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Syndrome de Münchhausen : signes, causes et traitements

Considéré comme rare, le syndrome de Münchhausen est un trouble psychologique dans lequel les personnes simulent ou provoquent volontairement des symptômes physiques ou des symptômes psychologiques dans le but d’attirer l’attention ou la compassion. En raison de sa nature trompeuse, le diagnostic de ce trouble reste aujourd’hui difficile à établir. Pour l’identifier, nous vous dévoilons quelques signes ainsi que les causes qui ont pu provoquer l’apparition de ce syndrome.

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Rédaction par Margaux

Rédactrice web

9 min

Publié le August 22, 2023

Quels sont les signes, les causes et les traitements pour diagnostiquer le syndrome de Münchhausen ?

Suis-je à risque de stress post-traumatique ?

Vous avez tendance à provoquer des symptômes physiques ou psychologiques dans le but d'attirer l'attention ? Vous pensez qu'un événement passé peut en être la cause ?

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Qu'est-ce que le syndrome de Münchhausen ?

Le syndrome de Münchhausen est un trouble factice complexe qui se caractérise par la fabrication intentionnelle de symptômes médicaux, de maladies ou de blessures par un individu sur lui-même. Son principal objectif est d'attirer l'attention sur soi, de susciter la sympathie, et d'obtenir des soins médicaux de manière répétée.
Il s’agit d’un trouble factice chronique qui conduit une personne à croire qu’elle souffre, par exemple, d’une dépression ou encore d'un trouble anxieux.
Les personnes touchées par cette pathologie mentale peuvent parfois se rendre dans plusieurs hôpitaux ou consulter de nombreux médecins pour obtenir des examens médicaux, des interventions chirurgicales et des traitements coûteux, malgré l’absence de toute maladie réelle.
Les symptômes simulés peuvent être variés et englober divers désordres somatoformes, tels que des douleurs abdominales, des problèmes respiratoires, des éruptions cutanées, des perturbations neurologiques, et bien plus encore.
Le syndrome de Münchhausen par procuration, quant à lui, est une variation encore plus déroutante de ce trouble. Dans ce cas, le patient simule des symptômes non pas pour lui-même, mais pour un proche, généralement un enfant.
Les individus atteints de ce trouble provoquent délibérément des manifestations psychosomatiques et des symptômes chez la personne sous leur responsabilité, que ce soit leur enfant ou une personne vulnérable, dans le but d'obtenir de l’attention médicale et sociale et pour justifier un examen clinique. Ce type de comportement est également connu sous le nom de syndrome d'emprisonnement médical.
Pour illustrer nos propos, prenons l’exemple d'une mère qui emmène fréquemment son enfant à l'hôpital pour des symptômes imaginaires ou provoqués intentionnellement. Elle peut administrer des substances nocives à l'enfant pour provoquer des vomissements ou des crises convulsives. Les médecins et le personnel médical peuvent être trompés par ces simulations, entraînant souvent un examen médical inutile et potentiellement dangereux pour l'enfant.
Le but ultime de la mère est d'attirer l'attention et la sympathie des autres en se présentant comme une mère dévouée et désemparée, tout en maintenant le contrôle sur la situation.
Environ 1 000 cas de maltraitance d’enfants sont signalés chaque année aux États-Unis et sont liés à ce syndrome.
Le syndrome de Münchhausen par procuration est identifié comme une forme aggravée de maltraitance.

Le saviez-vous ?

Dans le cas du syndrome de Münchhausen par procuration, il arrive de séparer la victime de son maltraitant (souvent l’enfant du parent).
Parfois, la situation nécessite une hospitalisation de l’enfant voire un éloignement durable du parent.

Quels sont les signes pour reconnaître le Syndrome de Münchhausen ?

Il est important de reconnaître les signes de ce trouble afin de fournir une assistance et un soutien appropriés aux individus concernés, tout en protégeant les personnes vulnérables, notamment les enfants, des conséquences néfastes de ce désordre mental. Pour repérer ce comportement, qui peut parfois être dangereux, voici quelques signes caractéristiques :

  • L’automutilation : Pour que les symptômes correspondent à la maladie fictive que le sujet a choisie, certaines personnes adoptent des comportements autodestructeurs. Ainsi, il est possible d’observer une personne souffrant de cette psychopathologie s'empoisonner ou s’infliger des blessures pour orienter le médecin vers la maladie qu’elle souhaite mettre en avant.

  • Nombreux symptômes médicaux incohérents : Les individus qui affirment souffrir d’une maladie chronique fictive présentent souvent une multitude de symptômes incohérents qui ne correspondent pas nécessairement à un diagnostic précis. Les professionnels de la santé éprouvent des difficultés à identifier une maladie précise, car les symptômes du patient évoluent rapidement.

  • Antécédents médicaux complexes : Les individus atteints de ce trouble ont généralement des antécédents médicaux complexes, avec de nombreuses hospitalisations et l’utilisation de médicaments inutiles qui peuvent parfois aboutir à une intervention chirurgicale inutile. Ils ont tendance à changer régulièrement de médecin pour obtenir différents diagnostics et traitements.

  • Maladies rares ou mystérieuses : Souvent, les patients optent pour des maladies rares ou méconnues qui sont difficiles à diagnostiquer.

  • Comportement dramatique : Lorsqu’ils évoquent leurs symptômes ou leurs expériences médicales, ces individus ont tendance à adopter une attitude dramatique. Ils exagèrent souvent la gravité de leur état ou inventent une histoire médicale fictive pour susciter la pitié, l’attention et la compassion.

  • Procédures invasives répétées : Les personnes atteintes de maladie fictive ont souvent recours à des interventions médicales invasives (chirurgies, injections ou examens médicaux douloureux) même si elles ne sont pas médicalement nécessaires. À travers ces actes, elles recherchent la satisfaction émotionnelle d’être au centre de l’attention.

  • Recherche de soutien médical : Généralement, ces individus ont l’habitude de fréquenter les services médicaux, car ils consultent régulièrement pour des problèmes de santé mineurs voire inexistants.


Il est notable que les personnes touchées par ce syndrome se fixent sur une maladie spécifique. Ils se renseignent sur celle-ci afin d’en connaître tous les détails et de provoquer les symptômes associés.
La reconnaissance des signes du syndrome de Münchhausen est essentielle pour identifier les personnes atteintes de ce trouble et leur fournir l’aide appropriée.

Le saviez-vous ?

Quelle est la différence entre le syndrome de Münchhausen et l’hypocondrie ? Le premier se caractérise par la simulation d’une maladie chronique fictive pour attirer l’attention. En revanche, l’hypocondrie est la peur d’avoir une maladie ce qui amène à une préoccupation excessive de sa santé.

D’où provient-il ? Les causes

Le syndrome de Münchhausen, trouble complexe de la santé mentale, suscite depuis longtemps l'intérêt des professionnels de la santé et des chercheurs. Ses causes profondes résident souvent dans des traumatismes subis pendant l'enfance, qui peuvent avoir des effets durables sur la psyché d'un être humain.
Les individus qui ont vécu des négligences, des abus physiques, émotionnels ou sexuels durant leur jeunesse sont plus susceptibles de développer ce trouble. Les traumatismes non résolus peuvent engendrer une distorsion de la réalité et une forme de dissociation, poussant ces personnes à simuler des symptômes médicaux ou à inventer des histoires médicales afin d'attirer l'attention sur elles-mêmes.
Une autre cause significative concerne les troubles de la personnalité qui jouent également un rôle majeur dans le développement du trouble factice. Les individus présentant des comportements ou des attitudes tels que la recherche constante d'attention, la manipulation ou le besoin excessif d'affection sont plus enclins à adopter ce comportement pathologique. Ils cherchent souvent à obtenir de l'empathie et de la sollicitude en feignant des maladies graves ou en exacerbant leurs symptômes.
Une compréhension approfondie des causes de ce syndrome est essentielle pour fournir un soutien adéquat aux personnes touchées et pour prévenir les conséquences néfastes qui en découlent.

Le saviez-vous ?

Les conséquences du syndrome de Münchhausen sont multiples et affectent à la fois l'individu et son entourage.
Sur le plan personnel, les personnes atteintes de ce syndrome peuvent vivre dans un environnement néfaste qui génère de la souffrance ce qui peut contribuer à une augmentation du sentiment constant de vide émotionnel et de méfiance envers autrui.
Au niveau social, cette psychopathologie peut entraîner une détérioration des relations familiales, amicales et professionnelles, car les personnes autour de l'individu peuvent finir par se méfier de la véracité de leurs propos.

Comment diagnostiquer ce syndrome ?

Le diagnostic du syndrome de Münchhausen repose sur une évaluation clinique minutieuse et une compréhension approfondie des caractéristiques du comportement du patient. Ce syndrome implique une tendance obsessionnelle à feindre, simuler ou exagérer délibérément des symptômes médicaux ou psychologiques. L'une de ses caractéristiques les plus intrigantes est le déni de la personne atteinte, qui peut rendre le diagnostic particulièrement délicat.
Le processus de diagnostic du trouble factice comporte plusieurs étapes clés.
Tout d'abord, il est essentiel pour les professionnels de la santé mentale de recueillir un historique médical complet du patient, en prêtant une attention particulière aux antécédents de symptômes inhabituels, aux hospitalisations fréquentes et aux interventions médicales non justifiées. Dans certains cas, cela peut être compliqué, car le patient peut nier tout comportement anormal ou intentionnel.
En outre, les professionnels de la santé doivent observer attentivement les schémas de comportement du patient. Les signes récurrents d'incohérence entre les symptômes allégués et les résultats des tests médicaux peuvent éveiller des soupçons.
À titre d’exemple, un patient atteint d’une maladie fictive peut prétendre avoir une affection médicale grave, mais les résultats des examens médicaux ne montrent aucune preuve tangible de cette maladie. Cette discorde entre les allégations et les preuves objectives peut constituer un indice pour le diagnostic.
Ensuite, la collaboration entre différentes spécialités médicales est souvent nécessaire pour parvenir à un diagnostic précis du syndrome de Münchhausen. Les psychiatres, les psychologues et les médecins spécialistes doivent travailler en étroite collaboration pour évaluer le patient sous différents angles. Les entretiens cliniques et les évaluations psychologiques approfondies permettent de mieux comprendre les motivations sous-jacentes derrière le comportement factice.
Un diagnostic précoce et une prise en charge psychiatrique spécialisés peuvent être cruciaux pour empêcher que cette attitude ne provoque des dommages physiques graves et permettre aux patients de recevoir l'attention psychologique dont ils ont réellement besoin.

Le saviez-vous ?

Quelques chiffres sur ce trouble de la maladie fictive :

  • Jusqu'à 80 % des personnes atteintes du trouble factice peuvent nier ou minimiser leurs comportements lors des évaluations médicales, rendant ainsi le diagnostic plus difficile.
  • On estime qu'une personne atteinte d’une maladie fictive peut consulter en moyenne 20 médecins différents avant que le diagnostic ne soit correctement établi.
  • En raison du défi que représente la complexité du syndrome, le diagnostic peut prendre en moyenne 7 à 10 ans à partir du début des symptômes, retardant ainsi la prise en charge appropriée.
  • Environ 70 à 80 % des personnes atteintes de ce syndrome ont également été diagnostiquées avec d'autres troubles psychiatriques, tels que les troubles de la personnalité ou les troubles anxieux.

Comment soigner le syndrome de Münchhausen ?

Lorsqu’une personne est touchée par ce trouble psychopathologique, elle est souvent prise dans un cycle de compulsion incontrôlable de créer et de maintenir des problèmes de santé fictifs. La compréhension de cette condition et son traitement exigent une approche multidisciplinaire, faisant intervenir la psychiatrie, la psychologie et diverses formes de thérapie.

Solution n°1 : La psychothérapie

La psychothérapie occupe une place centrale dans le traitement du syndrome de Münchhausen. Les psychologues spécialisés dans les troubles du comportement et de la santé sont habilités à aider les individus à identifier les motifs sous-jacents qui les poussent à simuler ou à exagérer des symptômes médicaux.
La thérapie peut aider à explorer les traumatismes passés, les besoins émotionnels non comblés et les mécanismes de défense qui alimentent la compulsion. Par le biais d'une communication ouverte et d'un soutien empathique, les individus peuvent apprendre à gérer leurs émotions et à trouver des moyens plus sains d'attirer l'attention.

Solution n°2 : La thérapie cognitive et comportementale

La thérapie cognitive-comportementale (TCC) est une approche éprouvée pour traiter le trouble factice. Elle se concentre sur la modification des schémas de pensée dysfonctionnels qui sous-tendent le comportement factice.
Les individus apprennent à reconnaître et à défier les croyances irrationnelles qui les poussent à adopter ces comportements.
En outre, la TCC aide à développer des compétences pour faire face aux situations stressantes de manière plus adaptative, réduisant ainsi la compulsion et la perte de contrôle.

Solution n°3 : La thérapie de groupe

La thérapie de groupe offre un environnement de soutien où les individus atteints de pathomimie peuvent partager leurs expériences et leurs défis.
Cela leur permet de se sentir moins isolés et de réaliser qu'ils ne sont pas seuls dans leur lutte. Les interactions avec d'autres membres du groupe fournissent des perspectives différentes et aident à développer des compétences sociales plus saines.

Solution n°4 : la médication

Bien que la médication ne traite pas directement le comportement factice, elle peut être utilisée pour gérer et soulager les symptômes associés, tels que l'anxiété, la dépression ou les changements d’humeur. Un psychiatre peut évaluer la nécessité d'une médication et prescrire des antidépresseurs ou des anxiolytiques si cela s'avère approprié.
Il est important de noter que tout traitement est prescrit à la suite d’une évaluation clinique précise et minutieuse. Un traitement mal adapté ni justifié peut renforcer le syndrome.

Solution n°5 : Thérapie relationnelle et / ou transgénérationnelle

Impliquer les relations dans le traitement du syndrome de Münchhausen peut être bénéfique notamment s’il provient de dynamiques familiales complexes. Ce type de thérapie peut aider à améliorer la communication, à aborder les conflits sous-jacents et à renforcer les relations, contribuant ainsi à réduire les facteurs de stress qui alimentent la compulsion et l’auto-induction.
L’approche transgénérationnelle, elle, permet de comprendre son histoire de vie.


Bien que la route puisse être longue, avec le bon accompagnement et le suivi adapté d’un psychologue, il est possible de surmonter les schémas de comportement factice et de retrouver un mode de vie plus sain et équilibré.

A retenir

Le syndrome de Münchhausen, caractérisé par la simulation délibérée de symptômes médicaux pour attirer l'attention, demeure un défi diagnostique complexe.
Les signes, tels que les récits incohérents et les interventions médicales excessives, reflètent une quête pathologique de compassion.
Les causes sous-jacentes restent multifactorielles, mêlant des facteurs psychologiques, des traumatismes passés et des besoins émotionnels non comblés.
Le diagnostic exige une évaluation clinique approfondie. Le traitement, centré sur la psychothérapie, vise à traiter les problèmes psychologiques latents et à fournir des stratégies d'adaptation positives.
Une approche collaborative entre professionnels de la santé mentale et patients est cruciale pour surmonter cette condition délicate.

Sources

Grérad Decherf, Syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP) ou la symbolisation transgénérationnelle par procuration (STPP), Cairn, 2001
Joel E. Dimsdale, Trouble factice imposé à soi-même, MSD, University of California San Diego, 2022
Dr Jacqueline Roosant-Lumbroso, Dr Lyonel Rossant, Ladane Azernour Bonnefoy, Syndrome de Münchhausen, Doctissimo, 2020

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Photo de Christèle Albaret

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