Ai-je besoin d'un psychologue ?
Vous ressentez l’envie et le besoin de venir en aide à votre conjoint quitte à vous oublier ? Vous êtes peut-être touchée par le syndrome de l’infirmière.
Qu’est-ce que le syndrome de l’infirmière ?
Le syndrome de l’infirmière, souvent observé chez les femmes, fait référence à un mécanisme relationnel dysfonctionnel. La personne qui en souffre souhaite, coûte que coûte, sauver autrui en ayant un rôle de sauveuse voire d’héroïne. À travers ce comportement, elle cherche à nier qu’elle a besoin d’aide en faisant passer le bonheur des autres avant le sien.
Bien qu’elle souhaite sauver le monde, ce rôle de sauveuse s’exerce principalement sur son ou sa partenaire. En outre, elle s’oublie au profit des autres et existe à travers les comportements qu’elle a pour autrui. En ne s'imposant pas de limites et en ne privilégiant pas ses besoins, la personne touchée par ce syndrome prend le risque de faire entrer une personne toxique dans sa vie.
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Comment le reconnaître ?
Le syndrome de l’infirmière peut faire écho aux symptômes de dépendance, de co-dépendance et au syndrome du sauveur. Pour vous aider à les identifier, posez-vous les questions suivantes :
- Êtes-vous fatiguée de donner ?
- Est-ce compliqué, pour vous, de dire “non” ?
- Votre entourage vient-il chercher du réconfort auprès de vous ?
- Ressentez-vous de la culpabilité si vous n’offrez pas votre aide à autrui ?
Ce syndrome est également appelé le syndrome de l’éducateur ou le syndrome du psychologue, car ce sont des métiers qui aident les autres.
Découvrez les 6 signes qui vont vous permettre de reconnaître le syndrome de l’infirmière :
- Vous avez une faible estime de soi et un déficit de confiance en soi
- Vous avez des qualités d’empathie
- Vous vous focalisez sur les problèmes de votre conjoint
- Vous ressentez le besoin de sauver votre partenaire
- Vous vous appréciez en fonction des actions que vous menez et non pour la personne que vous êtes
- Vous avez tendance à vous oublier
Signe n°1 : Faible estime de soi et déficit de confiance en soi
Le premier signe qui peut vous aider à identifier le syndrome de l’infirmière concerne votre confiance en vous et votre estime de vous. En effet, les personnes les plus touchées par ce syndrome sont des femmes ayant un important déficit de confiance en elles.
Elles sont persuadées qu’en aidant autrui et en étant utiles, elles vont être davantage appréciées. Elles ne perçoivent pas leurs qualités et vont, parfois jusqu’à l’épuisement émotionnel, pour sauver la personne avec qui elle partage leur vie.
Ainsi, elles se donnent une fonction pour exister dans le regard des personnes qui l’entourent. Cette envie d’être indispensable pour les autres peut cacher une peur de l’abandon ou une peur du rejet.
L’altruisme de la personne touchée par le syndrome est un moyen d’augmenter son estime de soi.
Le saviez-vous ?
Le burn out émotionnel serait plus important chez la femme que chez l’homme. En 2022, en Suisse, 41 % des jeunes femmes entre 16 et 24 ans étaient touchées par un épuisement émotionnel contre 14,4 % chez les jeunes hommes.
Signe n°2 : Des qualités d’empathie
Ensuite, on reconnaît une personne dévouée aux autres par sa capacité d’empathie. Elle a une bonne capacité d’écoute et d’analyse pour venir en aide aux autres. Elle a envie de faire la différence dans la vie d’autrui pour l’accompagner vers un état de mieux être.
Le syndrome de l’infirmière peut alors se reconnaître à travers les qualités suivantes :
- Vous percevez les émotions des autres
- Vous faites preuve d’une grande écoute
- Vous prenez soin du bien-être des autres
Le saviez-vous ?
Il existe 3 types d’empathie à savoir :
- L’empathie émotionnelle : elle permet d’identifier les émotions de l’autre sans forcément les partager
- L’empathie cognitive : il s’agit de la capacité de comprendre qu’autrui a une vie mentale différente de la vôtre.
- L’empathie mature : elle regroupe les deux précédentes empathies et correspond donc à la capacité de se mettre émotionnellement à la place de l’autre.
Signe n°3 : Se focalise sur les problèmes de son conjoint
Grâce à ses qualités d’empathie, voire d’hyperempathie, vous allez tout mettre en œuvre pour aider votre partenaire à résoudre ses problèmes et à l’accompagner dans cette démarche.
Pour cela, vous allez avoir tendance à vous renseigner sur les problèmes auxquels votre partenaire est confronté afin de l’aider à les résoudre. S’il recherche actuellement un emploi, il peut vous arriver de cibler, à sa place, les offres d’emploi qui pourraient l’intéresser.
À titre d’exemple, une femme victime du syndrome de l’infirmière a tendance à avoir un conjoint à problèmes pour se focaliser sur la résolution de ces derniers. Il peut s’agir de problèmes d’ordre :
- Affectif avec des difficultés relationnelles notamment
- Comportemental avec une addiction à la drogue ou une dépendance à l’alcool, par exemple
- Psychologique avec des troubles anxieux ou encore une dépression chronique
- Financier avec une addiction aux jeux d'argent ou des achats compulsifs.
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Signe n°4 : Envie de sauver son partenaire
Le quatrième signe qui peut vous aider à identifier ce syndrome de l’infirmière est votre envie de sauver votre partenaire. En effet, vous allez déployer une énergie considérable pour venir en aide à la personne qui partage votre vie.
Vous allez alors accumuler de la fatigue et, parfois, une charge émotionnelle et mentale importante. Vous êtes convaincue que votre mission consiste à sauver cette personne, et vous pouvez mettre vos propres besoins de côté pour ne pas faillir à cette mission. En quelque sorte, vous prenez la responsabilité de sauver autrui.
Une relation non équilibrée peut alors s’installer dans votre couple puisque l’on observe deux rôles : celui de donneur et celui de receveur sans alternance de ces rôles. Il est essentiel de veiller à ce que cet équilibre soit respecté au risque de vivre une relation toxique en couple.
Le saviez-vous ?
Quelle est la différence entre le syndrome du sauveur et le syndrome de l’infirmière ? Bien que ces deux syndromes soient semblables, il existe tout de même deux différences principales :
- Le syndrome de l’infirmière se met en place inconsciemment chez une personne (les femmes comme les hommes) contrairement au syndrome du sauveur qui se fait de façon plus consciente et où la recherche de reconnaissance est centrale.
- Le syndrome de l’infirmière est dénué de dimension narcissique
Signe n°5 : S’apprécie en fonction de ses actions et non de sa personnalité
Cette servante protectrice et dévouée aux autres pense qu’elle peut être appréciée uniquement grâce à ses actions qu’elle a pour autrui et non pas grâce à sa personnalité.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la confiance en soi et l’estime de soi viennent jouer un rôle majeur dans cette croyance.
Eprouvez-vous des difficultés à vous aimer telle que vous êtes et vous sentez-vous davantage valorisée lorsque vous donnez aux autres ?
Pour savoir si vous êtes dans ce cas, vous pouvez essayer de réfléchir à la manière dont vous vous percevez : que vous vient-il à l’esprit ?
- Est-ce des adjectifs qui décrivent votre personnalité ? (gentille, avec de l’humour, joyeuse…)
- Ou est-ce des actions réalisées pour autrui ? (je suis une bonne compagne, je suis à l’écoute des besoins de mon partenaire…)
Signe n°6 : Un manque de temps pour soi
Le syndrome de bonne samaritaine se distingue également par un manque de temps pour soi. En effet, vous passez la majeure partie de votre temps à prendre soin des autres. Mais pendant ce temps, qui prend soin de vous ?
Pour votre équilibre personnel, il est essentiel de vous dégager du temps en faisant des choses que vous aimez. Cela peut être la pratique d’un sport, mais aussi un moment de lecture.
Comment soigner le syndrome de l’infirmière ?
La personne qui souffre de ce syndrome peut rencontrer des difficultés dans sa vie quotidienne. Pour soulager ce syndrome, plusieurs solutions s’offrent à vous telles que :
- Comprendre l’origine de votre envie de sauver le monde
- Prendre conscience de vos automatismes
- Prendre du temps pour vous
- Guérir de vos blessures et de vos traumatismes
Plusieurs causes peuvent faire naître vos comportements d’héroïne. La première est liée à votre enfance. Vous pouvez avoir vécu une blessure émotionnelle. À titre d’exemple, il peut s’agir d’un parent peu expressif ou peu affectueux qui vous a fait penser que vous n’étiez pas assez bien pour être aimé.
La seconde peut provenir d’un traumatisme si vous n’avez, par exemple, pas pu empêcher un drame et que vous vous sentez responsable de celui-ci ou, à l’inverse, parce que vous avez joué un rôle déterminant dans un drame.
Une fois que vous avez connaissance de la cause de votre syndrome, alors vous pourrez commencer à soulager ces symptômes. La prise de confiance en soi et la communication avec son partenaire seront essentielles pour apprendre à exposer vos besoins et à imposer vos limites.
Pour vous aider dans ce cheminement, démarrer une thérapie peut s’avérer nécessaire. Le psychologue pourra, dans un premier temps, vous aider à mettre des mots sur vos blessures et à les identifier. Ensuite, il vous accompagnera dans le traitement de vos symptômes afin de vous apaiser.
La Clinique E-Santé est composée de psychologues en ligne experts pour vous accompagner vers un état de mieux être et vous libérer des blessures qui pèsent aujourd’hui sur votre quotidien.
A retenir
Plusieurs signes et symptômes peuvent être révélateurs du syndrome de l’infirmière :
- Une faible estime de soi et un déficit de confiance en soi
- Des qualités d’empathie exacerbées
- Un ou une partenaire avec des problématiques à lever
- Une envie de sauver la personne avec qui vous êtes en couple
- Le sentiment d’utilité en aidant autrui
- Un manque de temps pour soi
Il est fréquent de constater qu’une personne qui souffre de ce syndrome va avoir tendance à faire des sacrifices pour les autres, quitte à négliger ses propres besoins.
Sources
Une psy à la maison, “Comprendre le syndrome de l’infirmière et son origine”, YouTube, 2019
Serge Tisseron, “Les dérives de l’empathie”, Cairn, 2017