Ai-je une jalousie maladive ?
Vous pensez avoir une jalousie pathologique ? Ce test vous permettra de mettre des mots sur vos ressentis.
La jalousie maladive, qu'est-ce que c'est ?
La jalousie maladive peut apparaître dans toute forme de relation intime, pour peu que celle-ci soit fondée sur l'exclusivité : on supporte mal l'idée que l'objet de notre amour trouve à l'extérieur de la relation une source de gratification et de plaisir comparable à ce qu'on lui apporte.
Nous pouvons ressentir de la tristesse ou de la frustration lorsqu'on sait que l'autre est exposé à des personnes susceptibles de lui plaire et on aura tendance à souffrir de certaines situations dans lesquelles nous pouvons nous sentir en danger. Pour autant, cette forme de jalousie modérée n'a pas de conséquences sur le bien-être des deux partenaires et sur la qualité du lien ; elle ne déborde pas sur les autres aspects de la relation.
On parlera de jalousie maladive ou pathologique dès lors qu'elle devient source de souffrance pour l'un et/ou l'autre des partenaires et qu'elle a un impact négatif sur la relation. Elle se manifestera par une tendance excessive à contrôler l'autre, à le soupçonner de tromperie réelle ou même fantasmée, à vérifier ses faits et gestes et la véracité de ses propos. Le partenaire se voit obligé de se justifier en permanence ce qui accroît les soupçons de la personne jalouse.
La jalousie excessive dans le couple constitue un véritable cercle vicieux dans lequel le partenaire se retrouve progressivement privé de toute marge de manœuvre : quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, il sera soupçonné.
Les sources de la jalousie pathologique sont diverses et elle n'est pas systématiquement douloureuse pour la personne jalouse, qui peut parfois simplement exercer son contrôle et sa domination sur autrui dans le cadre d'une relation amoureuse source de souffrances où l'autre est considéré comme un objet au service de soi : on parle de manipulateur narcissique dans ce cas.
Dans ce cadre, on la dira pathologique uniquement dans la mesure où elle s'inscrit dans un mode de fonctionnement pathologique plus général, dans le registre des troubles de la personnalité précisément, comme une addiction affective peut l’être. Dans d'autres cas cependant, la jalousie maladive est une source importante de souffrance pour la personne qui la ressent : le contrôle exercé sur autrui est alors la seule manière de se rassurer, puisqu'on ne parvient pas à faire confiance à l'autre.
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Bon à savoir
La jalousie obsessionnelle est un phénomène complexe dans la mesure où elle renvoie à des dynamiques psychiques différents en fonction de ses origines. Mais quelles sont les causes de la jalousie maladive ?
Comme causes possibles, on peut citer la dépendance affective (plus spécifiquement la dépendance amoureuse, la peur de l’abandon mais aussi une estime défaillante, une projection de sa propre culpabilité ou encore une personnalité qu’on dira toxique.
Les 3 signes d'une jalousie liée à la dépendance affective
La dépendance affective est bien souvent à la source de ce sentiment d'insécurité focalisé sur la relation ; plusieurs signes témoignent chez la personne jalouse d'une tendance à la dépendance :
- Signe n°1 : La peur de perdre l'amour de l'autre
- Signe n°2 : Le sentiment de ne pas être à la hauteur
- Signe n°3 : Le besoin d'être au centre de la vie de l'autre
Signe n°1 : La peur de perdre l'amour de l'autre
Dans le cas d'une jalousie possessive fondée sur la dépendance affective, le contrôle de l'autre est motivé par une peur profonde de l'abandon, la peur d'être trahi et de la perte de l'amour d'autrui, davantage finalement que par la perte de la personne elle-même, pour ce qu'elle est intrinsèquement.
Le dépendant affectif craint que son partenaire ne le délaisse ou ne l'abandonne. Cette peur de perdre l'amour de l'autre renvoie au sentiment profond de ne pas pouvoir vivre sans lui, ou avec « moins de lui ».
La personne affectivement dépendante aura en effet besoin de sa dose d'amour et de présence, aussi l'intérêt de son partenaire pour d'autres personnes ou d'autres choses lui est insupportable : il lui fait craindre de manquer un jour de la sécurité affective fournie par l'autre et qui lui est absolument nécessaire.
Dans la relation amoureuse, la personne dépendante affective ressentira une véritable terreur à l'idée que l'autre ne la quitte, l'abandonnant à la sensation de manque affectif : elle craint au fond de se retrouver livrée à elle-même, étant dans l'incapacité de trouver une sécurité intérieure sans la présence de l'autre.
Soulignons que c'est aussi pour cette raison que chez les personnes dépendantes, la dépression est souvent consécutive à la rupture : la perte de l'autre les conduit véritablement à l'effondrement. La peur de perdre l'amour de l'autre est donc typique de la jalousie de la personne affectivement dépendante.
Si certaines personnalités pathologiques (et toxiques) peuvent se montrer jalouses, ce sera plutôt pour garder une emprise sur l'autre en vue de continuer à s'en nourrir narcissiquement (personnalité narcissique), pour exercer sa domination et son pouvoir sur autrui (personnalité antisociale) ou encore dans l'objectif de ne pas perdre l'autre en tant qu'il est considéré comme un fragment de soi à part entière (personnalité paranoïaque).
Dans d'autres cas, la jalousie maladive peut renvoyer aux caractéristiques intrinsèques de l'autre : nous sommes tellement persuadés des qualités de la personne avec qui nous sommes que nous pensons que tout le monde est susceptible de la désirer et de vouloir nous en priver.
Il s'agit alors davantage de possessivité. La peur de l'abandon et la perte d'autrui en tant que fournisseur de sécurité affective sont donc propres à la jalousie fondée sur la dépendance affective et renvoie au manque d'estime de soi de la personne dépendante.
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Signe n°2 : Le sentiment de ne pas être à la hauteur
Les personnes souffrant de dépendance affective ont toutes la caractéristique d'avancer avec un amour-propre défaillant.
Au fondement de la construction du narcissisme et donc de la sécurité affective, l'amour de soi renvoie à notre propre capacité à nous aimer inconditionnellement ; il va permettre secondairement de développer notre estime de soi, qui nous permettra de nous sentir valable et digne d'amour.
Ce sont des éléments qui font défaut chez les personnes dépendantes affectives qui, bien que recherchant le plus souvent à combler leurs failles narcissiques et de sécurité affective par le biais de la relation à autrui, ne sont jamais pleinement rassurées sur l'amour et l'investissement de l'autre ; elles ont le sentiment (plus ou moins conscient) de ne pas être à la hauteur de la relation et de ne pas mériter d'être aimées.
Dans ce contexte, la jalousie maladive liée à la dépendance affective est alimentée par le doute permanent de la personne dépendante qui est convaincue que son partenaire ne peut que trouver mieux ailleurs ou chez quelqu'un d'autre.
Toutes les caractéristiques des personnes fréquentées par le partenaire seront scrutées et donneront lieu à une véritable torture intérieure : la personne dépendante ne pourra s'empêcher de se comparer aux autres et de se trouver moins aimable, moins intéressante, moins attirante.
C'est aussi dans cette optique que le dépendant affectif sera amené à contrôler les fréquentations ou les activités de son partenaire, à surveiller son emploi du temps ou la manière dont il occupe son temps libre : il est fondamentalement effrayé de toutes les possibilités de rencontres qui s'offrent à l'autre et se persuade d'être très facile à remplacer.
Cette caractéristique n'existe pas dans les autres formes de jalousie paranoïaque que nous avons évoquées plus haut, pour lesquelles l'estime de soi n'est pas en question, ou bien est au contraire surinvestie. On reconnaît aussi la jalousie liée à la dépendance affective au fait qu'il n'y a pas a priori de discrimination sur les critères qui la provoquent.
Dans le cas de formes de jalousie plus modérées, la crainte que le partenaire puisse s'en aller ne sera associée qu'à certaines caractéristiques des rivaux potentiels, considérés comme plus attirants que soi ; pour un véritable dépendant affectif, toute autre personne, voire tout autre investissement personnel du partenaire peut être considéré comme une source de danger susceptible de conduire à l'éloignement de l'autre.
La personne affectivement dépendante s'attendra toujours à ce que son partenaire se rende finalement compte qu'elle ne mérite pas d'être aimée, et l'abandonne.
Signe n°3 : Le besoin d'être au centre de la vie de l'autre
Enfin, la dépendance affective renvoie aussi à un besoin de soutien, de reconnaissance et de validation quasi permanent.
Le dépendant a fondamentalement besoin du regard positif de l'autre sur lui pour se maintenir du point de vue de son estime de lui-même, comme il a besoin de l'affection de son partenaire pour nourrir un amour de lui-même défaillant.
Dans la mesure où il lui est difficile de se sentir exister sans exister d'abord dans les yeux d'autrui, il va être en demande de toute l'attention disponible de son partenaire et aura tendance à être jaloux de tout ce qui peut représenter un investissement pour l'autre en dehors de la relation.
Le temps passé et le plaisir pris par l'autre à des activités extérieures le ramèneront à la sensation de ne pas compter suffisamment, de n'être pas assez valable ou digne d'intérêt pour mobiliser toute l'énergie et l'attention de son partenaire.
On est bien dans le cadre d'une relation fusionnelle où l'autre n'est pas tant apprécié pour ce qu'il est (une individualité aussi nourrie par une vie personnelle riche et épanouissante) que pour ce qu'il donne : l'affection est comptée et mesurée davantage au regard de sa quantité que de sa qualité. Cette faille est souvent en lien avec des difficultés au niveau de l’attachement dans l’enfance.
Chez la personne affectivement dépendante, le besoin de fusion l’emporte sur l'envie de développer une relation fondée sur le partage et la mise en commun des richesses de chacun : le fait de se développer et de se construire en partie par le biais de nos rapports avec l'extérieur n'est pas valorisé, l'important est d'être ensemble et connectés le plus souvent possible pour éviter le douloureux sentiment de manque.
La jalousie maladive dans ce contexte portera donc aussi sur tout ce qui est susceptible de distraire l'autre de la relation : passions, famille, amis, c'est pour le dépendant affectif autant de sources d'inquiétude ou d'agacement. Le besoin de l'autre est si massif qu'il n'admet pas toujours l'épanouissement individuel du partenaire en dehors du cadre de la relation.
Un jaloux maladif peut-il changer ?
Une personne qui souffre de jalousie maladive peut changer. Pour y parvenir il y a plusieurs solutions. Avant tout, il est essentiel que le jaloux prenne conscience de ce trait, c’est pourquoi la communication dans le couple (ou avec la famille, les amis) revêt son importance. Il est nécessaire de pouvoir exprimer les sentiments et les faits, car la jalousie s’accompagne souvent d’une lourde charge émotionnelle à porter pour le partenaire qui en est victime.
Si la communication est difficile au sein du couple, il est possible d’envisager une thérapie ensemble. Cela permettra à chacun de comprendre le fonctionnement de la jalousie mais également d’apprendre à s’en défaire, notamment en essayant de sortir du jeu de la justification, qui vient amplifier le sentiment de jalousie obsessionnelle : en pensant rassurer, le partenaire renforce les croyances du conjoint jaloux. Certaines règles pourront être établies avec l’aide du thérapeute.
Aussi, un travail sur l’affirmation de soi est vital pour les deux : l’un apprendra à rassurer l’autre sur ses sentiments sans forcément justifier tout ce qu’il fait, et la personne jalouse partira à la recherche de ses failles et de ses blessures, causes de sa dépendance affective. Dans ce cas, une thérapie individuelle sera généralement plus fructueuse. En effet, ses bénéfices sont nombreux et avec un accompagnement adapté au besoin profond, il sera plus aisé de sortir de l’addiction à l’autre.
Par exemple, une thérapie par désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires sera efficace pour traiter, si c’est le cas, le traumatisme ayant provoqué la dépendance et la jalousie possessive. De plus, lorsque des effets secondaires sont associés au trouble (comme des symptômes dépressifs) alors le suivi avec un psychologue est d’autant plus important pour éviter toutes conséquences délétères.
Si la jalousie pathologique est toujours très difficile à vivre pour la personne qui en est l'objet, elle a pourtant des sources différentes en fonction des situations et renvoie à plusieurs profils de personnalité qui impliquent des modes de fonctionnement distincts. C’est pourquoi la thérapie cognitive et comportementale dite TCC est également adaptée. En effet, elle permet de déconstruire les schémas de pensées dysfonctionnels et les fausses croyances à l’œuvre qui engendrent des émotions négatives et des comportements de jalousie excessive. Cet accompagnement psychologique fait partie des thérapies brèves et les résultats apparaissent rapidement. N'hésitez pas à vous tourner vers un professionnel qui saura vous accompagner.
À retenir
Si la réalité est souvent plus nuancée, le principe est le suivant : toute tendance à la jalousie maladive fondée sur un sentiment d'insécurité renvoie, même dans une moindre mesure, à de la dépendance amoureuse. C'est elle qui nous donne l'impression de ne pas être suffisamment digne de l'amour de l'autre et qui crée la peur d'être abandonné.
Néanmoins, il est important de rappeler que les critères que nous donnons ici pour repérer les signes d'une jalousie fondée sur la dépendance affective correspondent à des traits prototypiques.
Faire confiance à l'autre nécessite d'abord d'avoir confiance en soi, en ses qualités propres ; ce n'est qu'à cette condition que l'on peut se positionner sereinement dans une relation avec la conviction que nous possédons des richesses susceptibles d'être appréciées par autrui.
Or c'est bien ce qui fait défaut lorsqu'on souffre de dépendance affective. Si vous pensez être dans ce cas, sachez que ce n'est pas une fatalité, qu'on peut en guérir et se réparer : il s'agit de soigner notre rapport à nous-même pour être en mesure de développer des relations saines avec autrui.