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Confiance en soi

Effet Dunning-Kruger : avez-vous tendance à vous surestimer ?

Les biais cognitifs sont des schémas de pensée qui peuvent porter atteinte au jugement d’une personne. L’effet Dunning-Kruger est l’un d'entre eux et altère l’auto-évaluation qu’une personne peut faire de ses compétences. Quel est donc ce biais qui provoque une surestimation de ses compétences ? C’est ce que nous expliquons dans cet article !

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Rédaction par Margaux

Rédactrice web

8 min

Publié le August 29, 2023 (modifié le June 24, 2024)

Comment savoir si je souffre de l’effet Dunning-Kruger ? 8 signes de surestimation

Quel est mon niveau d’estime de soi ?

Il vous arrive de surestimer vos capacités ? Vous souhaitez savoir où se situe votre estime de vous-même ?

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Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger ?

L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif, également appelé l’effet de surconfiance, qui se définit comme la surestimation de soi sur un sujet et sur ses compétences dans un domaine.
Damien Delonca, psychologue clinicien au sein de La Clinique E-Santé explique cet effet comme : “Moins la personne est experte d’un domaine, plus elle se sent compétente.”


Pour nous parler de ce sujet, il prend l’exemple des réseaux sociaux : “Il est fréquent de rencontrer des individus qui n’ont pas une maîtrise totale d’un sujet et qui s’expriment néanmoins à ce propos. En lisant quelques articles, la personne va avoir un effet de surconfiance et se penser experte.” Il est fréquent de rencontrer des individus qui n'ont pas une maîtrise totale d'un sujet et qui s'expriment néanmoins à ce sujet.
Cet exemple peut faire écho avec l’ultracrépidarianisme qui est un comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets que la personne ne maîtrise pas (pas de compétence crédible ou démontrée).
Le mécanisme de surconfiance se construit de la façon suivante : moins la personne en sait, plus elle pense avoir les compétences et les capacités pour s’exprimer.
La perception de soi est alors erronée puisque la personne n’a pas conscience qu’elle n’a pas la qualification. C’est en quelque sorte, une illusion de supériorité.
On doit l’origine de l’effet Dunning-Kruger aux chercheurs et psychologues David Dunning et Justin Kruger, notamment avec la publication de leur étude en 1999. Ils attribuent ce biais à une difficulté métacognitive des personnes non-compétentes qui les empêche de reconnaître leur incompétence.
Prenons l’exemple de ce syndrome de l’incompétence au travail. Lors d’un recrutement, le candidat peut montrer une certaine assurance et une bonne confiance en soi pour sécuriser son interlocuteur et mettre toutes les chances de son côté pour être embauché. Cette attitude peut se produire même si la personne est peu compétente dans le domaine. Ce type de profil est parfois difficile à cerner dans le cadre professionnel et il peut passer devant certains profils plus introvertis, qui sont pourtant plus compétents.
A lire aussi : 5 signes révélateurs d'un complexe de supériorité

Le saviez-vous ?

La perception de cette incompétence est inconsciente et provoque des difficultés à le reconnaître. Les personnes touchées par cet effet n’ont pas la capacité d’évaluer leur compétence, contrairement à un expert qui, lui, va s’entourer de ses pairs (d’autres experts) pour avoir une meilleure compréhension du niveau de ses aptitudes.

Comment savoir si vous vous surestimez ?

L’effet de surconfiance se traduit par une estime de soi élevée qui altère les performances d’un individu. Son erreur de jugement fausse sa cognition. Plusieurs signes peuvent aider à repérer cet effet :

  1. Il parle avec aplomb.
  2. Il est en quête de victoire.
  3. Il ne ressent pas le besoin d’avoir l’attention d’autrui.
  4. Il ose prendre des risques.
  5. Il prend de mauvaises décisions pour lui.
  6. Il a confiance en lui.
  7. Il valorise ses compétences.
  8. Il ne parvient pas à reconnaître un expert.

Signe n°1 : Il parle avec aplomb

Le premier signe pour identifier l’effet Dunning-Kruger est l’aplomb dans les paroles. Certaines formes de langage sont rarement employées par les personnes qui sont sûres d’elles. À titre d’exemple, il est peu fréquent d’entendre quelqu’un touché par l’effet Dunning Kruger intégrer, dans ses phrases “Euh…”, “Je ne sais pas.” ou encore “Je crois que.”
Ces tournures de phrases marqueraient éventuellement un manque de confiance en soi, or ce syndrome de l’incompétence montre une sur confiance en soi.
De ce fait, la personne parle avec aplomb pour se faire entendre et exprime ses idées avec assurance. Elle a bien conscience qu’il est compliqué de se faire entendre et écouter lorsque l’on est hésitant.

Le saviez-vous ?

La loi de Brandolini, également appelée le principe d’asymétrie des baratins, peut expliquer la cause de cette surconfiance en soi.
Damien Delonca, psychologue clinicien au sein de La Clinique E-Santé, nous explique que : “Ce principe repose sur le fait qu’il est plus facile de dire une bêtise que, pour un expert, d’expliquer pourquoi ce que la personne vient de dire est une bêtise.”

Signe n°2 : Il est en quête de victoire

Ensuite, on repère qu’une personne qui se surestime a tendance à vouloir remporter de petites victoires. D’une part, elle aime se challenger et se confronter aux autres, et d’autre part, ces récompenses provoquent de nouveaux récepteurs d’androgènes dans le cerveau. Ces derniers sont des protéines qui apparaissent à la suite d’une récompense ou lorsqu’une personne est motivée.
L’apparition de ces protéines augmente l’influence de la testostérone. Ainsi, la confiance en soi est augmentée. Les personnes sur confiantes sont alors en quête perpétuelle de défis à relever pour ressentir ce bien-être en eux.
Plusieurs petites victoires peuvent faire croître la confiance en soi sur plusieurs mois.

Le saviez-vous ?

Que signifie l’anosognosie ? Il s’agit d’un trouble neurologique qui se caractérise par la méconnaissance d’une personne sur un sujet.
Le comportement humain d’un individu touché par ce trouble s’oriente vers un non-apprentissage dans le quotidien et, en quelque sorte, à ne pas faire évoluer son éducation.

Signe n°3 : Il ne ressent pas le besoin d’avoir l’attention d’autrui

Il arrive parfois que les personnes qui cherchent à attirer l’attention sur elles donnent une mauvaise impression. Partant de ce constat, la personne victime de l’effet de surconfiance tente de ne pas attirer l’attention sur elle afin de renvoyer une image positive de sa personne.
Une personne qui a confiance en elle se reconnaît par son attitude positive et sa facilité à s’adapter à chaque situation.
De plus, lorsque l’attention est portée sur elle, après une victoire notamment, elle préfère mettre en valeur toutes les personnes qui ont participé à ce projet et qui ont contribué à cette victoire. Cela s’explique par le fait que l’individu confiant se valorise lui-même et ne ressent pas le besoin d’être gratifié par autrui ni de recevoir des marques d’approbation.

Le saviez-vous ?

Les individus qui souffrent de cet effet ont une mauvaise perception d’eux (illusoire de contrôle, illusion d’invulnérabilité). Cette erreur de perception est plus connue sous le nom d’effet de faux consensus.

Signe n°4 : Il ose prendre des risques

Contrairement à une personne qui manque de confiance et qui va avoir tendance à voir les aspects négatifs d’une situation, la personne sur confiante surestime ses propres capacités l’incitant à prendre des risques plus importants et parfois à ne pas évaluer les conséquences potentielles.
Elle a tendance à se poser les questions suivantes :

  • “Qu’est-ce qui me retient ?”
  • “Pourquoi est-ce que je ne le ferais pas ?”


L’individu en proie à son mécanisme inconscient d’incompétence inconsciente fonce et ne se freine pas par la peur. Il préfère tenter plutôt que de ne pas agir.
De plus, cette facilité à prendre des risques est accrue par le fait qu’il n’a pas peur d’avoir tort.

Le saviez-vous ?

La méta connaissance désigne la connaissance qu’un être humain a de ses propres connaissances et le contrôle qu’il exerce sur son propre système cognitif.
C’est donc sur ce principe que se basent les fausses croyances des personnes touchées par l’incompétence inconsciente.

Signe n°5 : Il prend de mauvaises décisions pour lui

La prise de décision est parfois faussée chez les personnes qui se surestiment. Elles ne laissent pas de place aux doutes et l’affirmation qu’elles ont d’elles-mêmes les orientent vers de mauvaises décisions, car elles ne prennent pas en considération l’ensemble des paramètres possibles liés à l’environnement qui les entoure.
L’excès de confiance peut biaiser la perception des choses (mauvaise analyse et compréhension d’une situation) et provoquer des désillusions. Peu importe l’intelligence qu'a la personne, une sur confiance en elle l’empêche de se remettre en question correctement et de recevoir un feedback qui pourrait l’aider dans sa prise de décision.
À titre d’exemple, dans le cadre professionnel, l’excès de confiance peut impacter une société dans ses choix stratégiques.

Signe n°6 : Il a une confiance en lui disproportionnée

L’excès de confiance en soi est l’un des signes qui caractérisent l’effet Dunning-Kruger. Être trop confiant peut faire souffrir l’entourage et être un frein au quotidien. À titre d’exemple, la recherche d’emploi peut être compliquée avec une confiance en soi excessive, car l’individu pense toujours mériter mieux que ce qu’on lui propose. Par conséquent, il va chercher d’autres propositions qui, selon lui, seront des meilleures opportunités pour lui, alors qu’il n’aura pas nécessairement les aptitudes pour réussir dans ces missions.
De plus, la résolution de problèmes peut s’avérer difficile, car il ne prend pas en compte l’ensemble des paramètres envisageables.

Le saviez-vous ?

D’après une étude réalisée par Statistica Research Department, en février 2019, sur des jeunes âgés de 18 à 30 ans en France, les personnes qui ont tout à fait confiance en eux restent peu nombreuses. Elles représentent 8 %.

Signe n°7 : Il valorise ses compétences

Ce phénomène d’incompétence inconsciente tend la personne vers une valorisation de ses compétences. Les études de Dunning et Kruger ont permis d’établir un schéma dont nous allons présenter le concept.
Leur étude démontre que plus le niveau de compétence d’un individu augmente, plus la différence entre la réelle compétence et la compétence perçue diminue.
Au début, il a tendance à surestimer sa compétence, et ensuite, cette estime excessive diminue pour s’inverser une fois l’expertise acquise (la compétence actuelle finit par dépasser la compétence perçue.)

Signe n°8 : Il ne parvient pas à reconnaître un expert

Un individu touché par l’effet Dunning-Kruger ne parvient pas à identifier un expert. En effet, il pense être le plus compétent en toutes circonstances et n’a pas la sagesse d’écouter l’expert qui, lui, est compétent dans un domaine particulier. Cela s’explique par le fait qu’il n’accorde pas de légitimité à l’expert, car il se la donne à lui-même.
Comme nous l’avons vu précédemment avec le schéma de l’étude Dunning et Kruger, les experts (personnes compétentes) ont tendance à se sous-estimer. À l’inverse, un individu touché par ce biais de jugement se sent compétent même lorsqu’il ne l’est pas nécessairement.
Par conséquent, il ne parvient pas à reconnaître un expert car ce dernier manque d’affirmation.

Comment surmonter ce biais ?

Ce biais cognitif peut être surmonté de plusieurs façons. Tout d’abord, prendre conscience de son existence est un premier pas pour le vaincre. En effet, avoir conscience de l’effet Dunning-Kruger réduit les risques d’y être confronté, car la personne connaît le mécanisme et peut donc plus facilement le reconnaître. Avoir une attention cognitive tournée vers cet effet permet de détecter les signes et favorise le détachement de ce biais.
Ensuite, développer la conscience de soi et son humilité aide à surmonter ce biais. Comme nous l’avons vu précédemment, les personnes touchées par ce syndrome surestiment leurs capacités et sous-estiment leurs défauts. Elles peuvent donc avoir un manque de conscience d'elles-mêmes.
La conscience de soi se traduit par l’honnêteté avec soi, à propos de ses forces et de ses faiblesses. Pour cela, la personne doit reconnaître ses limites et comprendre qu’il est possible de s’améliorer.
L’humilité est un deuxième point clé pour surmonter l’effet Dunning-Kruger. Elle favorise la reconnaissance d’autrui lorsqu’il contribue à quelque chose. Pour cela, il est essentiel d’admettre qu’un individu n’a pas la science infuse et qu’il faut s’ouvrir aux commentaires et apprendre des autres pour élargir son champ de compétences.
Enfin, la thérapie est également un moyen efficace pour lutter contre ces distorsions cognitives. Le thérapeute identifie les schémas de pensées auxquels est confrontée la personne afin de donner des stratégies à son patient pour y faire face. De plus, le psychologue peut aider son patient à comprendre les raisons de l’apparition de ce biais cognitif.

Le saviez-vous ?

La psychologie sociale peut venir en aide aux personnes qui souffrent de l’effet Dunning-Kruger. Elle étudie le comportement et les attitudes des personnes lorsqu’elles sont en groupe.

A retenir

Pour prendre conscience de l’effet Dunning Kruger, il faut se rendre compte de son incompétence. Il est prouvé que l’ignorance rend plus sûr de soi que la connaissance.
Le syndrome de l’incompétence se repère grâce à plusieurs signes :

  1. Parler avec aplomb
  2. Être en quête de victoire
  3. Ne pas ressentir le besoin d’avoir l’attention d’autrui
  4. Oser prendre des risques
  5. Prendre de mauvaises décisions
  6. Avoir confiance
  7. Valoriser ses compétences
  8. Ne pas parvenir à reconnaître un expert


L’effet Dunning-Kruger peut se révéler à cause d’un manque affectif. Pour surmonter ce biais cognitif, il existe plusieurs solutions telles que :

  1. Prendre conscience de cet effet
  2. Développer la conscience de soi
  3. Développer son humilité
  4. Démarrer une thérapie

Sources

“Le roi de l’incompétence”, Cerveau & Pyshco, 2020
Damien Delonca, psychologue clinicien à La Clinique E-Santé
“L’effet Dunning-Kruger ou l’art d’être à l’aise”, Radio France, 2022

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Photo de Christèle Albaret

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