Ai-je besoin d'un psychologue ?
Vous avez l’impression de subir certains de vos traits de caractère, et soupçonnez un trouble de la personnalité ? Avez-vous besoin d’être accompagné ?
Définition : qu’est-ce que le trouble de personnalité antisociale ?
Le trouble de la personnalité antisociale (TPA), également appelé trouble de la personnalité sociopathique ou psychopathique, désigne un mode de comportement et des attitudes contradictoires d’un individu envers la société, dans un sens large.
Ses actions au quotidien sont marquées par une forte impulsivité, un mépris envers l’autre et un refus de s’adapter aux codes sociaux et culturels, ici perçus comme des contraintes.
Ce trouble, diagnostiqué pour 3 % de la population masculine et 1 % de la population féminine fait partie des 10 troubles de la personnalité recensés par le Manuel Diagnostique et statistique des troubles mentaux DSM-5, catégorisés comme suivant :
- Les troubles du groupe A, à tendance excentrique : la personnalité paranoïaque, schizoïde et schizotypique.
- Les troubles du groupe B, à tendance impulsive : la personnalité borderline, histrionique, narcissique et antisociale.
- Les troubles du groupe C, à tendance anxieuse : la personnalité dépendante, évitante et obsessionnelle compulsive.
Un individu atteint d’un trouble de la personnalité antisociale éprouve des difficultés à se conformer aux normes sociales et à respecter les lois. Il peut également user sans remords de techniques de manipulation et de mensonges pour arriver à ses fins.
Diagnostiqué à l’âge adulte, on observe généralement 3 signes précurseurs (connus sous le nom de Triade MacDonald) chez un individu antisocial pendant son enfance :
- La cruauté envers les animaux
- L’énurésie chez l’enfant de plus de 5 ans
- La pyromanie
Il est toutefois important de noter que ces signes n’induisent pas forcément le risque de développement d’un trouble sociopathe, mais en sont des indices populaires et indicatifs.
Bon à savoir
Quelles sont les causes de ce trouble ?
Il existe plusieurs facteurs génétiques, biologiques et environnementaux susceptibles de contribuer au développement de l'anti-sociabilité :
Les facteurs génétiques : la présence d’antécédents familiaux de personnalité psychopathique augmenterait la probabilité au développement du trouble.
Les facteurs biologiques : un déséquilibre entre l’inhibition comportementale et le système de récompense pourrait être à l’origine de ce type de comportement.
Les facteurs environnementaux : de la maltraitance infantile, une exposition récurrente à la violence pendant l’enfance, une séparation précoce avec la mère ou un alcoolisme marqué chez le père pourraient expliquer la construction de cette personnalité.
Les critères du diagnostic du trouble de la personnalité antisociale
Le diagnostic d’un trouble de la personnalité est établi sur la base des critères définis par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Pour qu’un individu soit considéré comme atteint d’un trouble de la personnalité antisociale, il doit répondre à au moins 3 de ces conditions, et être âgé de plus de 18 ans :
- Des comportements irresponsables et impulsifs
- Une violation des droits d’autrui
- Une impulsivité et une agressivité
- Un manque de remords ou de culpabilité
- De la tromperie et manipulation
- Un manque d’empathie
Des comportements irresponsables et impulsifs
Les comportements irresponsables et l’impulsivité font partie des critères diagnostiques principaux du trouble de la personnalité antisociale. L’individu qui en est atteint dispose d’une très faible (voire nulle) maîtrise de soi, et agit sans avoir un regard sur les potentielles conséquences de ses actes.
Il apparaît aux yeux des autres comme un individu totalement irresponsable et non digne de confiance, puisqu’on lui associe des comportements imprévisibles et dangereux : la tendance à quitter un emploi du jour au lendemain sans plan d’action, une propension particulière aux violences conjugales, l’initiative de diverses altercations physiques, une conduite au volant imprudente, du vandalisme, etc.
Une violation des droits d’autrui
La violation des droits d’autrui est caractéristique d’un comportement antisocial, puisqu’elle est induite par ce constant mépris de la loi et des autres.
L’individu, ici, considère que chaque chose lui est dûe. Il n’hésite pas à transgresser les droits des autres individus, les lois et les règlements mis en place dans son écosystème pour passer devant tout le monde. On observe ce comportement au travers de nombreux actes de désobéissance et de manque de respect : harcèlement au travail ou scolaire, tentatives d’escroqueries, vol à l’étalage, divulgation d’informations privées, etc.
Une impulsivité et une agressivité
L’impulsivité et l'agressivité sont des traits de caractère communs aux personnes antisociales. Un individu qui en souffre éprouve au quotidien de réelles difficultés à maîtriser ses émotions et se laisse facilement emporter par les émotions négatives qui le traversent.
En société, cet individu a tendance à réagir de manière excessive ou inappropriée face à une situation donnée : il a de forts accès de colère (parfois sans raison apparente), use d’une certaine violence verbale, prend des décisions sur un coup de tête, etc. Très souvent, l'agressivité est injustifiée et nuit considérablement aux relations sociales.
Un manque de remords ou de culpabilité
L’antisocial éprouve difficilement des remords quant à ses agissements. Puisqu’il a développé un raisonnement désaxé, en contradiction avec les normes sociales et culturelles auxquelles il appartient, il ne ressentira ni remords, ni culpabilité après avoir blessé autrui.
Généralement très sûr de lui, il montre une totale indifférence lorsque ses actes et / ou paroles provoquent des conflits. Il a plutôt tendance à minimiser et rationaliser l’impact de son comportement sur autrui, parfois en rejetant la faute sur l’autre. Cette absence de culpabilité explique, en partie, ses comportements criminels et délinquants à répétition.
De la tromperie et manipulation
Séduction, ruses, gaslighting, mensonges, tromperie, chantage dissimulé et techniques de manipulation… L’antisocial use des mêmes techniques que le pervers narcissique pour manipuler sa victime et parvenir à ses fins.
Afin de gagner la confiance des autres pour les utiliser à sa guise, un individu atteint d’un trouble de la personnalité antisociale n'éprouve aucun scrupule à tromper éhontément pour séduire et manipuler. À travers son prisme, les relations sociales sont vues comme des moyens pour atteindre ses objectifs plutôt que comme des expériences candides et enrichissantes.
Un manque d’empathie
Le manque d’empathie est extrêmement marqué chez l’individu avec un trouble de la personnalité antisociale. Dans la majorité des cas, il souffre d’un déficit de réponse émotionnelle, c’est-a-dire qu’il ne détient qu’une capacité limitée à ressentir pleinement ses propres émotions et celles des autres. Il ressent alors une réelle indifférence face aux sentiments d’autrui, ce qui déclenche souvent des réponses inappropriées : arrogance, conflits professionnels, etc.
Cette superficialité des émotions peut également être le reflet d’un trauma de l’enfance. Puisque les facteurs de risque au développement de ce trouble sont aussi environnementaux, la relation parent-enfant, et notamment la présence de blessures émotionnelles (rejet, humiliation, abandon, trahison et injustice) accentue cet effet.
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Les symptômes comportementaux
Le comportement d’un individu antisocial est bien spécifique. Au quotidien, les signes caractéristiques du trouble s’observent à travers 5 traits bien particuliers :
- L’absence de respect des lois et des règles sociales
- Les comportements impulsifs et dangereux
- Les mensonges et la manipulation
- L’irresponsabilité et le manque de fiabilité
- Les conflits avec la loi
L’absence de respect des lois et des règles sociales
Un individu avec un trouble de la personnalité antisociale outrepasse fréquemment les lois, parce qu'il considère ne pas appartenir aux normes de la société dans laquelle il évolue, mais aussi pour en tirer profit personnellement. Cette violation des lois peut prendre diverses formes : refus du paiement du loyer, vol des biens d’autrui, harcèlement moral ou violences physiques à répétition, etc.
L’incapacité à se conformer aux normes et aux règles sociales s’immisce jusque dans l’intimité. Un individu atteint de ce trouble est capable de faire preuve d’intimidation, de fortes injustices et d’humiliations envers son entourage : aucun code social n’est alors respecté.
Les comportements impulsifs et dangereux
Puisque la reconnaissance des symptômes liés à l’antisociabilité est aussi comportementale, les comportements impulsifs et dangereux en sont de bons indicateurs. Un individu atteint de ce trouble adopte un comportement qui pourrait mettre sa vie, et celle des autres, en danger.
Accès de colère, attitude violente, prises de décisions téméraires et impulsives… On observe souvent des antécédents de conduites délictuelles voire criminelles chez ce type de personne qui prend des risques excessifs sans se soucier des conséquences. Cette attitude est largement provocatrice de dommages physiques et émotionnels, pour l’individu lui-même, mais aussi pour ses proches.
Les mensonges et la manipulation
L’antisociabilité est révélatrice d’une personnalité toxique : comme c’est le cas pour le syndrome d’hubris (véritable pathologie liée à une quête obsessionnelle du pouvoir), tous les coups sont permis pour s’imposer et asseoir sa supériorité face aux autres, toujours marqués par ce manque de remords et de culpabilité.
Afin d’obtenir un avantage, d’éviter de porter la responsabilité d’une erreur ou tout simplement pour accomplir un objectif, un individu souffrant d’un trouble de la personnalité antisociale est capable de mentir compulsivement et d’utiliser des techniques de manipulation insidieuses comme le chantage émotionnel, provoquer une dépendance affective ou faire preuve d’hypocrisie envers son entourage.
L’irresponsabilité et le manque de fiabilité
Un individu qui souffre de ce trouble fait preuve d’irresponsabilité dans toutes les sphères de la vie. Il est capable, au quotidien, de :
- Ne pas tenir ses comptes, dépenser sans compter et se mettre en danger financier
- Ne pas respecter ses engagements vis-à-vis de ses missions professionnelles
- Abuser de substances nocives et dangereuses pour la santé (cannabis, alcool, etc)
- Ne pas respecter les demandes et besoins de ses proches, ses enfants, son partenaire
Il est marqué par un caractère égocentrique, donc ressent la nécessité de satisfaire à 100 % ses propres besoins avant de penser aux autres, y compris à son entourage proche qui peut se sentir constamment lésé et en souffrir.
Les conflits avec la loi
Il n’est pas rare qu’un individu atteint du trouble antisocial transgresse la loi sans aucun remords. Puisqu’il n’estime pas faire partie d’un écosystème dans lequel certaines normes et lois sont à respecter, il n’hésite pas à commettre des actes immoraux et illégaux : actes de violence, infractions judiciaires, etc.
Cette absence de respect des lois s’explique par le total manque d’empathie pour autrui et une vision de soi-même omnipotente. Enfreindre la loi devient alors une norme, et chaque acte répréhensible ou qui pourrait causer du tort est rapidement balayé du revers de la main.
À la suite de conflits avec la loi et de jugements (menant parfois jusqu’à l’incarcération), l’individu n’exprime jamais une once de culpabilité. Ce trait de caractère pourrait expliquer, en partie, le nombre important de personnes incarcérées atteintes du trouble de la personnalité antisociale.
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Bon à savoir
Bon à savoir
Peut-on souffrir de plusieurs troubles de la personnalité ?
Les troubles de la personnalité sont catégorisés selon 3 groupes :
- Cluster A : Les personnalités à tendance excentrique
- Cluster B : Les personnalités à tendance impulsive
- Cluster C : Les personnalités à tendance anxieuse
Lorsque l’on diagnostique certains individus, il est effectivement possible de repérer certains critères révélateurs de plusieurs troubles de la personnalité, tous groupes confondus. Par exemple, une personne atteinte du trouble de la personnalité borderline pourrait également souffrir d’anxiété ou d’une impulsivité handicapante.
D’autres pathologies, comme le TDAH ou la dépression peuvent également être facteurs de risque, troubles concomitants, ou conséquences d’un trouble de la personnalité.
Les symptômes émotionnels
Au-delà des signes comportementaux associés à la personnalité antisociale, on observe certains traits émotionnels communs aux individus qui souffrent de ce trouble :
- Le manque de recul moral
- L’absence de compassion
- La superficialité des émotions
- La recherche de sensations fortes
Le manque de recul moral
L’absence d'un réel recul sur les situations et / ou de culpabilité est l’un des symptômes émotionnels clé du trouble de la personnalité antisociale. Un individu atteint de ce trouble a une conscience extrêmement limitée de la façon dont son comportement affecte les autres.
Son manque d’empathie l’empêche de ressentir de la compassion et de la sympathie pour autrui. Il est donc plus enclin à manipuler, trahir et tromper son entourage sans forcément prendre conscience de la gravité de ses actes. Développer des relations de confiance est difficile, puisque les autres ont tendance à garder leurs distances en raison d’une méfiance envers une personne atteinte du trouble de la personnalité antisociale.
L’absence de compassion
Le manque de compassion est également un signe émotionnel majeur du trouble de la personnalité antisociale. Un individu qui en est atteint peine à ressentir ses propres émotions, et a donc d'autant plus de difficultés à identifier celles des autres.
Il n’est donc pas capable de se mettre émotionnellement à la place de l’autre pour le comprendre, et n’a pas la possibilité d’offrir une réponse ou un soutien approprié dans les situations qui le demandent : aider un proche à surmonter un deuil, soutenir un ami dans sa dépression, être un appui de confiance lors d’une rupture amoureuse d’une personne de l’entourage, etc.
La réaction émotionnelle de ce type d’individu paraît invariablement froide et détachée, ce qui l’empêche également de construire de nouvelles relations solides.
La superficialité des émotions
Le manque de profondeur émotionnelle est un trait commun aux individus qui souffrent de ce trouble. Cette difficulté à ressentir et identifier ses émotions et celles des autres est appelée alexithymie. Bien que ce dernier soit généralement soigné par une thérapie, notamment par la thérapie cognitivo-comportementale, la psychoéducation ou l’hypnose, lorsqu’elle concerne un individu atteint d’un trouble de la personnalité, le traitement est plus difficile.
Celui-ci a une propension à utiliser les émotions à des fins manipulatoires, il n’a donc, pour lui, aucun intérêt à essayer de soigner ce déficit émotionnel. Même s'il paraît superficiel, insensible et peu fiable aux yeux des autres, il n’a pas cette volonté de rechercher les ressources disponibles, que ce soit par la thérapie ou la médication, afin de s’en libérer.
La recherche de sensations fortes
Le trouble de la personnalité antisociale pousse à la recherche constante d’expériences nouvelles et stimulantes pour satisfaire un besoin d’excitation. Cette recherche de sensations fortes peut prendre la forme de comportements impulsifs et dangereux tels que la consommation excessive de drogue ou d’alcool (qui conduit souvent à une réelle addiction), conduire en négligeant les limitations de vitesse, ou encore adopter des comportements sexuels risqués.
Un individu atteint de ce trouble a tendance à être insensible aux risques associés à ces comportements. Cela le pousse à les reproduire sans cesse, tout en ignorant les conséquences potentiellement graves pour lui-même ou son entourage.
A retenir
Le trouble de la personnalité antisociale fait référence à un comportement considéré comme rigide et inapproprié en société. Un individu qui en est touché éprouve des difficultés à se conformer aux normes sociales, à respecter les lois et à éprouver de l’empathie envers autrui.
Son diagnostic est effectué après 18 ans et sa prévalence est de 3 % chez les hommes et 1 % chez les femmes, dans l’ensemble de la population. Certains signes permettent de repérer, pendant l’enfance, une tendance au développement de ce trouble : cruauté animale, pyromanie et énurésie.
Même s’il est difficile à traiter (puisque les personnes qui en sont atteintes refusent généralement une prise en charge), c’est un trouble qui se soigne à l’aide de médicaments pour stabiliser l’humeur et d’une thérapie comportementale, le plus souvent.
Sources
Jérôme Palazzolo, “La personnalité antisociale”, Cerveau & Psycho, 2010
Jean-Pierre Rolland, “Les personnalités “difficiles””, Cerveau & Psycho, 2013
Jérôme Englebert et Christophe Adam, “La “personnalité antisociale””, antithèse de la psychopathologie, 2017