Quel est mon niveau de confiance en moi ?
Vous éprouvez des difficultés à accepter votre corps tel qu'il est ? Votre confiance en vous pâtit de cet auto-jugement ?
Pourquoi s’aimer physiquement est parfois compliqué ?
Comme nous l’explique Rémi Kubiak, psychologue clinicien à La Clinique E-Santé, l'appréhension de son propre corps commence généralement durant les premières années de la vie. Les messages venant des parents et des camarades à l'école, participent à la création d'une image de soi basée sur les commentaires qui sont faits à leur sujet.
Un environnement qui néglige l'impact des mots peut causer des dommages majeurs, même si l'intention initiale ne vise pas à blesser. À titre d’exemple, les actions des parents de comparer leurs enfants entre eux peuvent laisser des marques profondes : « Je ne suis pas aussi intelligent que… », « Je suis laid » etc.
Pour un enfant, il est presque impossible de prendre du recul. Tous les messages venant de l'extérieur, surtout ceux des personnes supposées le protéger et l'éduquer, sont intériorisés.
Bien entendu, tout ne repose pas que sur les relations parentales. L'école est souvent un lieu où tout est dit sans filtre et tout le monde peut être sujet à des critiques : trop petit, trop grand, trop mince, trop gros… Si ces messages sont cohérents avec ceux reçus à la maison, alors il n'y a pas de bouclier de protection et l'enfant finit par se définir en fonction de ce que lui renvoie l’extérieur.
Selon Rémi Kubiak, psychologue clinicien au sein de La Clinique E-Santé, la perception de soi se définit par le processus mental suivant :
- Les perceptions : les 5 sens reçoivent les informations extérieures
- Les représentations : le cerveau traite et parfois transforme ces perceptions
- Les sentiments : l’affect lié à cette transformation
- Les attitudes : la façon de dissimuler laperception du corps
Prenons l’exemple d’une personne qui se trouve trop petite (perception). Elle va penser que sa taille est différente de la norme (représentation). Elle éprouve des difficultés à accepter son corps (sentiments). Elle va dissimuler cette perception en portant des talons pour paraître plus grande (attitude).
Le saviez-vous ?
D’après une étude réalisée par l’Ifop, en 2023, près d’un français sur deux reconnaît ne pas aimer son corps.
Ce résultat est d’autant plus marquant chez les femmes, car 60 % d’entre elles affirment ne pas aimer leur corps.
Quels sont les impacts d’une relation négative avec son corps ?
La relation que chacun entretient avec son corps a un effet considérable sur l’auto-acceptation de soi et peut influencer divers aspects de la vie quotidienne. Rémi Kubiak, psychologue clinicien, cite 3 impacts majeurs :
- L’altération de l’estime de soi et de la confiance en soi
- La difficulté d’accepter son corps
- L’influence sur la vie sexuelle
Tout d’abord, la dégradation de l’estime de soi et de la confiance personnelle représentent le premier impact d’une relation négative avec son corps. La manière dont une personne perçoit son corps peut affecter la façon dont elle aborde ou refuse certaines activités. À titre d’exemple, une personne qui se sent en surpoids peut ne pas se sentir légitime de pouvoir réussir une activité sportive, parce qu'elle pense que le sport est réservé aux personnes "minces". Elle peut également associer l'apparence de son corps à ses capacités physiques.
Ensuite, le second impact concerne la difficulté d’accepter son corps, car la personne a une image négative de celui-ci. Si son corps lui déplaît, elle peut chercher à le punir. Cette punition peut se traduire par des comportements auto destructeurs tels que des troubles de l'alimentation, une addiction au sport, etc. La personne peut également avoir des actes plus anodins comme la malnutrition, la négligence de l'hygiène personnelle, le refus de soins, etc.
Enfin, l’impact sur la vie sexuelle est également notable. Le rapport qu’entretient une personne à son corps est particulièrement mis à l'épreuve dans la sphère de la sexualité. Une personne qui a une perception négative de son corps peut s'empêcher de vivre certaines expériences. Elle peut chercher à se cacher du regard de l'autre, en supposant que celui-ci porte le même regard critique sur son corps : "Si je me perçois comme moche, alors l'autre doit certainement me trouver moche". Plus la perception de son corps est négative, plus l'impact est généralement grand, pouvant aller jusqu'à l'arrêt total de toute activité sexuelle.
Comment accepter et aimer son corps ?
L'acceptation de son corps et l'amour de soi peuvent parfois s'apparenter à un parcours complexe et ardu notamment lorsque des idéaux corporels sont constamment véhiculés à travers les médias et la société (silhouette mince, taille de la personne, musculature athlétique...). Quelles sont les démarches à suivre pour apprendre à accepter et à aimer son corps, en dépit de toutes les pressions extérieures et les normes sociales imposées ? Découvrez 4 clés, proposées par Rémi Kubiak, psychologue clinicien, pour parvenir à développer une relation positive avec son corps :
- Clé n°1 : se reconnecter à soi
- Clé n°2 : déconstruire les idéaux
- Clé n°3 : en finir avec les interdictions
- Clé n°4 : avoir un soutien psychologique
Clé n°1 : Se reconnecter à soi
La relation entretenue avec son corps est souvent influencée de manière significative par l'importance accordée à son aspect esthétique. Cependant, il convient de ne pas oublier que le corps n'est pas simplement une enveloppe extérieure : il est un moteur essentiel qui permet d'expérimenter la vie quotidienne : se lever le matin, se préparer un repas, se consacrer à des loisirs…
L'une des clés pour développer une vision plus positive de son corps est de reconnaître consciemment tout ce qu'il permet de réaliser au quotidien, sans avoir besoin d'y apporter le moindre changement.
Il est important de se concentrer sur les activités quotidiennes, tout en adressant un message de reconnaissance à son corps. Cela peut contribuer à améliorer le bien-être corporel.
Afin de renforcer cette connexion avec son corps, il est important d'introduire des activités qui cultivent le bien-être émotionnel, telles que des séances de spa, des exercices physiques ou des stimulations sensorielles qui procurent du plaisir.
Le saviez-vous ?
Le mouvement Body Positive met en avant l'acceptation des corps indépendamment de leur taille, leur forme ou encore leur âge. Il encourage l'appréciation de son propre corps tout en militant contre les discriminations et les stéréotypes corporels présents dans la société.
Ce mouvement a vu le jour dans les années 1960 aux États-Unis et les réseaux sociaux ont permis son essor ces dernières années.
Clé n°2 : Déconstruire les idéaux
La deuxième clé pour apprendre à accepter son corps est de déconstruire les idéaux que l’on reçoit au quotidien via les réseaux sociaux, la télévision ou encore les publicités. La perception que l'on a de son propre corps est souvent influencée par les représentations sociales qui lui sont associées, rendant parfois nécessaire une déconstruction de celles-ci.
Il est important de se rappeler que les images que l'on voit dans les publicités ne représentent pas la réalité : elles sont retouchées et le résultat est bien souvent différent de la version originale.
Cette prise de conscience peut contribuer à apaiser certains sentiments de honte ou de culpabilité. C'est une étape essentielle dans la construction d'une relation positive avec soi.
Un moyen efficace pour commencer à déconstruire ces idéaux de beauté consiste à diversifier les représentations corporelles auxquelles on se confronte quotidiennement. Cela peut inclure le suivi de profils sur les réseaux sociaux qui promeuvent le mouvement Body Positive, par exemple.
Il peut également être utile de pratiquer une forme de méditation ou de réflexion qui encourage l'acceptation de soi et permet de cultiver la gratitude envers son propre corps.
Clé n°3 : En finir avec les interdictions
L'un des moyens pour développer une image corporelle positive consiste à s'accorder le droit de faire ce que l’on aime, même si l’on se sent inapte ou illégitime.
Il est essentiel également de se permettre de manger par plaisir, en restant conscient de ce que vous consommez. Cela ne signifie pas manger tout et n'importe quoi, mais redonner de la valeur au goût en préparant soi-même ses repas, sans se sentir coupable.
De plus, il est important de se donner le droit de porter des vêtements que l'on aime réellement, plutôt que ceux qui visent à dissimuler notre corps. En réintroduisant du plaisir dans la façon de se vêtir, l'image que l'on a de notre propre corps peut évoluer positivement. L'expérimentation de différents styles, couleurs et formes peut aider dans ce processus.
Une approche positive transforme un cercle vicieux en cycle vertueux : plus une personne se permet de vivre des expériences positives en relation avec son corps, plus elle peut modifier le regard qu'elle porte sur celui-ci de façon favorable. Cette perspective encourage le respect de soi et développe une relation saine avec son propre corps.
Clé n°4 : Avoir un soutien psychologique
Selon Rémi Kubiak, psychologue clinicien au sein de La Clinique E-Santé :
“En plus de l’accompagnement qui peut être nécessaire dans les clés et les techniques proposées, la thérapie permet de sortir des croyances limitantes qui ont façonné le rapport au corps, mais aussi des injonctions associées (toutes les interdictions qu’on a assimilées) qui ont pu parsemer la vie d’une personne.”
Que ce soit à travers une thérapie cognitivo-comportementale, une introspection de type analytique ou une approche systémique, le suivi psychologique peut faciliter la construction d’une nouvelle image corporelle positive et permettre de se libérer des facteurs environnementaux qui ont contribué à sa déformation. Ce processus soutient la santé mentale et physique.
Le simple fait de se présenter dans un environnement bienveillant et non-jugeant peut déjà aider la personne à se sentir acceptée telle qu'elle est. Opter pour une thérapie permet de changer graduellement la perception de soi en se confrontant à l'image réelle que l'on renvoie. Cela favorise la valorisation de soi et aide à cultiver la gratitude envers son corps.
A retenir
Accepter son corps est un parcours qui demande du temps. Cela implique de déconstruire des croyances limitantes, de se reconnecter à soi, de se donner la permission de vivre pleinement et de chercher le soutien nécessaire.
Améliorer son image de soi n'est pas un processus qui se fait du jour au lendemain, mais chaque petite étape compte. Dans cet article, Rémi Kubiak, psychologue clinicien à La Clinique E-Santé, vous a donné de précieux conseils pour développer une relation positive avec son corps et parvenir à une meilleure acceptation de soi. Souvenez-vous, votre corps mérite votre amour et votre respect, chaque jour.
Sources
Rémi Kubiak, psychologue clinicien à La Clinique E-Santé
“À l’arrivée de l’été, un Français sur deux déclare ne pas aimer son corps”, DNA, 2023