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D’après le DSM 4, le trouble dissociatif de l’identité se définit comme la présence de deux ou plusieurs identités chez une personne. On parle alors d’état de personnalité qui est distinct avec une perte de contrôle de la personnalité dès lors qu’une autre identité (alter) se manifeste. Dans un système TDI, le nombre d’alters minimum est de 2.
Le DSM 5 vient préciser cette définition en ajoutant que la personne qui souffre de ce trouble peine à se rappeler des événements du quotidien, d’informations personnelles ou encore des moments qu’elle a vécu. Il ne s’agit pas d’un oubli insignifiant qui peut être, par exemple, l’oubli d’une tâche ménagère, mais bien d’une incapacité à se remémorer.
Le saviez-vous ?
Il existe deux formes de trouble dissociatif de l’identité :
- Avec possession : c’est une forme extérieure qui vient prendre possession de la personne (fantômes, esprit…).
- Sans possession : c’est le changement de personnalité avec les différentes identités qui sont à l’intérieur de la personne.
Les symptômes courants du trouble dissociatif de l'identité
Reconnaître un TDI n’est pas toujours évident. Il peut être confondu avec d’autres pathologies telles que le trouble de la personnalité borderline ou encore le TDAH. Il est important de noter que le trouble dissociatif de l’identité provient de traumatismes violents vécus pendant l’enfance ou l’adolescence (inceste, viol, abus sexuel, violence, maltraitance…) ou de l’unité de soi (construction identitaire de la personne désorganisée).
Pour diagnostiquer un trouble dissociatif de l’identité, les 5 signes suivants peuvent vous aider :
- Les troubles de la mémoire et de l’identité
- Les expériences de dépersonnalisation et de déréalisation
- Les troubles émotionnels et comportementaux
- Les hallucinations et les illusions
- Les problèmes de sommeil et de concentration
Les troubles de la mémoire et de l'identité
Le premier symptôme courant du trouble dissociatif de l’identité repose sur les troubles de la mémoire et de l’identité.
Cette incapacité à se remémorer quelque chose se manifeste par une amnésie partielle ou totale. Il peut s’agir de l’impossibilité de se souvenir d’expériences vécues dans le passé ou de créer de nouveaux souvenirs.
Cette amnésie peut survenir à la suite d’un choc psychologique. Adèle, psychologue clinicienne à La Clinique E-Santé, nous explique :
“Les personnes qui souffrent de trouble dissociatif de l’identité ont subi des traumatismes violents de type 2 ou 3. Elles ont vécu des abus chroniques et sévères au niveau physique, psychique et/ou sexuel.”
Le trouble de l’identité, lui, se manifeste par plusieurs identités au sein d’une même personne. À titre d’exemple, une personne avec un trouble de l’identité peut avoir différents alters composés d’une personnalité protectrice, d’une personnalité impulsive ou encore d’une personnalité triste.
Le saviez-vous ?
Il existe deux formes d’amnésie :
- L'amnésie psychogène ou dissociative : elle est causée par un traumatisme important ou un stress intense. La personne est dans l’incapacité d’évoquer un souvenir personnel. Il s’agit d’une amnésie rétrograde.
- L’amnésie organique (due à des lésions) : il s’agit de l’inaptitude à fixer de nouveaux souvenirs due à des lésions.
Les expériences de dépersonnalisation et de déréalisation
Ensuite, on reconnaît un TDI par des expériences de dépersonnalisation et de déréalisation. La dépersonnalisation est le fait de se sentir détaché ou à l’extérieur de soi. Vous pouvez avoir l’impression que vous regardez un film.
La déréalisation vous fait penser que le monde n’est pas réel.
Ces symptômes de dépersonnalisation et de déréalisation peuvent être occasionnels ou réguliers.
Il s’agit d’une forme de trouble dissociatif qui rend la personne détachée de son propre corps ou de son fonctionnement psychique. Pour une personne souffrant de trouble dissociatif de l’identité, cette dissociation peut être ressentie au moment où un alter prend l’ascendant sur vous.
Le saviez-vous ?
D’après la société internationale pour l’étude des traumatismes et de la dissociation, 1 à 3 % de la population mondiale serait touchée par le trouble dissociatif de l’identité.
Les troubles émotionnels et comportementaux
Le troisième symptôme qui permet d’identifier un TDI concerne les troubles émotionnels et comportementaux. Les personnes qui souffrent de ce trouble ressentent diverses sensations dues à la présence de plusieurs alters. À titre d’exemple, elles peuvent avoir l’impression qu’une autre personne veut pleurer en utilisant leurs propres yeux.
Parmi les symptômes les plus fréquents, on retrouve :
- L’amnésie
- Les troubles mentaux et médicamenteux (migraine, sentiment de tristesse intense…)
- La dépression
- L’anxiété généralisée
- Les comportements d’automutilation
- Les dépendances
- Le trouble de la fonction sexuelle
Bon à savoir
Quelle est la différence entre un TDI et un TDE ?
Lorsque l’on évoque le trouble dissociatif émotionnel, on parle de fragmentation émotionnelle et non de fragmentation de l’identité comme c’est le cas pour le TDI. Il s’agit d’un switch des présences émotionnelles, dû à des traumatismes ou à une surcharge émotionnelle.
Contrairement au TDI, qui lui, cause des troubles au niveau physique et sexuel, le TDE est centré sur le psychisme et les émotions de la personne atteinte.
Les hallucinations et les illusions
Parmi les signes du TDI, on constate que les hallucinations et les illusions peuvent être également un symptôme du trouble.
Vous pouvez alors ressentir :
- Des hallucinations auditives : vous entendez des voix, vous pouvez dire tout haut ce que ces voix vous disent ou même discuter avec elles.
- L’intrusion de pensées ou d’idées inhabituelles : vous les percevez comme une force venant de l'extérieur.
- Des pensées inaccessibles : vous avez l’impression que vos pensées sont retirées de votre esprit.
- Des actions non contrôlées : vous n’avez plus le contrôle de vos actions, sensations, mouvements de votre corps ou encore de vos émotions.
- Des délires de perception : vous vous sentez incapable de vous baser sur vos sensations réels.
Ces symptômes sont parfois confondus avec la schizophrénie ce qui peut allonger le délai du diagnostic du trouble dissociatif de l’identité.
Les problèmes de sommeil et de concentration
Des troubles du sommeil et de la concentration peuvent être ressentis par les personnes souffrant de ce trouble psychologique. Comme nous l’explique Adèle,
Les symptômes du trouble dissociatif de l’identité regroupent les symptômes d’un traumatisme qui peuvent être des flash-backs, des terreurs nocturnes, des altérations de la qualité de vie ou des troubles du sommeil.
Les personnes qui ont une mauvaise qualité de sommeil sont plus vulnérables aux symptômes dissociatifs. Ceci s’explique par la présence de souvenirs traumatiques qui viennent altérer la qualité du sommeil de la personne.
Chez l’enfant, le trouble dissociatif de l’identité peut être présent sous une forme plus cachée. La dissociation peut se reconnaître à travers des problèmes de mémoire, de concentration, d’attachement ou encore à travers des jeux avec des thématiques traumatiques.
Les symptômes moins connus du trouble dissociatif de l'identité
D’autres traumatismes tels que la perte précoce d’un parent de façon violente ou la vision d'une scène de violence (scène de guerre…) peuvent également faire naître un trouble de la personnalité.
Des signes, moins connus, sont susceptibles d’être révélateurs d’un trouble dissociatif de l’identité :
- Les changements physiques inexpliqués
- Les perturbations de la perception du temps
- Les expériences de sorties hors du corps
- Les troubles alimentaires
- Les phobies et les peurs irrationnelles
Les changements physiques inexpliqués
Le premier symptôme moins connu du trouble dissociatif de l’identité concerne les changements physiques inexpliqués de la personne touchée par ce trouble.
Exemple : lorsque l’un de vos alters prend l’ascendant sur les autres, il est possible de constater des changements tels qu’une voix plus grave ou plus aiguë ou encore que vous êtes plus sûr de vous.
En outre, vous pouvez passer d’une personne anxieuse, timide et réservée à une personne qui s’affirme et qui a confiance en elle.
Les personnes de votre entourage peuvent s’en apercevoir et vous poser des questions telles que : “Ta voix a l’air plus grave.” ou “Tu es plus sûr de toi que tout à l’heure.”
Les perturbations de la perception du temps
Les perturbations de la perception du temps peuvent également être révélatrices d’un trouble dissociatif de l’identité. Si vous êtes touché par ce trouble, vous allez ressentir une perte de repères.
Cette altération du temps s’explique par les flash-backs que la personne a et qui sont associés au traumatisme qu’elle a vécu. Ce moment d’aparté l’isole du moment présent pour la renvoyer dans le passé.
La perception biaisée du temps interfère également dans les souvenirs puisque la personne ne parvient plus à les classer temporellement.
L’état dissociatif se reconnaît donc à travers la distorsion du temps.
Les expériences de sorties hors du corps
Ensuite, on remarque qu’une personne touchée par l’état dissociatif peut vivre des expériences “hors du corps”. Cela correspond au sentiment d’être détaché de son corps.
Vous pouvez avoir l’impression d’être absent, ailleurs ou même déconnecté. Vous ressentez des difficultés à être présent dans l’instant.
Votre entourage remarque votre attitude et peut avoir tendance à vous dire que vous êtes dans la lune ou perdu dans vos pensées.
Les impacts de vos expériences hors de votre corps sont nombreux :
- Perte d’énergie vitale
- Manque d’ancrage dans l’instant présent
- Difficultés à accéder à vos émotions
- Fragmentation de personnalités multiples
Les troubles alimentaires
Une personne atteinte d’un trouble identitaire peut ressentir la présence de plusieurs maladies chroniques. On parle alors de comorbidités. Dans ce cas précis, vous pouvez être sujet à plusieurs troubles alimentaires. En effet, chaque alter peut avoir son propre trouble.
La nourriture est signe de bonne santé et elle peut participer au bien-être des individus. En fonction de vos personnalités, vous pouvez ainsi avoir envie de manger davantage afin de compenser avec, par exemple, un comportement triste, voire dépressif.
À l’inverse, vous pouvez avoir une personnalité qui fait attention aux aliments qu’elle ingurgite (on parlera alors d'orthorexie). Vos comportements alimentaires peuvent ainsi être changeants en fonction de l’alter qui est présent à l’instant T.
L’acte de se nourrir est alors perturbé par des pensées provenant de vos alters : “Ne mange pas trop, les hommes/femmes ne vont plus s’intéresser à toi.”, “Continue de manger ce chocolat, tu vas retrouver le moral.”
Les phobies et les peurs irrationnelles
Le dernier symptôme que nous évoquerons, dans cet article, concerne les phobies et les peurs irrationnelles ressenties par une personne qui souffre du trouble dissociatif de l’identité.
Pour bien comprendre ce signe peu connu, il est essentiel de dissocier chaque identité.
“Chaque identité peut développer ses propres phobies.”
Parmi les plus fréquentes, on retrouve principalement :
- La phobie sociale
- L’agoraphobie
- La phobie d’impulsion avec la peur de se faire du mal, mais aussi de faire du mal à autrui
- La phobie d’intériorité, qui correspond à la peur de se voir et de se découvrir avec son trouble de la personnalité.
Pour prendre conscience de vos peurs irrationnelles, il est nécessaire de dissocier vos identités. Cette étape peut être terrifiante, car révéler vos différentes identités vous confronte au traumatisme que vous avez vécu. Adèle précise :
“Le travail du thérapeute consiste à instaurer la sécurité entre les différents alters pour diminuer les phobies de chacun.”
À retenir
Le trouble dissociatif de l’identité est encore aujourd’hui difficile à diagnostiquer, car ces symptômes peuvent se confondre avec d’autres troubles psychologiques. Toutefois certains comportements courants peuvent vous aider à l’identifier :
- Des troubles de la mémoire,
- Des expériences de dépersonnalisation,
- Des troubles émotionnels et comportementaux,
- Des hallucinations et des illusions,
- Des problèmes de sommeil et de concentration.
D’autres attitudes moins connues peuvent également favoriser le diagnostic :
- Des changements physiques,
- Des perturbations de la perception du temps,
- Des expériences de sorties hors du corps,
- Des troubles alimentaires,
- Des phobies et des peurs irrationnelles.
Sources
- Interview d'Adèle Hédou, psychologue clinicienne à La Clinique E-Santé
- Faustine Bollaert, “Troubles dissociatifs de l’identité : comment vivre avec plusieurs personnalités en soi ?”, ça commence aujourd’hui, 2022
- Marion Fareng, Arnaud Plagnol, “Dissociation et syndromes traumatiques : apports actuels de l’hypnose”, Cairn, 2014