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Effet Barnum : 6 astuces pour ne plus se laisser influencer

Vous êtes-vous récemment reconnu dans des descriptions concernant votre personnalité ou votre signe astrologique ? Vous êtes peut-être victime de l’effet Barnum !
Véritable biais cognitif, cet effet renvoie à la propension à croire que des énoncés vous caractérisent de façon personnelle alors qu’ils énoncent une réalité générale et applicable à une grande partie de la population.
Dans cet article, découvrez les 6 astuces pour contrer ce biais cognitif, et apprenez à développer votre pensée critique !

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Rédaction par Margaux

Rédactrice web

9 min

Publié le August 18, 2023 (modifié le July 22, 2024)

Quels sont les conseils pour ne plus se laisser influencer par l’effet Barnum ?

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Qu’est-ce que l’effet Barnum ?

Malgré une apparence parfois détachée, vous n’avez pas de mal à mettre en confiance votre interlocuteur qui se sent en sécurité en votre présence. Votre sens aigu de l’intuition vous permet de lire entre les lignes, et vous aide à vous adapter très rapidement à tout type de situation, c’est votre force, même si vous n’en avez pas pleinement conscience !
Vous êtes-vous reconnu dans ces mots ? C’est aussi le cas de la majorité des personnes !
L'effet Barnum, également connu sous le nom d'effet Forer, est un phénomène psychologique dans lequel les individus croient que des descriptions générales ou vagues sur leur personnalité sont, en réalité, des évaluations précises et spécifiques qui leur sont propres.
C’est à Paul Meehl, psychologue américain, que l’on doit cette expression. Ce dernier avait étudié des travaux sur les évaluations de la personnalité, en particulier dans des contextes cliniques, et s’était aperçu de cet effet.
Par la suite, ce biais de confirmation a été l’objet de nombreuses expérimentations. Une des plus connues a été celle menée par Bertram Forer, professeur de psychologie : il a administré un test de personnalité à plusieurs de ses étudiants avec des descriptions très générales sur un type de personnalité. La majorité d’entre eux s’est reconnue, influencée par cette expérience subjective !
En réalité, l’effet Barnum se produit souvent lorsqu'une personne reçoit une évaluation de sa personnalité ou de ses caractéristiques basée sur des déclarations générales avec une ambiguïté qui pourrait s'appliquer à n'importe qui. Cependant, en raison de l'effet de validation subjective, les individus ont tendance à interpréter ces déclarations de manière à ce qu'elles correspondent spécifiquement à leur propre personnalité.

Le saviez-vous ?

Des recherches complémentaires, menées par les psychologues Donna Dickson et Ivan William Kelly, ont démontré que cet effet était le plus susceptible d’être activé lorsque :

  • L’individu a la réelle conviction que le test / la description s’adresse uniquement à lui.
  • La personne ou l’institution qui délivre les informations est reconnue comme experte.
  • Les caractéristiques décrites sont globalement positives et flatteuses.

Quels sont les impacts de l’effet Barnum ?

L'effet Barnum est un biais cognitif qu’il est intéressant de pouvoir identifier pour mesurer sa présence au quotidien. On peut repérer facilement 4 impacts principaux :

  1. L’effet de validation subjective
  2. Le biais de confirmation
  3. La prise de décision hâtive
  4. La vulnérabilité à la manipulation

L’effet de validation subjective : c’est un biais cognitif qui exploite le besoin humain fondamental d'être compris et reconnu. Lorsqu'une personne reçoit des déclarations vagues qui semblent s'appliquer à elle, elle peut ressentir une validation subjective de sa propre personnalité. Cela peut renforcer sa croyance en l'exactitude des évaluations, même si elles sont, en réalité, générales et applicables à de nombreuses personnes.
Le biais de confirmation : c'est la tendance à rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment nos croyances existantes. Lorsque quelqu'un reçoit des informations vagues et applicables à beaucoup, il a tendance à remarquer et à se rappeler uniquement les aspects qui correspondent à sa propre perception de soi, tout en ignorant ou en oubliant les détails qui ne s'appliquent pas à lui.
La prise de décisions hâtive : lorsqu’une personne accorde trop de crédit à certaines informations à cause de l'effet Barnum, cela peut l'amener à prendre des décisions importantes ou à orienter sa vie en fonction de ces informations peu fiables. Certaines décisions financières, professionnelles ou personnelles pourraient ne pas être basées sur une évaluation objective et / ou précise de la situation réelle.
La vulnérabilité à la manipulation : astrologues, voyants, médiums… Certains individus usent délibérément de cette validation subjective pour exploiter les personnes en leur faisant croire qu'ils ont des connaissances spéciales ou des capacités paranormales. Au final, cela entraîne des dépenses d’argent inutiles et parfois importantes, des attentes irréalistes et des abus émotionnels.

Comment ne plus se laisser influencer ?

Comme pour l’effet placebo qui joue sur le cerveau, l’effet Barnum est un outil fréquemment utilisé par les personnes ou les institutions qui souhaitent profiter de l’interprétation : en jouant sur la suggestibilité, la projection et la flatterie, ils parviennent plus facilement à manipuler.
C’est notamment le cas chez le pervers narcissique, qui cherche à asseoir son pouvoir par tous les moyens ; ou, plus généralement, l’outil de certaines personnes qui pratiquent la voyance et qui cherchent à influencer, sans avoir de réels dons.
Pour ne plus se laisser influencer par cet effet psychologique, la Clinique E-Santé vous délivre 6 techniques :

  1. Être conscient du biais cognitif
  2. Évaluer la source d’information
  3. Cultiver sa pensée critique
  4. Prendre du recul sur la situation
  5. Rechercher l’avis opposé
  6. Développer sa confiance en soi

Astuce n°1 : être conscient du biais cognitif

Avoir conscience de l’effet Barnum, c’est la première étape pour réussir à prendre du recul et à contrer l’effet de ce biais cognitif. Ce dernier désigne une déviation systématique de la pensée qui peut influencer le jugement, la perception et les prises de décision.
Illusion de savoir, biais de négativité, effet Dunning-Kruger, biais d’ancrage… Tous sont des raccourcis mentaux ou des modèles de pensée automatiques qui peuvent conduire à des erreurs et à des distorsions dans votre façon de traiter les informations.
Il est important de reconnaître les biais cognitifs, puisqu’ils peuvent affecter votre capacité à prendre des décisions rationnelles et objectives. En étant conscient de ces tendances cognitives, vous pouvez commencer à les atténuer en prenant du recul et en développant un esprit critique face aux informations que vous recevez.
La lecture de cet article est d’ailleurs la première des clés pour éviter l’effet Barnum* : vous prenez conscience de cet effet afin de mieux le comprendre et de l’identifier dans votre vie quotidienne !

Astuce n°2 : évaluer la source d’information

Vérifier les informations que vous recevez au quotidien est primordial ! Il est important de diversifier les sources d’information et d’évaluer la crédibilité de la source d’où provient l’information que vous traitez pour ne pas vous laisser influencer par l’auto-suggestion, caractéristique de l’effet Barnum.
Dans un premier temps, il peut être intéressant de rechercher des informations concernant l’expertise, les qualifications et les antécédents de la source. Si elle provient d’un individu, vous avez la possibilité de rechercher ou le questionner sur son expérience professionnelle, sa formation, ses références… Lorsqu’il s'agit d’informations provenant d’institutions, il est possible de vérifier la solidité et la véracité des données précédemment transmises, par exemple.
Ensuite, et pour mieux comprendre le point de vue de la personne qui vous transmet l’information, vous pouvez essayer de creuser les motivations personnelles et/ou idéologiques qui ont poussé sa réflexion. Parfois, ces dernières ne sont pas objectives, et sont biaisées par le point de vue de la personne qui vous l’apporte.

Astuce n°3 : cultiver sa pensée critique

Cultiver l’esprit critique commence par une remise en question des généralités : nous avons tous tendance à rechercher la validation subjective et à faire abstraction de chaque information qui y serait contraire.
À titre d’exemple, nous faisons tous partie de communautés sur les réseaux sociaux : celles-ci s’alimentent par des personnes qui partagent les mêmes caractéristiques et centres d’intérêt. Dans ces microcosmes, la validation subjective s’auto-alimente grâce à l’engagement journalier de ses membres.
Réussir à développer une pensée critique, c’est rechercher des perspectives différentes en multipliant les sources d’informations. Réseaux sociaux, presse, livres… En accumulant les informations de sources fiables, vous pourrez avoir une vision plus large du sujet qui vous intéresse et pourrez analyser plus objectivement la situation.
Ainsi, vous serez mieux équipé pour évaluer les informations de manière objective afin de prendre des décisions plus éclairées.

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Astuce n°4 : prendre du recul sur la situation

Agissant directement sur la cognition, ce biais cognitif est insidieux : la plupart du temps, vous en êtes victime sans même vous en rendre compte. De ce fait, il est important de prendre du recul lorsque vous vous reconnaissez dans des caractéristiques ou descriptions générales et de contrer l’effet de projection associé afin d’éviter de prendre des décisions impulsives et émotionnelles.
Récemment, et avec l’essor des plateformes sociales, la part d’auto-diagnostics concernant l’hypersensibilité, le haut potentiel ou divers troubles de la personnalité ont explosé. Très souvent, les descriptions sont vagues et applicables à la majorité de la population afin de toucher un grand nombre de personnes.
Prendre du recul sur ce type d’informations est alors nécessaire pour ne pas se laisser influencer par une généralité, qui est, en réalité, commune à la plupart des personnes.
Après avoir recueilli ces données, il peut être bénéfique de prendre quelques jours de réflexion afin de continuer l’investigation, vérifier la crédibilité des sources, et évaluer la réelle identification aux caractéristiques reçues pour éviter, par exemple, une fausse prédiction de diagnostic.

Astuce n°5 : rechercher l’avis opposé

Comment éviter l’effet de validation lorsque les informations que l’on reçoit affirment les mêmes idées ? Rechercher des points de vue opposés est important pour développer son esprit critique et découvrir le sujet à travers un nouvel angle, mais aussi pour ne pas se laisser influencer par une seule et unique vision.
Lorsque vous tombez sur des informations qui ont l’air de vous correspondre, prenez du recul et diversifiez vos sources, toujours en essayant de vérifier la véracité de ces dernières. Ensuite, il peut être intéressant de comprendre le point de vue que l’auteur de l’information a souhaité transmettre pour rechercher des opinions contradictoires.
Consultez des sources qui remettent en question certaines affirmations et/ou idées populaires, diversifiez les supports d’information (presse, site web, documentaires, réseaux sociaux, etc) et analysez les arguments et preuves présentés pour vous forger une opinion qui vous est propre.
En restant ouvert d’esprit et ouvert à l’opposition, vous pourrez élargir votre compréhension d’un sujet et vous prémunir de l’effet Barnum. Cela vous permettra de prendre des décisions basées sur une vision plus complète et nuancée.

Astuce n°6 : développer sa confiance en soi

La confiance en soi joue un rôle important pour éviter l’effet Barnum. En effet, c’est un biais cognitif qui est renforcé par le manque de confiance en soi et le besoin de validation et d’acceptation par les autres.
Travailler sur votre estime de soi, et la manière dont vous recevez les informations est parfois susceptible d’empêcher cet effet de se produire. Renforcer votre estime de vous pourra vous permettre de développer une confiance solide en vos capacités et en vos jugements.
Lorsque vous avez confiance en vous, vous êtes moins susceptible d’être influencé par des descriptions générales et vagues qui jouent sur les croyances, la flatterie et la manipulation. En outre, vous aurez tendance à moins rechercher la validation externe, puisque vous serez en mesure d’estimer vos compétences et capacités à leurs propres valeurs.
Avoir confiance en soi aide à pleinement s’affirmer : en vous affirmant et en faisant confiance à votre propre jugement, vous serez armé pour contrer l’effet Barnum, d’autant plus lorsqu’il devient un outil de manipulation mentale contre vous.

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Le saviez-vous ?

Tout le monde peut être influencé par l’effet Barnum ! Puisqu’il s'agit d’un mécanisme psychologique inconscient, il est parfois difficile de se rendre compte que l’on s’est fait influencer par des techniques de marketing et/ou de publicité basées sur cet effet.

A retenir

Tests de personnalité, astrologie, numérologie, pseudoscience, voyance… De nombreuses institutions profitent de l’effet Barnum, ce biais cognitif qui fait référence à la faculté d’une personne à se reconnaître personnellement dans une description générale.
Cet effet de validation subjective est difficile à déceler. Comment savoir si l’on est influencé ou non ? Découvrez nos 6 conseils pour prendre conscience de cet effet et le contrer :

  1. Être conscient du biais cognitif
  2. Évaluer la source d’information
  3. Cultiver sa pensée critique
  4. Prendre du recul sur la situation
  5. Rechercher l’avis opposé
  6. Développer sa confiance en soi


L’astuce la plus importante, c’est de connaître l’existence de cet effet ! Ensuite, la prise de recul et l’évaluation des informations deviennent naturels.

Sources

François Filiatrault, “L’Effet Barnum, une simple curiosité ?”, Association Française pour l’Information Scientifique, 2003

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Photo de Christèle Albaret

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