’augmente pas devient une routine qui provoque de l’anxiété.
Le poids est un élément central, presque omniprésent dans votre cerveau et toutes vos actions sont dirigées en son sens. C’est particulièrement le cas si vous exercez un métier basé sur l’apparence : les sportifs, modèles ou personnalités publiques ressentent un besoin de contrôler leur image, et donc leur poids plus drastiquement que la moyenne.
Si vous avez une personnalité perfectionniste ou obsessionnelle, vous pouvez également ressentir ce besoin de contrôle excessif du poids en mettant en place des stratégies de vie dans l’unique but de maintenir un taux de masse grasse extrêmement bas.
Parfois, et notamment lorsque la cause du trouble est traumatique, une perte de poids brusque et soudaine est remarquée. Plus que jamais, ce sont les chiffres sur la balance, et vos mensurations qui deviennent l’objet de toute votre attention, et tout le reste passe au second plan.
La perte de poids rapide de l’homme est, en effet, l’un des premiers indicateurs d’un trouble alimentaire refoulé ou assumé.
Signe n°2 : une dépense physique extrême
Garder une dépense physique extrême est un moyen de contrôle essentiel pour l’homme anorexique. Si vous en souffrez, vous avez certainement déjà pratiqué une activité physique intensive pendant plusieurs heures, parfois même plusieurs fois par jour dans l’espoir de brûler un maximum de calories, ennemies de votre corps.
La pratique addictive, voire maladive d’une activité physique a un nom : la bigorexie. La dépendance au sport est causée par la recherche de cette dopamine relachée après l’effort, ou alors par le besoin de conserver à tout prix un corps mince et musclé. C’est une véritable addiction comportementale qui peut être le signe d’une anorexie mentale masculine.
Course à pied, musculation, crossfit, vélo… Les efforts physiques à outrance sont un moyen de perte de poids davantage utilisé par l’homme anorexique que par la femme. Chez ces dernières, on observe plutôt un surinvestissement intellectuel pour détourner la psyché de la notion de faim et ne laisser aucune place à la nourriture émotionnelle.
Se dépenser physiquement, même si cela comporte de nombreux bénéfices, peut devenir un réel risque lorsque cela tourne à l’obsession : dysmorphie musculaire, troubles du sommeil, épisodes dépressifs, etc.
L’hyperactivité physique, notamment dans le cadre d’un trouble alimentaire, est vécue comme une réelle souffrance au quotidien. La masse grasse devient synonyme de dégoût, et tous les moyens sont bons pour l’éradiquer au plus vite. Les pratiques les plus drastiques mettent à mal la santé physique, mais aussi la santé mentale.
Signe n°3 : une forte sélection alimentaire
Contrairement à l’anorexie féminine qui implique une grande restriction alimentaire quantitative on rencontre, chez l’homme, une sélection stricte et restriction qualitative des aliments. Combiné à la pratique intense d’une activité physique, le choix des aliments chez un homme souffrant d’anorexie est crucial, puisqu’il a une peur intense de la nourriture malsaine.
Vous l’avez peut-être déjà expérimenté si vous refusez systématiquement certaines catégories d’aliments que vous jugez trop gras ou trop sucrés à votre goût. Votre esprit est fixé sur les valeurs nutritionnelles des aliments, et vous sélectionnez uniquement les aliments bons pour acquérir ou conserver un physique assez sportif, rien de plus. Il y a alors une large carence en nutriments importants pour l’équilibre du corps.
C’est en ce sens notamment que l’anorexie chez l’homme est plus insidieuse que chez la femme. Le refus alimentaire est moins catégorique, plus contrasté, mais toujours aussi dangereux à long terme. Dans les deux cas, la recherche d’une maigreur extrême reflète un véritable trouble psychologique qui se répercute sur le physique.
On observe également, une plus grande compensation alimentaire dans l’anorexie touchant les hommes. L’activité physique est un moyen déjà évoqué, mais il existe d’autres techniques néfastes et addictives comme les crises boulimiques, les vomissements compulsifs ou la prise de laxatifs.
Certaines personnes sont dans un fort déni de la maladie à certains moments. Elles refusent de s’avouer à elles-même avoir faim et ont plus de risques de souffrir de malaises, de crises d’angoisses, de maux de têtes très fréquents ou d’une fatigue intense et chronique. C’est davantage le cas pour l’anorexie chez le garçon.
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Signe n°4 : une perte d’énergie globale
Vertiges, fatigue intense, somnolence diurne… Une sous-nutrition affecte directement le métabolisme et sa capacité à produire de l’énergie pour vivre correctement. Lorsque le corps n’est plus assez alimenté, ou qu’il manque d’une certaine partie de nutriments essentiels, la perte d’énergie est instantanée.
Votre système immunitaire est alors affaibli, et se rend vulnérable à de nombreux troubles somatiques : les migraines à répétition, les insomnies, les problèmes gastro-intestinaux, les maladies de peau, etc. Si vous souffrez d’un de ces symptômes,, il peut être le retentissement d’une anorexie mentale refoulée.
La perte d’énergie significative impacte également les aspects importants de la vie. Vous ne vous sentez plus aussi performant et, pouvez être sujet au stress au travail, rencontrer des difficultés relationnelles et frôler le burn out, qu’il soit parental ou professionnel.
Une fatigue intense impacte énormément les relations sociales : vous n’avez plus d’énergie pour partager des activités, profiter de moments de qualité, ou tout simplement pour avoir une bonne communication de couple ou avec vos amis, qui peuvent s’inquiéter pour votre santé.
Par ailleurs, on observe également une apparition de troubles sexuels avec l’anorexie. La diminution de la libido et les problèmes d’érection, entre autres, sont en effet dû à l’effondrement des hormones pendant cette période compliquée pour le corps. La sécrétion de testostérone est largement inférieure à la normale, et la vie intime en est impactée.
Suis-je sujet à l'anorexie ?
Vous sentez que vous n’avez pas une relation saine avec la nourriture ? Vous avez besoin de faire le point sur votre situation ?
Signe n°5 : un repli sur soi progressif
Dans l’anorexie chez l’homme, comme chez la femme, le repli sur soi est assez progressif et insidieux. En effet, lorsque vous souffrez d’un comportement alimentaire différent de ce qui est considéré comme normal et sain, vous pouvez vous sentir moins à l’aise de partager les repas avec votre entourage.
De nombreux hommes atteints d’anorexie usent de stratégies pour éviter les moments de partage de repas, et tentent d’échapper à cet échange extrêmement anxiogène. La culpabilité permanente, la honte de soi, la peur du rejet ou du regard des autres peut être extrêmement handicapant au quotidien. L’évitement est alors la solution la plus accessible à ce moment-là.
La mauvaise image de soi et la honte sont très caractéristiques de l’anorexie chez l’homme. Si ce trouble est sous-diagnostiqué, c’est aussi parce que la parole ne leur est pas donnée à ce niveau, et qu’elle devient une épreuve supplémentaire à passer pour demander de l’aide.
De nombreuses personnes adoptent alors un comportement passif ou agressif vis-à-vis de leur comportement alimentaire malsain. Si c’est votre cas, vous pouvez alors avoir tendance à vous repliez sur vous et à éviter d'interagir avec les gens.
À terme, c’est un cercle vicieux qui s’installe puisque vous vous renfermez sur vous, vous vous sentez de plus en plus isolé et vous perdez espoir qu’on puisse vous aider à dépasser ce trouble alimentaire.
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Bon à savoir
Quels sont les critères de diagnostic d’une anorexie chez l’homme ?
Selon le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles Mentaux (DSM-5), 3 critères sont obligatoires :
- La restriction alimentaire qui conduit à un poids significativement inférieur à celui de la trajectoire développementale donnée (en rapport avec l’IMC)
- La peur intense de prendre du poids et les comportements allant à l’encontre de la prise de poids
- L’altération de la perception de son corps et de son poids, et son impact sur l’estime de soi
Comment soigner l’anorexie masculine ?
C’est un trouble difficile à déceler, mais les conséquences de l’anorexie chez l’homme sont nombreuses et parfois dramatiques : trouble anxieux aggravé, fatigue narcoleptique, dépression , retrait social, agressivité… Il est donc nécessaire de prendre en charge l’anorexie chez l’homme au plus tôt pour la traiter de manière efficace et adaptée à chaque individu.
En règle générale, la guérison de l’anorexie dépend d’un processus assez long et demande une prise en charge pluridisciplinaire. Tous les aspects du troubles doivent être pris en compte pour réparer les éventuels dommages et surtout prévenir et anticiper une potentielle rechute.
Le protocole de soin de l’anorexie chez l’homme se déroule généralement de cette manière :
- La prise de conscience
- La pose du diagnostic
- La recherche d’un traitement adapté
- La mise en place des soins
- La consolidation du traitement
- L’adoption de nouvelles habitudes
La prise de conscience chez la personne souffrant d’anorexie est fondamentale pour amorcer le processus de soin. Parfois, il suffit d’un déclic pour se rendre compte que l’on est dans un engrenage alimentaire malsain pour sa santé, mais dans certains cas ce sont les proches qui finissent par tirer la sonnette d’alarme.
La seconde étape va être de poser un diagnostic pour écarter les hypothèses d’autres pathologies ou de troubles associés. Il sera alors question d’évaluer les causes, la sévérité et les situations qui provoquent ce comportement alimentaire. Un examen psychologique approfondi est mené afin d’identifier le protocole de soin le plus adapté au patient.
C’est ensuite que les soins sont mis en place. Ils peuvent évidemment différer d’une personne à l’autre, mais sont généralement basés sur deux axes fondamentaux : la psychothérapie et la nutrition.
Dans un premier temps, il est important de rechercher les causes et signaux d’alerte d’un TCA. En collaboration avec le psychologue, le patient va comprendre petit à petit comment ses pensées se forment et par quels moyens transformer ses schémas mentaux. La thérapie cognitivo-comportementale est ici idéale pour rééduquer son cerveau et l’armer face à ce trouble.
Lorsque l’anorexie est moins évidente à conscientiser, ou qu’elle provient d’un traumatisme, c’est alors l’hypnose ericksonienne qui va constituer une solution plus concluante. En travaillant sur l’inconscient, le professionnel va alors chercher la cause précise de ce comportement afin de le surmonter définitivement.
Des méthodes thérapeutiques de consolidation et plus autonomes sont ensuite transmises aux patients : les exercices de sophrologie, de cohérence cardiaque ou encore la programmation neuro-linguistique en sont des exemples fréquents.
En parallèle, il est important d’avoir un réel appui au niveau de la nutrition. Une rééducation alimentaire doit être faite pour instaurer de nouvelles habitudes bénéfiques.
Dans les cas les plus sévères d’’anorexie chez l’homme, une hospitalisation est parfois nécessaire. Lorsqu’il y a une urgence vitale, en raison d’une dénutrition ou d’une déshydratation par exemple, il est important de réagir rapidement. Des soins sont alors prescrits immédiatement, notamment la réalimentation par sonde qui va permettre de soulager l’homme anorexique et de le remettre sur pied avant d’entreprendre un travail de fond thérapeutique.
À retenir
L’anorexie chez l’homme est un trouble aujourd’hui encore sous diagnostiqué en raison de sa récente reconnaissance et standardisation par la communauté scientifique. C’est pourtant un trouble dont souffrent certains d’entre eux qui, pour la plupart, n’osent pas en parler.
L’anorexie déclenche une obsession mentale et physique qui pousse la personne à orienter la majorité de ses actions vers un seul objectif : celui de perdre du poids. L’activité physique pratiquée à outrance et la sélection alimentaire aiguë conduisent alors à une perte d’énergie totale qui retentit sur le moral.
Les conséquences de l’anorexie masculine peuvent être dramatiques. Il est alors important de bien la comprendre pour la traiter de la manière la plus adéquate.
Sources
Un cas d’anorexie masculine, Mathias Rio, L’information psychiatrique, 2006
L’anorexie mentale masculine à l’adolescence, Jean Chambry, Gilles Agman, La psychiatrie de l’enfant, 2006